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« Trois semaines avant son assassinat, Norbert Zongo savait qu’il allait mourir et se sentait abandonné », témoigne Clément Roger Yaméogo, un ami du journaliste

16 décembre 2023, 09:42, par HA

Pauvre Norbert Zongo !

Cette affaire est très complexe et en même temps très curieuse. Qui a assassiné Norbert Zongo ? Il est légitime de se poser cette question malgré le discours officiel. Il y a deux cas probables :
(1.) Ceux qui ont assassiné Norbert Zongo étaient des contre-revolutionnaires

(2.) Ceux qui ont assassiné Norbert Zongo voulaient chuter dramatiquement la légitimité du régime Blaise Compaoré pour mieux combattre son régime monarchique constitutionnel

Ces types d’assassinats sont légions dans les sociétés à transition insurrectionnelle, vu la manière très choquante et abominable dont Norbert Zongo et ses compagnons ont été tués et calcinés.

Cette situation semble souvent avoir des implications importantes pour la tactique de la direction révolutionnaire. Plutôt que de saper la légitimité du régime sur une longue période avec des révélations quotidiennes sur la petite corruption, il est bien plus efficace de garder le silence pendant de longues périodes et d’accumuler une seule dénonciation percutante (2.). En effet, le coup de poing unique n’a pas besoin d’être aussi « lourd », si l’on veut, que la « somme » des détails quotidiens. (La réduction ponctuelle de la légitimité n’est pas nécessairement aussi importante que la somme de tous les deltas progressifs.) C’est peut-être la raison pour laquelle Mao s’enfermait régulièrement dans les montagnes en prévision d’une réapparition dramatique, et pourquoi le retour des dirigeants révolutionnaires en exil – comme Lénine et Khomeini – sont accueillis avec une telle appréhension par les autorités. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle les « événements déclencheurs » dramatiques (par exemple les assassinats pour la réduction de légitimité) occupent une place si importante dans la littérature sur ce sujet (mouvement insurrectionnel) ; il s’agit souvent de cas dans lesquels la légitimité du régime chute soudainement. De la même manière, la méthode précédente (réductions progressives de la légitimité) explique la valeur contre-révolutionnaire des agents provocateurs (1.) : ils incitent les agents les plus lésés à devenir actifs prématurément, leur permettant d’être arrêtés avant de pouvoir catalyser la rébellion plus large. Bien que souvent suffisant , les fortes réductions de légitimité ne sont pas le seul mécanisme inflammatoire des mouvements insurrectionnels.

N’est il pas assez légitime de se poser cette question malgré le discours officiel : Qui a assassiné Norbert Zongo ?

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