Olivia Rouamba, ministre des Affaires étrangères : « La démocratie oui, mais il le faut à l’africaine »

Le pape François tire la sonnette d’alarme sur la « dangerosité et l’imprudence » d’importer des modèles de démocratie dans certains pays du monde.

Par Nicolas Bazié

Imposer un modèle de démocratie à un autre État ne « conduit qu’ à l’anarchie et aux guerres ».

Le Pape François l’a dit haut et fort et à qui veut l’entendre dans un livre-interview intitulé « Vous n’êtes pas seuls. Défis, réponses, espoirs ».
Paroles digne d’intérêt

En effet, le souverain pontife a estimé que c’est « l’échec occidental » qui a donné naissance à ce que l’on appelle de nos jours, « l’organisation terroriste État islamique ».

« Je ne comprends rien à la politique internationale, mais je pense que l’émergence de l’État islamique a été entraînée, entre autres, par des décisions occidentales malheureuses », a indiqué le pape.

Le Pape a précisé sa pensée en déclarant ceci : « L’échec de l’Occident réside aussi dans le fait d’essayer d’imposer son propre modèle de démocratie à certains pays dont la culture serait plutôt de type tribal. Prenons l’exemple de la Libye, qui semble pouvoir être dirigée par un seul homme, et un homme fort de surcroît, comme l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi. »

« Un Libyen m’a dit qu’autrefois il n’y avait que Kadhafi, mais qu’aujourd’hui il y a 53 dirigeants de ce type », a déclaré le journal La Stampa en citant des extraits du livre.

En plus de Kadhafi, il y a Saddam Hussein d’Irak, mort pendu en 2006, accusé de crimes contre l’humanité. « Saddam Hussein n’était certainement pas un ange, bien au contraire, mais l’Irak sous sa direction était un pays stable », a dit le Pape François.

« Mais à quoi la guerre a-t-elle mené ? » dans ces deux pays ? s’interroge le souverain Pontife, avant de répondre par lui-même : « À une anarchie et à une nouvelle guerre. Je pense donc que nous ne devrions pas exporter notre démocratie vers d’autres pays, mais aider le processus de maturation démocratique d’une société en fonction de ses caractéristiques. »

Le Pape semble en tirer une seule conclusion : il est inutile d’imposer la démocratie à des peuples qui ne sont « pas en mesure de l’accepter ».

« Il y a des pays avec des systèmes monarchiques qui n’accepteront peut-être jamais la démocratie », a fait observer le patron du Saint siège (Vatican).

Lors du traditionnel entretien avec des journalistes sur le vol du retour de Grèce, le 6 décembre 2021, le Pape François avait mis en garde contre les deux « dangers » qui pèsent sur la démocratie : un populisme qui sort « ses griffes » aujourd’hui, mais aussi une forme d’impérialisme supranational qui entraîne la « dilution de nos identités ».