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Dr Arouna Louré, de retour du front : « Nous pouvons gagner cette guerre plus rapidement, moins chère et avec moins de pertes en vies humaines »

14 décembre 2023, 03:24, par Ecrou

Qu’il me soit permis de le dire, en toute simplicité et en toute sincérité : il y a fort longtemps qu’un texte ne m’avait pas procuré une telle joie ; une telle émotion.
Encore faut-il que je fasse part de ma confusion, puisque, dans un autre contexte, j’avais promis à Monsieur Cyriaque PARÉ de ne plus jamais tracer le moindre mot sur les colonnes de Lefaso.net ; non pas que j’en aie été déçu, mais tout simplement parce que j’ai eu l’honneur, quatre ou cinq fois, de laisser apparaître ma vision des choses à travers ce média ; éprouvant ainsi le sentiment que d’autres personnes avaient, elles aussi, droit au chapitre.
Cependant, Monsieur PARÉ, dont la seule tare congénitale, chacun en conviendra, est d’être né Samo (Chameau !?), m’avait simplement répondu, de façon laconique, par cette formule : « A très bientôt ! ». Et le Moaaga, que je suis, était persuadé qu’il (le Samo, naturellement !) aurait tort.
Hélas ! Mille fois hélas ! La puissance du texte du Docteur Arouna LOURÉ m’oblige à sortir de ma réserve.
Docteur, votre écrit, par sa finesse, sa profondeur et sa noblesse, convainc toute âme éprise de justice et de vérité qu’au-delà des jours sombres que nous vivons, çà et là, dans le monde en général, et dans notre cher pays (le Burkina Faso) en particulier, il existe encore des hommes et des femmes exceptionnels, qui incarnent des valeurs ; qui ont des principes.
Qu’il me suffise alors d’évoquer ici la formule de Juvénal pour résumer la vision du monde du Docteur LOURÉ. Et c’est ce qui l’honore au plus haut point : « Pense que le plus grand des crimes est de préférer la vie à l’honneur et, pour sauver sa vie, de perdre ses raisons de vivre » (cf. Satires, 8, 79-84).
Ceci étant, toute vision du monde, quelles que soient sa pertinence et sa noblesse, comporte des limites. Et souligner cela, ce n’est pas frapper cette vision du monde de nullité. Bien au contraire : c’est étendre son horizon, lui donner une autre perspective.
Dès lors, j’ai presque envie de rappeler cette critique que Charles Péguy avait adressée un jour au philosophe Kant : « Le kantisme a les mains pures, mais il n’a pas de mains ». En d’autres termes, le Docteur LOURÉ feint d’ignorer que le capitaine Ibrahim TRAORÉ est avant tout un homme de terrain et un homme d’action. Du sang, il en a vu couler ; des larmes, il en a vu verser ; des cris désespérés, il en a entendu. Et j’en passe.
Ne perdons jamais de vue les confidences qu’il nous a faites, lorsqu’il a pris le pouvoir : plus d’une fois, sur le terrain, il a vu des femmes faméliques pleurer dans la brousse, parce qu’elles ne pouvaient plus glaner la moindre feuille sur les arbres pour nourrir leurs enfants … Bien qu’officier, il a eu, lui aussi, des larmes aux yeux !
Voilà ce qui m’a convaincu que ce militaire-là n’était un simple robot en treillis et qu’il ne relevait pas de la gent soldatesque. C’était un humain, capable d’empathie, tout comme vous, Docteur, lorsque vous soignez d’autres humains que vous. Et j’aime autant dire que, bien que grand clinicien (anesthésiste !), vous ne parviendrez pas à me convaincre que vous n’avez jamais pleuré, constaté votre révolte et votre impuissance, face à la mort d’un enfant, d’une femme ou de tout autre personne que vous auriez souhaité pouvoir sauver.
Il me semble que le capitaine Ibrahim TRAORÉ est dans cette disposition d’esprit. Mais, je peux toujours me tromper.
Certes, dans le feu de l’action, je le vois parfois prendre certaines décisions que je n’approuve pas, moi, simple citoyen lambda, assis au chaud dans mon fauteuil, dans mon salon … En d’autres termes, qu’aurais-je fait à sa place ? Mes ancêtres, les Moose, dans leur sagesse populaire aimaient à le répéter à tout homme de bonne foi : « A be ying n mi warba » (C’est celui qui est en dehors de la piste de danse qui sait toujours le mieux danser).
J’ai tout lieu alors de penser que ce pauvre capitaine fait de son mieux. C’est dire que je n’ai pas la naïveté d’en faire un saint. Toutefois, je ne crois pas me tromper, Docteur, en esquissant cette hypothèse : si le MPSR 2 n’avait pas pris le pouvoir, le 30 septembre 2022, à l’heure qu’il est, le Burkina Faso aurait été rayé de la carte : les jihadistes seraient en train de parader dans les rues de Ouaga et de Bobo, pour ne citer que ces deux villes.
Ceci étant, à travers votre écrit, vous laissez apparaître une sincérité sans faille, soutenue par une immense culture philosophique, historique, politique et littéraire. Le modeste lecteur que je suis en est subjugué, ébloui.
Me trompé-je en cédant à la tentation de penser que la cause que vous défendez vous dépasse ? Elle se nomme VÉRITÉ ; elle se nomme JUSTICE. Or, s’agissant de cette dernière, Blaise Pascal, dont on célèbre cette année le 400ème anniversaire, attirait à juste titre notre attention sur cette évidence : « La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique (…). Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste » (cf. Les pensées).
Daignent le capitaine Ibrahim TRAORÉ et son équipe faire de cette formule leur source d’inspiration au quotidien !
Écrou

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