LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Qui est donc Racine YAMEOGO ?

Publié le jeudi 27 juillet 2006 à 08h43min

PARTAGER :                          

Qui est donc ce Racine YAMEOGO, l’homme qui a tenu toute la République, cinq années durant, en haleine ? Une question que peu de personnes se posent et qui est pourtant de la plus haute importance d’autant que dans cette affaire, et en ce qui le concerne, pendant tout ce temps c’était sa parole contre celles des autres. Qui est donc Racine YAMEOGO et par ricochet avait-on raison d’accorder tant de crédit à ses déclarations et contre-déclarations ?

Sergent-chef de la Base Aérienne ou plus exactement ancien sergent-chef de l’Armée de l’air, Racine YAMEOGO était en fonction à l’ASECNA, précisément à la Tour de Contrôle de l’aéroport de Ouagadougou. De ce poste haut perché, il avait l’œil sur certaines affaires et s’était trouvé un rôle d’intermédiaire pour arrondir en toute illégalité ses fins de mois. Cette activité secondaire très juteuse avait fini par prendre le pas sur celles pour lesquelles il était en contrat avec l’Etat.

Et ce qui devait arriver arriva : l’engrenage avec ses effets collatéraux : alcool, affaires, etc. En effet, plus d’une fois, il se trouvera dans l’impossibilité d’honorer les engagements pris auprès de nombre de ses partenaires, lesquels se retrouvant ainsi abusés ébruiteront leurs deals en exigeant réparations. La grande muette on le sait, s’accommode très peu de tels comportements ; ce qui la conduira à se défaire du sieur YAMEOGO pour "mauvaise manière de servir", c’est le terme consacré. C’était en 1996-97.

C’est dire que depuis lors l’homme était dans la galère et devait inlassablement recourir à la générosité de ses amis pour joindre les deux bouts, voire assurer l’essentiel. Selon nos informations, Marcel KAFANDO était de ceux-ci et a dû très fréquemment puiser dans ses propres réserves pour répondre aux sollicitations de son ami. C’est ce qu’il a d’ailleurs fait à leur rencontre du 13 décembre 1998 en lui donnant « 10 000F pour le taxi ». Voilà un des visages de Racine YAMEOGO. Certainement qu’on peut être de meilleure moralité.

L’autre visage de l’ex-sergent-chef est qu’il était, par la mère de feu Norbert ZONGO, le neveu de celui-ci. Ceci explique-t-il cela ? Le changement de versions de l’individu est-il lié à cela ? A chacun de se faire sa propre opinion avec ceci que les faits tendent plutôt à accréditer les thèses de la manipulation ou à tout le moins de sa volonté de participer, pensait-il, à aider à retrouver les assassins de son oncle. Tout porte à croire qu’on l’a convaincu de faire tomber l’alibi de son ami en niant avoir été avec lui le 13 décembre 1998.

En effet, expliquer sa version première des faits par la précarité de sa situation professionnelle, son "interpellation" manu-militari par la CEI alors qu’il était aux obsèques de son père et la peur au moment de son audition sont pour le moins curieux. Quand par ailleurs, il affirme avoir aperçu Marcel KAFANDO au quartier Gounghin aux environs de 17 h, sans qu’il ne tente de rentrer en contact avec lui alors même qu’il déclare avoir vainement essayé de le joindre la matinée est fort curieux.

D’autres part, les propos de Jérome ZONGO, frère de Norbert ZONGO, rapportés par notre confrère L’Observateur paalga (édition N°6686 du 21 au 23 juillet 2006) selon lesquels il aurait quelque chose à révéler à propos de Racine YAMEOGO accréditent fortement la thèse qu’il y aurait eu ou qu’il a pu y avoir un arrangement en famille.

Etait-ce dans l’objectif de faire tomber Marcel KAFANDO ? Dans tous les cas avec les états de services qu’il a, on est en droit de douter de la parole de Racine YAMEOGO. Ce ne sont pas tous ceux qu’il a abusés de par le passé qui diront le contraire. Quand on pense que c’est sur ses paroles que reposaient les attentes des uns et des autres on est bien obligé de dire qu’ils devaient trouver mieux !

Par ailleurs, on peut supposer que si Marcel KAFANDO se reprochait quelque chose ou pire si comme le soutenait Racine YAMEOGO, il lui avait demandé d’accréditer son alibi et, comme le soutiennent les contempteurs du pouvoir, si celui-ci était concerné par le drame de Sapouy, ils auraient tout fait pour s’assurer la fidélité de ce témoin pour le moins important. Or rien de tout cela. Le camp d’en face a-t-il lui fait des avances pour obtenir son revirement ? On ne le saura peut-être jamais.

L’Opinion

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique