Depuis le début des opérations de retrait des cartes d’électeurs le 25 septembre 2005, des irrégularités plus ou moins graves ont été enregistrées. Au regard de leur ampleur, une délégation du PAREN conduite par le secrétaire général, M. Youssouf Sawadogo et le Directeur national de campagne, M. Guigemdé Oumar, a rencontré le président de la CENI et son équipe le lundi 10 octobre 2005 à la CENI. Malgré les assurances qui avaient été données par le président de la CENI, des inquiétudes demeurent quant à la fiabilité du système d’informatisation du fichier électoral.

Dans son point de presse en date du 18 octobre, la CENI a, selon elle, recensé :
 1175 cas d’erreurs matérielles sur les cartes ;
 475 cas d’inscription hors délais ;
 647 cas d’électeurs décédés ;
 24 cas de doublons.

En outre, elle a relevé un taux de retrait de cartes de près de 64% au 15 octobre 2005. Ces chiffres sont très surprenants au regard des multitude cas de plaintes qui ont été enregistrées.

Au niveau du seul arrondissement de Boulmiougou, nous avons en notre possession les identités complètes et les numéros de cartes d’électeurs de 165 personnes ayant chacune deux cartes d’électeurs différents avec des numéros différents. Il y a d’ailleurs des cas de personnes qui ont trois cartes d’électeurs.

La meilleure illustration de cette irrégularité est la suivante : au Bureau de vote n°35 de l’arrondissement de Boulmiougou mairie 3, il y a trois cartes portant la même identité, les mêmes noms et prénoms du père et de la mère, dans le même bureau de vote et avec la même date de naissance, mais avec des numéros d’électeurs différents.

Mêmes les fantômes risquent de voter

La différence qui a été notée tient à une barre ou un tiré ou à une lettre. Exemple : Berthe Traoré, Berthe/Traoré ou F. Berthe Traoré. En outre, nous avons dénombré dans ce seul arrondissement plus d’une centaine de cas d’erreurs matérielles et près d’une trentaine de nos militants inscrits en 2002 n’ayant pas retrouvé leur nouvelle carte d’électeur.

Ce qui nous a paru le plus troublant, c’est la disparition de deux bureaux de vote à l’école communale de Zogona et au secteur 16 de Ouaga. Même si le premier bureau a été retrouvé, on se demande bien comment les listes peuvent être reconstituées sans risque de fraudes supplémentaires. Enfin, il faut noter que certains distributeurs de cartes font preuve d’une irresponsabilité scandaleuse. En effet, certains de nos observateurs qui sont allés retirer leur carte ont été invités à trier parmi le lot de cartes celles de leurs connaissances.

D’autres ont pu retirer la carte de leur épouse à la simple présentation de la CIB. A cette allure, on ne sera pas surpris de voir des fantômes lors du scrutin du 13 novembre 2005. Le PAREN s’interroge sur la nature de la technologie qui a été mise en place pour l’informatisation du fichier et s’inquiète par conséquent de l’impact de ce travail défectueux sur la crédibilité des résultats qui sortiront des urnes.

Si on considère que les erreurs constatées à Ouaga ne sont qu’un échantillon, on imagine son ampleur si elles sont étendues sur l’ensemble du territoire national. Ne pas reconnaître les nombreuses irrégularités seraient faire preuve de complicité dans un système de fraude qui pourrait en découler. Au regard de ce qui précède, le PAREN recommande :
 un audit contradictoire du fichier avec la pleine participation des partenaires techniques ;
 un contrôle régulier des opérations de retrait des cartes ; une sensibilisation sur la responsabilité des distributeurs dans ce processus en cours ;

L’Observateur