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Conflit israélo-libanais : Un nouvel avatar du choc des « civilisations »

Publié le mardi 25 juillet 2006 à 07h51min

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Longtemps mise sous le boisseau pour cause de surchauffe dans le Chatt-El-Arab (guerre Iran-Irak), « d’irruption » des talibans au-devant de la scène politique en Afghanistan, des « dérives » de Saddam Hussein et la suite qu’on leur connaît, mais surtout en raison du « nettoyage » opéré par Ariel Sharon en 1982, la guerre au sud Liban a repris avec violence depuis que l’avènement du Hamas au pouvoir en Palestine est devenu une menace pour la survie d’Israël. Le « choc des civilisations » se déplace donc sur son terrain premier.

L’offensive militaire aérienne et bientôt terrestre d’Israël au sud Liban, rentre dans « l’ordre normal des choses » depuis « l’irruption » du Hamas au-devant de la scène politique en Palestine. Bastion du Hezbollah, lequel est le principal soutien financier et militaire, du Hamas, le Liban Sud ne pouvait échapper aux foudres des stratèges politico-militaires de Tel-Aviv. L’enlèvement de deux soldats de Tsahal a donc servi de prétexte à une « croisade », israélienne qui n’est pas la première, pour ne pas dire qu’elle s’inscrit dans le continium historique des guerres qui ont toujours opposé Arabes et Sémites depuis la nuit des temps avec les Occidentaux dans le rôle d’arbitres partiaux.

L’on se souvient de ces guerres victorieuses du roi David contre les Pharisiens rapportées par la Bible, tout comme on a en mémoire ces croisés occidentaux du Moyen-âge, volant au secours de leurs « cousins » défaits par la cohorte des « barbares » incultes et « infidèles ». Des guerres qui avaient toutes pour enjeu Jérusalem, la ville trois fois sainte et dont Juifs et Arabes se disputent la paternité. Jérusalem qui est toujours au cœur du « bouillonnement » observé actuellement au Proche et Moyen-Orient avec ces guerres injustes, tant les moyens mis en œuvre par les protagonistes sont disproportionnés. Si le Hamas ne veut pas reconnaître « l’Etat juif » ce n’est pas tant en raison d’un quelconque « anti-semitisme » que du fait qu’Israël est intransigeant sur la question de Jérusalem-Est.

« Pas question » de céder une portion de cette ville sacrée dont l’honnêteté commande de dire qu’elle n’a été juive que de manière fugace et épisodique, la création de l’Etat hébreu en 1948 étant de fait le départ de cette « judaïté » qu’on veut lui conférer. On ne peut travestir l’histoire que par la force et c’est ce que l’on constate depuis 1948 donc, avec la guerre des six jours en 1967 qui a été le premier grand choc entre Arabes et Juifs (1), puis celle du Kippour en 1973 et enfin la longue guerre civile libanaise (du fait de son « imbrication » dans l’Etat hébreu, le Liban constitue un terrain « naturel » des hostilités) commencée en 1975 et dont l’un des épisodes les plus sanglants sera l’opération « Paix en Galilée » commandée par Ariel Sharon. Il gagnera à l’occasion, son surnom de « boucher de Sabra et Chatila » après le pogrom orchestré dans ces deux villes sur les réfugiés palestiniens, alors que l’armée israélienne les contrôlait. La nouvelle guerre s’inscrit dans cette logique de la force et de la négation de l’autre, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, l’ayant laissé clairement entendre. Pour Egal Palmor en effet, « le Hezbollah est une tumeur qui a gangrené le Liban ». Il faut donc l’y « déloger » et pour ce faire, une offensive terrestre n’est pas à exclure en raison de la « nature » du Hezbollah qui ne « laisse le choix à personne ».

L’Afrique est aussi concernée

Et M. Palmor de demander « un soutien plus accru » des Occidentaux qui doivent se réunir mercredi à Rome sur le conflit, celui des USA et du Canada étant déjà acquis. Les mêmes camps donc qui défendent les mêmes intérêts avec toujours les mêmes victimes. L’histoire balbutie au Proche-Orient où (1) de lère contemporaine l’on demande aux uns et aux autres de « laisser massacrer en paix ».

