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Burkina Faso : Etat cherche serviteurs dévoués

Publié le vendredi 16 septembre 2005 à 09h35min

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"Pays pauvre très endetté", voilà un qualificatif que ne récuse aucune autorité du Burkina Faso. Normal, puisqu’ il permet à l’Etat d’être éligible aux largesses financières des institutions de Bretton Woods. Une réduction de la dette qui permet à l’Etat de financer certains secteurs sociaux jugés prioritaires pour sortir du sous- développement.

L’autre qualificatif pour désigner le Burkina est "le pays des hommes intègres". Ce qualificatif-là , ils sont très peu à le revendiquer aujourd’hui. Le sursaut d’orgueil tenté par les révolutionnaires d’Août 83 a brûlé comme un feu de paille au point qu’un de nos illustres députés a déclaré que la morale agonisait dans notre pays. C’est à se demander ce que fait l’Etat pour changer les choses. Soyons clair. L’Etat c’est vous, c’est nous.

Mais c’est surtout ceux qui ont la responsabilité de la gestion de la chose publique et qui, parfois, sont assermentés pour cela. Ils sont, dans leurs actes quotidiens, responsables directement ou indirectement de notre bonheur ou de notre malheur sachant qu’ils ont été investis pour réaliser notre rêve commun de sortir ce pays du sous-développement.

Tout se passe comme si des individus ont réussi à prendre les rouages de l’Etat en otage à leur seul profit. Trafic d’influence, commissions occultes et surfacturation font bon ménage. En matière de grande corruption, l’enquête 2004 du Ren-lac montre que les marchés publics sont un des secteurs à nettoyer. On a vu les vagues suscitées autour de l’attribution du marché du contrôle des importations. Et, les dysfonctionnements sont nombreux.

Le domaine du bâtiment et des travaux publics est gangrené par cette incurie de l’Etat à assurer la bonne exécution des ouvrages publics. Des entrepreneurs surgissent du néant comme une génération spontanée, à qui on attribue des marchés dont ils n’ont pas toujours le meilleur profil et qui disparaissent dès la première bourrasque. Les conséquences sont énormes en termes de travaux bâclés et ne respectant pas les normes requises. Cela représente un double danger. Les premières victimes sont les travailleurs. Embauchés à peu de frais, certains succombent à des accidents de travail que le commun des mortels a l’indécence d’attribuer à Dieu.

Un fatalisme qui cache plutôt la démission des structures de contrôle de l’inspection du travail et des autres services techniques. Des hommes et des femmes , pour une raison ou pour une autre, n’ont pas fait ce qu’ils avaient à faire. Le pire, c’est que tout le monde s’en accommode. L’ attributaire du marché parce qu’il aurait des "pistons" ou laissé de grosses commissions à ses commanditaires passera alors allègrement les différents contrôles techniques. Pas que les techniciens ne soient pas compétents, on ne lira point leurs rapports. Ces derniers sont même désabusés. Il ne sert à rien de jouer au zorro, dit-on, au risque de finir dans un "garage".

La visite de l’ordre des architectes à l’hôpital Yalgado a révélé que la construction des édifices ne respectait pas toujours les règles de l’art. La qualité douteuse des matériaux, trafiqués par cupidité par les entrepreneurs ou par les fabricants eux-mêmes représente un double danger. L’ effondrement de certains ouvrages ou leur dégradation précoce à l’image de la route Ouaga-Bobo. Les deniers publics sont mal utilisés dans un pays qui aspire au développement durable.

Manifestement, on se trompe de voie. Il faut bâtir l’avenir sur du solide. Le béton, le fer à béton, le goudron pour ce qu’il en coûte au trésor public, doivent faire l’objet d’une attention particulière de la part de nos autorités. Dans un contexte pareil qui peut garantir la conformité de nos grands ouvrages quand on sait que l’ Etat est le plus grand pourvoyeur de marchés aux entreprises ? Pour ce qui concerne les infrastructures à Ouaga 2000, c’est peut-être trop tard. Mais pour la mise en oeuvre du projet immobilier ZACA, il y a lieu d’être vigilant.

Ce qui est inquiétant dans notre contexte, c’est que l’entourage du premier responsable de l’Etat ne donne pas l’exemple. La dernière édition de la coupe du parc animalier est révélatrice de cela. Même lui n’échappe pas aux dents longues des partisans de la courte échelle qui ont détourné selon un de nos confrères, les perdiems de quelques participants à la fête des sports de mains.
Pourtant, le sursaut salvateur, le réarmement moral tant attendu ne peut venir que de là-haut. Il faut secouer le cocotier du laxisme, de la corruption et de l’impunité. Il est temps, grand temps de marquer un coup d’arrêt pour redonner espoir à douze millions d’âmes dont l’avenir s’épaissit d’année en année, pour la grande majorité. Ceux qui tiennent les rênes du pouvoir, censés assurer sécurité et bien-être physique et moral du peuple sont interpellés. Cela fait partie du contrat.

Le Pays

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