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Combien a coûté l’allégeance de l’ADF-RDA ?

Publié le lundi 25 juillet 2005 à 07h39min

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Comme les politiciens nous ont habitué à les voir tourner et retourner leur veste pour « de l’argent frais » selon le ministre de la santé Alain Yoda, on est en droit de se demander combien l’ADF-RDA a empoché. Car faire de la politique au Burkina est le moyen le plus sûr de s’enrichir.

Le premier parti de l’opposition au Burkina a tout simplement décidé en son âme et conscience (doux euphémisme), de soutenir tout simplement la candidature de Blaise Compaoré, celui-là même qui aurait dû être l’ennemi à abattre, politiquement s’entend. Autrement, nous sommes contre toutes les formes de violences et d’où qu’elles viennent. Comme disent les latins alea jecta es, le sort en est jeté. C’est le lieu aussi de dire que quand le vin est tiré, il faut le boire. Et qui dit vin dit table garnie, et pour le dire comme dans le Burkina réel, c’est le « manzement ».

Si l’OBU, pour avoir seulement une gueule d’opposant idéal ou de challenger valable pour crédibiliser une élection, a pu bénéficier d’au moins une trentaine de millions de francs CFA, quel peut être le coût de l’allégeance de l’ADF-RDA ? Car le gros bébé fait par Gilbert Ouédraogo dans le dos de l’opposition toute tendance confondue ne sera pas un bébé abandonné. Il aura un baptême digne des princes royaux. L’ADF-RDA aura le retour de l’ascenseur après le 13 novembre en termes de postes ministériels ; mais en attendant, cela n’y a t-il eu pas des espèces sonnantes et trébuchantes qui ont atterri dans son escarcelle.

Si oui, on ne peut certainement pas parler d’une trentaine de millions comme dans le cas de l’autre ; ici le CDP a fait un gros coup politique et cela se paye tout aussi gros. Comme les politiciens nous ont habitué à les voir tourner et retourner leur veste pour « de l’argent frais » selon le ministre de la santé Alain Yoda, on est en droit de se demander combien l’ADF-RDA a empoché. Car faire de la politique au Burkina est le moyen le plus sûr de s’enrichir.

Un confrère, Sidwaya, affirmait dans ses colonnes, que lors de la fête du 14 juillet date anniversaire de l’indépendance de « nos ancêtres les Gaulois », le président de l’ADF-RDA a volé la vedette même au maître des lieux, l’ambassadeur de la France au Burkina. Tous les diplomates présents à la soirée tenaient à échanger avec l’ancien chef de file de l’opposition Burkinabé. Cela appelle, non à penser à une popularité soudaine et un intérêt particulier du corps diplomatique présent au Burkina pour le président de l’ADF-RDA, mais à la recherche de raisons valables qui ont pu mener le premier responsable de l’opposition à « déchirer » de la sorte.

L’occasion était belle pour se rassurer qu’il n’est pas sous une pression quelconque ou même victime d’un chantage éhonté. Il était important pour les diplomates d’avoir un petit instant de parlote avec Gilbert Ouédraogo pour se rassurer que l’homme qu’ils ont connu avant l’entourloupe était toujours le même jeune, poli, élégant et la tête sur les épaules. Ils ont vu que l’homme ne présente aucun signe particulier pouvant permettre de penser à quoi que ce soit. Ici, ce n’est pas le vent qui a tourné, c’est un homme et son parti qui ont adopté les hélices. C’est la politique Burkinabè, avec chaque fois, des originaux à enseigner dans les écoles de sciences politiques.

C’est tout comme le cas du tout dernier candidat à la présidence. Il est lui aussi un cas à part, chômeur déclaré, annonce de la candidature avant la naissance du bateau sous lequel il va battre pavillon. Il faut tout de suite saluer son courage et sa témérité. Il veut montrer l’exemple aux milliers de chômeurs et de déflatés du pays que la porte de la présidentielle ne leur est pas fermée. Ils peuvent rêver du fauteuil présidentiel pour changer les choses, et dans ce domaine on ne peut pas dire qu’ils manquent d’expérience.

Pour la déclaration de Dicko que certains trouvent drôle et pour d’autres une simple plaisanterie, il ne faut point la prendre pour cela. Un candidat vaut un autre tant que la justice n’a pas invalidé la candidature. Ailleurs des humoristes ont déclaré leur candidature ; on a l’exemple du comédien Dembélé du Mali avec son parti du rire. Il s’est essayé, le peuple ne l’a pas suivi. Dicko, le chômeur aussi peut essayer à moins que l’argent de la caution ne le bloque vu sa situation et les soutiens qu’il n’a pas.

On retiendra au moins qu’il est sorti de son long silence, il existe aujourd’hui et on ne sait jamais peut-être que cette déclaration de candidature peut mettre fin à son statut de chômeur. Comme on achète tout ici au Faso, les mêmes grossistes peuvent mettre un œil sur lui et l’enfeuiller, ce ne sera d’ailleurs que justice. S’il tourne casaque pour de l’argent, il n’y a rien à lui reprocher ?

Par Kassim Kongo
Bendré

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