« Pas de forces d’interposition pour le moment », a déclaré Palmor, sûr d’être du côté des « bons » qui régentent le monde depuis le déclin de l’empire négro-africain égyptien. Ce, avec la complicité des élites, lesquelles, « occidentalisées », tiennent le peuple en respect.

C’est ainsi qu’on observe un silence profond de la plupart des dirigeants arabes qui laissent à la rue le soin de gronder sa colère et préfèrent des négociations dont on sait que rien ne sortira. Taillés et coulés dans le moule occidental, ils sont à l’instar de leurs homologues africains, les instruments de l’aliénation culturelle et donc du mal-développement que nous vivons. Ceux qui tentent d’inculquer une conscience arabe ou noire à leurs peuples sont tués très tôt ou décagnotés. Il devient donc indispensable comme le soulignait le professeur Cheick Anta Diop que « des Africains se penchent sur leur propre histoire et leur civilisation et étudient celles-ci pour mieux se connaître : arriver ainsi par la véritable connaissance de leur passé, à rendre périmées, grotesques et désormais inoffensives ces armes culturelles ». Au lieu de quoi, nous avons compris dans le « modernisme » (?) une assimilation pure et simple.

Certains vont jusqu’à renier toutes les valeurs passées pour mieux devenir des « modernes ». Ils oublient que « qui dit modernisme dit intégration d’éléments nouveaux pour se mettre au niveau des autres peuples. Mais, qui dit intégration d’éléments nouveaux, suppose un milieu intégrant, lequel est la société reposant sur un passé, non pas sur sa partie morte mais sur la partie vivante et forte d’un passé suffisamment étudié pour que tout un peuple puissent s’y reconnaître ».

(Nations nègres et culture, P.16). Et, l’on va plus loin en « désintégrant » nos sociétés, c’est-à-dire, « en amenant l’élite à participer d’une façon criminelle ou innocente à la désintégration de la société, à la pulvérisation de la partie vivante du passé, à laisser périr les valeurs fondamentales (Histoire, langues, etc.) qui constituaient le ciment de la société » (ibidem).

Dans cette occurrence toute lutte manque d’efficacité, en témoigne le cas de l’Afrique depuis quatre décennies qu’elle a entamé sa quête de développement. C’est cette « fatalité » que le Hamas, le Hezbollah, Ben Laden ont refusée et refusent, d’où cette guerre sans fin. Dès lors, le président Compaoré est fondé à parler de « choc des ignorances » si tant est qu’on ne peut sortir de ce cercle vicieux avec la philosophie qui le soutend. Israël peut préparer une nouvelle opération « Paix en Galilée », mais elle n’obtiendra qu’une paix relative, la foi qui anime le camp d’en face étant inébranlable. Qui a dit que les guerres de religions (civilisationnelles) étaient les plus longues ?

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 25 juillet 2006 à 10:52, par Abraham En réponse à : > Conflit israélo-libanais : Un nouvel avatar du choc des « civilisations »

    Très beau texte. Très belle analyse.

    • Le 25 juillet 2006 à 14:47 En réponse à : > Conflit israélo-libanais : Un nouvel avatar du choc des « civilisations »

      David dont l’histoire est bien plus mythique et imaginaire que réelle comme le démontre les archéologues et autres historiologues, ne s’est pas battu contre les Pharisiens mais contre les Philistins, c’est à dire, déjà, les Palestiniens de l’époque, les habitants légitimes de cette partie du
      Moyen-Orient.

      Quoiqu’il en soit, il semblerait bien que nulle « honnête femme », nul « honnête homme », à la condition essentielle d’être suffisamment cultivés sur l’histoire du sionisme et de la naissance « unilatérale » de l’état d’Israël ne peut défendre les gouvernants de droite comme de gauche de ce pays sans constitution qui s’octroie tous les droits et a fortiori leurs pratiques actuels de marionnettes des gouvernants de droite comme de gauche des USA qui ont besoin d’une tête de pont moyen-orientale pour contrôler le pétrole de cette partie du monde aussi ; car ils mènent ouvertement ou cachés d’autres guerres ailleurs pour les même raisons énergétiques, même quand ils ne sont pas issus d’une famille de pétroliers ayant fricoté avec la famille Ben Laden et aidé leurs futurs ennemis comme Saddam ou les Talibans afghans ou encore, paradoxalement le Hamas à une certaine époque pour fragiliser le Fatah d’Arafat.

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