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Départ des maires de Bobo-Dioulasso du CDP : Les conséquences possibles d’une démission

Publié le vendredi 27 janvier 2006 à 08h18min

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Célestin Koussoubé, maire de Bobo

La démission de certains militants du CDP continue de susciter des commentaires à Bobo-Dioulasso au regard de la qualité de certains partants : le maire de la commune de Bobo-Dioulasso, Célestin Koussoubé, le maire de l’arrondissement de Dafra, Souleymane Sanou et celui de Konsa Basile Pitroipa.

La démission qui aura surpris plus d’un est celle de Célestin Koussoubé à cause de la fonction de maire central qu’il occupe. Il était également membre du bureau politique national.

Le départ des autres maires de Bobo-Dioulasso était plus ou moins attendu. Notre analyse portera sur la défection de ces trois personnalités. Peut-on s’attendre à des conséquences au sein du CDP qu’ils ont quitté et également sur les partis qui les accueillent ? Quelles peuvent être les conséquences sur leurs carrières politiques propres ?

Le départ des maires de Bobo-Dioulasso et de certains militants du CDP est intervenuquelques jours après la désignation des candidats aux futures élections municipales de 2006. Pendant la confection des listes de candidature, les noms de Célestin Koussoubé, Souleymane Sanou et de Basile Pitroipa n’ont pas été retenus.

Seul le maire de l’arrondissement de Do, Moustapha Tinto figure sur la liste. Pour des personnalités ayant géré les affaires de la commune et du parti, il est difficilement concevable d’être écartés de la sorte dès les premières heures. C’est justement la manière utilisée pour les éjecter qui les a poussés à rendre le tablier. Si les maires et des militants ont tout à fait raison de dénoncer leur mise à l’écart, leur démission du CDP est-elle opportune ?

La disparition des clans au CDP/Houet

On vient dans un parti politique pour défendre un idéal et lorsqu’on est convaincu de l’idéal qu’on défend, on reste dans ce parti malgré quelques vicissitudes. La démission des maires et de certains militants donne toutefois une autre configuration du paysage politique bobolais. Elle a pour conséquence première l’affaiblissement du CDP dans la province parce que le nombre de démissionnaires n’est pas négligeable, même si le commissaire politique régional Thomas Sanou trouve que ces défections sont un fait banal. La seconde conséquence des départs est la disparition des clans au sein du CDP/Houet. Les militants partis appartiennent au « clan Koussoubé ».

Un autre groupe piloté par l’ancien secrétaire général du CDP/Houet Albert Sanou a aussi abandonné ce parti pour l’UPR. Le clan Alfred Sanou a quant à lui intégré celui de Salia Sanou. Avec ces défections et ces regroupements, le seul clan qui existe maintenant est celui de Salia Sanou, secrétaire général du CDP/Houet. Il règne désormais en maître sur le CDP. Avec cette disparition des clans, on peut affirmer sans se tromper que la bataille pour la conquête de la mairie ne sera plus un combat entre CDPistes, mais plutôt entre le CDP et l’opposition.

Les différentes querelles que nous avons connues jusque là lors des municipales se déroulaient au sein du même CDP. Les données vont probablement changer avec ces démissions. La plupart des ex-militants du CDP débarquent à l’UPR et à l’ADF-RDA avec pour effet le renforcement de ces partis respectifs.

Une nouvelle aventure dans l’opposition

Les trois maires partent à l’ADF-RDA de façon concertée. La mairie centrale et les arrondissements de Dafra et de Konsa reviennent ainsi à l’ADF/RDA jusqu’au renouvellement du conseil municipal. Les maires vont à l’ADF-RDA où ils trouvent des militants qui ont déjà affiché leur ambition.

Le député Stéphane Sanou a déjà donné le ton à Bobo-Dioulasso lors d’une rencontre de ce parti avec le bureau national où il a fait savoir qu’il visait la mairie centrale. A la conférence de presse des maires démissionnaires, un maire adjoint a laissé entendre que leurs ambitions sont de reconquérir les mairies. Avec de tels appétits, il est certain que la bataille de maintien pour les anciens de l’ADF/RDA rendra difficile l’autre bataille pour le positionnement des nouveaux venus.

Les anciens de l’ADF-RDA accepteront-ils de partager facilement leur gâteau avec les nouveaux venus ? Attendons de voir. La démission des maires de Bobo et de certains militants membres du parti au pouvoir démontre peut être une fois de plus que la démocratie se consolide davntage au Burkina Faso. Les nouveaux membres de l’ADF/DRA qu’ils sont devenus, doivent se battre pour se faire une place dans ce parti et surtout mériter la confiance de ceux qui les accueillent parce qu’ils seront méfiants dès les premiers moments.

Les maires commencent une carrière politique en expérimentant une nouvelle aventure dans l’opposition où les moyens financiers font souvent défaut. Ils auront en face d’eux ceux qu’ils ont abandonnés. Les maires démissionnaires doivent travailler pour éviter que ce qui leur est arrivé au CDP ne leur arrive là où ils ont déposé leur valise politique.

Adaman DRABO
Sidwaya

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