Pour l’élection présidentielle, 33 candidats pour un seul fauteuil, et 8 000 à la députation, pour seulement 500 sièges. Depuis, dépouillement des bulletins et décompte des voix dans les centres de vote se poursuivent. Et si « le bogue électoral n’a pas eu lieu », comme nous l’écrivions dans notre édition du mardi 1er août dernier, l’attente des résultats du scrutin du 30 juillet se passe dans un climat de désordre.

En effet, on observe sur le terrain des gens qui s’adonnent à cœur joie à un jeu qui consiste à collecter des résultats auprès de médias, à les reproduire et à les diffuser. Et ce sont les propriétaires de photocopieuses qui doivent se frotter les mains. A ce qu’on sache, aucun résultat ne doit venir d’ailleurs que des 62 centres chargés de réceptionner les bulletins des 50 000 bureaux de vote.

C’est en principe le 20 août prochain que la Commission électorale indépendante (CEI) doit donner les résultats de l’ensemble des bureaux de vote. Mais déjà celle-ci a diffusé des résultats partiels de 7 des 62 centres, ce qui représenterait 5% du dépouillement. Selon donc ces résultats, le candidat sortant, Joseph Kabila viendrait en tête avec 72,7 % des voix. Il devancerait ainsi Jean Pierre Bemba qui en récolterait, quant à lui, 9,4 %. Dès lors on assiste à une situation qui annonce des jours tendus.

Si l’on ne prend garde, ce cafouillage auquel se livrent les collecteurs de résultats risque de compromettre la suite des élections. Déjà, la communauté internationale s’inquiète de la spéculation qu’on fait sur l’annonce de ces résultats partiels. Toute chose qui ouvre la voie à du tripatouillage électoral. Et bonjour la contestation des résultats avec toutes les conséquences que cela peut entraîner.

Le tout n’est donc pas que l’élection se soit bien déroulée. Il faut aussi pouvoir gérer l’après vote, c’est-à-dire le dépouillement et le décompte des voix. C’est précisément cette ultime étape du processus électoral que la République démocratique du Congo doit réussir, pour espérer retrouver la paix, se rendre crédible aux yeux du monde et surtout des bailleurs de fonds. Sinon, on aurait mobilisé beaucoup de moyens pour rien.

Pour une fois que l’occasion est donnée au peuple congolais de rompre définitivement avec la violence et se tourner résolument vers le développement, il ne faudrait donc pas rater le coche. Les partisans de Joseph Kabila se prennent à rêver déjà d’une possible victoire de leur candidat au premier tour, tandis que le camp de Jean Pierre Bemba pense à un second tour qui se tiendrait en octobre, si bien sûr, aucun des prétendants à la magistrature suprême ne parvient à obtenir au moins 50% des voix au premier tour.

Que le jeu se fasse au premier tour ou pas, la prudence dans le traitement des voix doit être de mise. En tout cas, le jeu dangereux des résultats parcellaires auquel on assiste en RD Congo fait craindre des tensions, somme toute prévisibles. Ce serait dommage que ce pays ne puisse pas se ressaisir et redécoller.

Agnan Kayorgo

Observateur Paalga