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Dédougou : Sur fond de grogne des anciens militaires, gendarmes et policiers

Publié le lundi 14 novembre 2005 à 08h28min

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Comme en 1991 et 1998, les Burkinabè sont allés aux urnes pour élire leur président, parmi 12 candidats. A l’instar des autres provinces du pays, le Mouhoun a vu ses 245 bureaux de vote ouverts depuis 6 h du matin.

Si certains électeurs ont pris d’assaut très tôt les lieux de vote pour s’acquérir de leur devoir de citoyens, d’autres par contre ont préféré le faire après le culte dominical. Dans l’ensemble, le scrutin s’est déroulé dans le calme sur toute l’étendue de la province, sous le regard vigilant des délégués des partis politiques, des observateurs nationaux et internationaux, et de certains membres du Conseil constitutionnel.

La ville de Dédougou n’a pas connu une fièvre particulière ce 13 novembre, mais tout simplement une animation dominicale ordinaire. On pouvait cependant voir certains militants en tee-shirt ou drapés de pagnes à l’effigie de leur candidat.

Malgré la clôture de la campagne dans la nuit du 11 novembre, certains véhicules circulaient toujours avec des autocollants de leur candidat. Des posters géants du candidat Blaise Compaoré étaient affichés devant les sièges du CDP et des ABC. Dans la plupart des bureaux de vote que nous avons visités, on a pu apercevoir des isoloirs confectionnés avec des moyens du bord (plastique noir).

Trois bureaux de vote de la commune de Dédougou étaient installés en plein air. La sécurité de chaque bureau était assurée par un seul agent rémunéré à 1 500 F CFA / jour pendant 3 jours. Avec 7 départements, la province du Mouhoun a enregistré 59 988 inscrits. Le taux de retrait des cartes d’électeur, à la date du 17 octobre, était de 78,71%.

Des irrégularités dans le fichier électoral auraient porté préjudice à certains qui n’ont pu accomplir leur devoir civique. Dans certains bureaux de vote, ce sont les présidents qui se sont évertués à expliquer et à réexpliquer aux électeurs comment voter. Toute chose qui laisse croire que les partis politiques en lice n’ont pas inscrit dans leurs actions l’éducation à l’acte de vote. En tout cas, ce sont des électeurs disciplinés qui se sont acquittés de leur devoir, sous un soleil de plomb.

Des tracts ont circulé

Comme en 2001, des tracts ont circulé dans la ville, 72 heures avant le scrutin. Des tracts qui ont appelé les populations de la Boucle du Mouhoun à sanctionner le candidat Blaise Compaoré, à travers le choix d’un autre candidat.

Ce scrutin présidentiel s’est déroulé sur fond de grogne des anciens militaires, gendarmes et policiers. Ces derniers (79) estiment avoir été frustrés. Ils auraient été contactés pour assurer la sécurité des bureaux de vote. Malheureusement ils ont été remerciés au dernier moment, alors qu’ils avaient abandonné les travaux champêtres pour servir la nation.

Selon leur porte-parole, la grogne des retraités n’est ni politique ni syndicaliste, encore moins une rébellion. "En 2002 nous avons subi la même humiliation et cette année nous avions refusé, craignant le même sort. Mais nous avions été convaincus que nous serons de la partie". C’est ce qu’a dit le porte-parole avant d’ajouter : "Ce n’est pas forcément l’argent que nous cherchons.

Si la prochaine fois on nous fait appel, nous opposerons un refus catégorique". Le responsable régional de la sécurité, que nous avons rencontré, affirme que les anciens de Dédougou avaient simplement été invités à s’inscrire sur une liste, au cas où on aurait besoin d’eux. Malheureusement, au lieu de 2 éléments de sécurité, on a décidé de placer un agent par bureau de vote. Et le choix a été porté sur les éléments toujours en activité. Dans certaines provinces comme la Kossi et les Banwa, on a eu recours à ces anciens pour assurer la sécurité.

Dans les états-majors des partis en compétition, on affiche un optimisme total. "Nous avons eu 3 semaines pour séduire l’électorat et nous pensons que notre message a été très bien entendu, a déclaré Karim Kondé, S.G du CDP. Fatin Tiébo du FFS est serein. "Nous traquons Blaise Compaoré et nous sommes confiants qu’au second tour les portes de la présidence s’ouvriront grandement pour Norbert Tiendrébéogo". Le président de la CEPI/Mouhoun, Diery Sididé, nous a confié que si tout se passait bien, les résultats provisoires seraient connus très tôt.

Par Serge COULIBALY
Le Pays

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