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Réforme des Nations Unies : le sursaut d’honneur de l’Union africaine

Publié le lundi 8 août 2005 à 08h05min

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Ce n’est pas tous les jours que l’Union Africaine (UA) gratifie les peuples africains de décisions qui les enorgueillissent. L’attitude que vient d’adopter l’organisation continentale au dernier Sommet de Addis Abeba du 3 Août dernier, mérite de justes louanges de la part des Africains.

La réforme des Nations Unies, tout le monde en a conscience, est incontournable mais pour parvenir à trouver un compromis, ce n’est pas aisé tant de pays espèrent pouvoir y jouer un rôle plus accru, notamment en faisant partie du Conseil de Sécurité en tant que permanent avec droit de veto. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) sont les seuls qui disposent d’un droit de veto au Conseil de sécurité, où siègent également 10 membres non-permanents et sans droit de veto. L’UA ; au récent Sommet de Syrte (Libye), a proposé un Conseil de sécurité de 26 membres, avec six nouveaux sièges permanents dotés d’un droit de veto, dont deux attribués à des pays africains, et cinq nouveaux sièges non permanents, dont deux reviendraient également à des pays africains.

Aujourd’hui seul continent à n’être pas représenté au sein du Conseil de Sécurité avec droit de veto, l’Afrique s’est vue proposer comme un os à ronger, des strapontins à ce Conseil. Que cela vienne du " quintet " qui exerce la gouvernance mondiale, ce n’est pas étonnant mais qu’il se trouve des pays comme le Brésil, l’Inde pour se joindre à l’Allemagne et le Japon afin de constituer un G 4 attaché à obtenir que les pays africains renoncent au droit de veto, c’est choquant et à Addis, l’UA a compris qu’elle aurait commis une grave faute en se laissant intimider ou séduire par les propos et propositions de ce G4. Le refus digne de l’organisation continentale d’accepter une participation au rabais est d’autant plus à souligner que le G4 était soutenu par la Grande-Bretagne mais surtout par l’allié traditionnel, la France !

A la limite, que la résistance des Africains aille jusqu’au bout, toujours imprégnée des prédispositions suivantes de l’Ambassadeur d’Algérie auprès de l’ONU, Abdallah Baali, qui réagissait comme suit à la décision de l’UA : "Nous sommes heureux que l’UA soit restée unie, cohérente par rapport à la position que nous avons adoptée". Que les Africains continuent à penser comme le représentant du Zimbabwe auprès de l’ONU, Boniface Chidyausiku, qui a estimé que la position de la majorité des pays de l’UA était motivée par une question de principe et était destinée à réparer une injustice historique faisant de l’Afrique le seul continent ne bénéficiant pas d’un siège permanent au Conseil de sécurité. " La question n’est pas seulement d’entrer (au Conseil de sécurité) mais d’y entrer et d’y être efficace", a-t-il dit, ajoutant . "Le droit de veto devrait être supprimé mais tant qu’il existe, nous (l’Afrique) devrions aussi en disposer".

Si pour cela, l’Afrique devait ne pas figurer au Conseil de Sécurité, eh bien soit ! Qu’elle n’y figure pas et qu’elle garde entière sa fierté ! Elle a si souvent galvaudé cette dernière que ce serait un signal fort de renouveau donné au continent.

Du reste, la vraie réforme des Nations Unies reste à venir. L’organisation continentale devra transposer au niveau de l’organisation mondiale les principes démocratiques qui gouvernent toute collectivité humaine globale organisée, c’est-à-dire reposer sur le principe de souveraineté, de séparation des pouvoirs et reconnaître par conséquent l’égalité de suffrage à chaque Etat. Si une telle perspective est soumise à des rapports de force économique, militaire, diplomatique, médiatique.., qui ne sont pas actuellement en faveur des pays pauvres, et qu’en conséquence il faille inscrire cet objectif dans la progressivité, on ne saurait pour autant accepter inconsidérément le schéma proposé pour la réforme actuellement entreprise.

Celle-ci en effet, on le voit bien, est trop frileuse, trop injuste et peu gratifiante, venant de grandes nations qui se targuent d’être les gardiennes de la démocratie.

Puisqu’on continue de penser que l’exclusion doit gouverner le monde et que l’Afrique, qui n’est pas mûre pour la démocratie doit être cantonnée à la périphérie, qu’au moins, elle n’aille pas jouer les lèche-bottes en adhérant à des offres indignes.

Les pays suivants ont été de ceux qui ont refusé la proposition dégradante de participer en rang inférieur, au Conseil de Sécurité : Algérie, Burkina Faso, Egypte, Kenya, Libye, Mali, Soudan, Ouganda, Zambie... Honneur à eux : ils ont fait ce que les peuples d’Afrique attendaient d’eux. Les pays suivants ont bataillé pour faire passer l’idée de cette représentation minorée de l’Afrique au Conseil de Sécurité : le Nigeria, le Ghana, l’Afrique du Sud... Honte à eux car ils ont voulu troquer, pour des intérêts égoïstes, la dignité du continent.

San Finna

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