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Ariel Sharon dans un état critique : Le dernier combat du guerrier d’Israël

Publié le vendredi 6 janvier 2006 à 04h34min

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Ariel Sharon

Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon est dans un état critique depuis jeudi, après une grave attaque cérébrale. Même si tous les signaux vitaux sont « stables et fonctionnels » à l’heure où nous tracions ces lignes, il semble que le « bulldozer » livre son dernier combat en raison de son âge et de ses nouvelles options politiques.

Retour sur une vie de fureur d’heurts et de malheurs de celui qu’on appelait aussi « le guerrier d’Israël ».

L’homme qui est entre la vie et la mort, a fait une entrée brutale dans la vie politique israélienne et dans l’histoire. Le 14 octobre 1953, l’unité 101 de l’armée Israélienne, commandée par Ariel Sharon attaque Qibya, une localité de Cisjordanie pour venger une Israélienne et ses deux enfants tués dans un village frontalier.

Quarante cinq (45) maisons seront dynamitées avec soixante neuf (69) morts à la clé. Depuis, le parcours politique de ce « général-politicien » (il est à l’initiative de la création du Likoud constitué en septembre 1973 et dont il était le leader jusqu’en novembre dernier) aura été jalonné de hauts faits d’armes ou de massacres, selon que l’on se situe dans le camp de ses admirateurs ou de ses contempteurs. En 1982, il est à la tête de l’opération « Paix en Galilée » déclenchée par Israël en direction de Beyrouth-Ouest, pour y déloger les Palestiniens qui y étaient réfugiés et qui constituaient une « menace » pour l’Etat hébreu.

Après un ultimatum lancé le 18 juillet 1982 enjoignant aux Palestiniens de quitter Beyrouth-Ouest « d’ici à moins d’un mois », Sharon fera donner du canon du 24 au 28 juillet de la même année, avec 247 morts à la clé. Le pire était cependant à venir après l’assassinat de son allié Béchir Gemayel alors Premier ministre Libanais le 15 septembre 1982. Le commandant en chef de l’opération « Paix en Galilée » laissera les phalangistes massacrer des centaines de Palestiniens (certaines sources parlent de milliers de morts) et participera selon certaines sources, personnellement à la boucherie.

Même si la responsabilité directe de Sharon n’a jamais été formellement établie dans cette affaire, elle entachera durablement son image. On est mémoratif que les tribunaux belges en vertu de leur « compétence universelle » avaient demandé son extradition et son jugement, avant de se réviser sous différentes pressions.

Il faut dire que Sharon n’est pas Hissein Habré et qu’Israël avait jugé la demande particulièrement audacieuse et incorrecte pour ne pas dire plus. Mais l’histoire témoignera, tout comme elle fut témoin du fait que Ariel Sharon aura été à la base du déclenchement de la deuxième « Intifada », par sa visite imprompte sur l’esplanade des mosquées en septembre 2000. Alors qu’Ehud Barak s’échinait à trouver un terrain d’entente avec Yasser Arafat et les Palestiniens, Sharon dont la cote de popularité était au zénith était allé provoquer ceux-ci lors d’une prière de vendredi dans le but de se faire élire en janvier 2001 sur la base d’un programme basé sur le tout sécuritaire et le « démarcation physique » avec les Palestiniens. Son « coup » portera ses fruits puisqu’il sera élu triomphalement au poste de Premier ministre le 06 février 2001, puis réélu sans appel, le 28 janvier 2003.

La fin d’une époque

Mais, sa politique basée sur la colonisation des territoires palestiniens, l’élimination ciblée des dirigeants palestiniens et la « bantoustanisation » de la Cisjordanie ne portera pas de fruits face à la capacité de résistance des Palestiniens. Devant l’impasse constatée, Sharon avait quitté son « enfant » le Likoud, pour créer un parti centriste baptisé Kadima (en avant). Cela non sans avoir auparavant procédé au démantèlement de certaines colonies juives de Gaza, ce qui lui avait valu l’animosité des milieux extrémistes juifs.

Malgré tout, il disposait d’une majorité confortable dans les sondages pour les législatives à venir (mars 2006). Il faut dire qu’il n’était pas parti les mains vides du Likoud lui qui a convaincu une quinzaine de députés de ce parti à le rejoindre de même que des tenors du Parti travailliste comme Shimon Perès. En cas de victoire aux élections du 28 mars 2006, il comptait continuer sur sa lancée en « dessinant les frontières d’Israël » de façon unilatérale et sans perspective d’accords de paix.

Cette attaque cérébrale survient au moment où il était au centre d’une affaire de corruption supposée. Elle sonne le glas d’un homme qui a marqué de son empreint, l’histoire de son pays. Aussi, elle consacre la fin des « pères fondateurs » et des résistants des premières heures. Après Menahen Bégin, Ithzak Rabin, Shimon Perès (tous ces leaders politiques étaient au front lors de la guerre de six jours en 1967 et du Kippour en 1973) et la « mise au placard » de Shimon Pères, Sharon était en effet « le dernier des Mohicans ».

Ehud Barak, porte-drapeau de l’entre- deux générations faisant figure de « has been », Benyamin Netanyahou se voit presque ouvrir un boulevard, pour mars 2006. Mais, la vérité du matin pouvant devenir un mensonge le soir en politique, il ne faut jurer de rien. Pour l’heure, et avec toute la prudence nécessaire, il semble que l’ère Sharon à la tête d’Israël soit parvenue à une fin tragique.

Boubakar SY
Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 18 janvier 2006 à 13:19, par Georges En réponse à : > Ariel Sharon dans un état critique : Le dernier combat du guerrier d’Israël

    Il est clair que si toute l’histoire retracée dans cet article est vraie, Ariel Sharon devrait passer devant le tribunal international et être poursuivi pour sa participation directe et indirecte à ces crimes inqualifiables. Il était juste de condamner les criminels de guerre de 39-45, comme ceux de l’ex-yougoslavie, de l’amérique.... donc il est certain qu’il est juste de poursuivre, de part et d’autre, ceux qui ont fait des massacres dans le conflit israleo-palestinien.

    De toute façon, Israel a tord de se donner le droit de définir unilatéralement les frontières entre les deux Etats.

    Il semble que le problème avait été réglé en son temps et que les frontières de l’époque sont les seules qui sont admissibles. Tout autre interprétation n’est que souhait... mais comme on le sait, il ne faut pas prendre ses souhaits pour des réalités.

    Maintenant, je reste ouvert à toute autre vison et revendique le droit d’évoluer.

    Bonne journée.

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