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Crédibilité de la justice : Une responsabilité collective

Publié le vendredi 22 juillet 2005 à 07h48min

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Le Burkina Faso a-t-il mal à son système judiciaire ? Question d’actualité s’il en est au regard de la dernière abondante littérature qu’il a été donné de lire dans la presse.

A tort ou à raison les citoyens Burkinabè commencent à s’interroger sur leur justice et surtout sur les hommes qui l’animent. Paradoxalement, ce sont ces derniers ou plutôt une minorité d’entre eux qui contribuent à écorner l’image des magistrats auprès de l’opinion publique. Et ce n’est pas un hasard si les Burkinabè suivent avec intérêt l’actuelle polémique qui oppose certains syndicats à la chancellerie. Au centre de ce débat, la publication par la presse d’une lettre que le syndicat burkinabè des magistrats a adressée au ministre de la Justice, garde des sceaux.

Banale affaire s’il en est au regard du volumineux courrier que la presse donne à voir au quotidien. Et pourtant, le cas de cette lettre du SBM n’est pas ordinaire.

Les animateurs de la justice, tous services confondus avaient juré la main sur le cœur que plus jamais leur différend, quelle qu’en soit la nature ne sera déballé dans la presse. La lettre du SBM qui a trahit cette règle consensuelle continue de susciter interrogation et suspicion dans le milieu des magistrats. Sans rentrer dans les détails, on notera seulement que cette lettre a été publiée alors que le Conseil supérieur de la magistrature tenait sa réunion ordinaire autour justement de certaines questions soulevées par la lettre du SBM. Il s’agit entre autres de la nomination des magistrats dans les hautes juridictions et l’affectation de certains autres.

Tel un effet boomerang, la publication de la lettre est en train de déstabiliser ceux-là même qui ont eu cette malheureuse initiative de se soustraire du consensus. Ainsi, il n’est pas possible aujourd’hui de mettre un nom sur la personne morale ou physique qui a "balancé" le courrier à la presse. Les animateurs de la justice devaient procéder par élimination pour situer les responsabilités. On devrait se demander à qui profite le crime ?

Ce n’est certainement pas demain la veille qu’on mette la main sur le coupable.

Cependant à quelque chose, malheur est bon. Les hommes et femmes du système judiciaire ont enfin compris que la solution aux maux de la justice ne viendront pas des calomnies et des médisances.

Défendre la crédibilité de la justice

La seule solution serait plutôt de resserrer les rangs autour de l’essentiel. A-t-on le droit de dénigrer un collègue qui reçoit une promotion simplement parce qu’on ne partage pas la même conviction politique ? Faire croire à l’opinion que les mouvements à la magistrature ne sont que la promotion des médiocres n’honore ni la justice ni la démocratie burkinabè. Les accusateurs le savent bien puisqu’ils se sont dépêchés de présenter certaines nominations comme des "nominations sanctions". C’est à y perdre son mooré !

L’opinion ne se laissera pas abuser et comprendra tout simplement que les accusations portées contre le ministère sont sans fondement puisqu’elle constate qu’il y a eu nominations d’hommes de justice sans considération aucune pour leur sensibilité politique.

Les magistrats auront tout intérêt à se ressaisir au plus vite pour ne mettre en avant que le seul intérêt du justiciable.

Personne n’a intérêt dans une justice qui n’inspire pas confiance du fait du travail abattu au jour le jour mais plutôt à cause de comportements de personnes qui veulent régler des comptes aux autres.

Il n’y a pas longtemps, certains hommes politiques étaient eux aussi sur cette ligne. Sans preuve aucune, ils ont accablé la justice en la traitant de corrompue ou à la solde du pouvoir.

Patiemment, le pouvoir judiciaire a travaillé à faire triompher le droit. On sait maintenant que toutes les critiques faites par le passé n’étaient que l’expression de positions politiques. Sinon comment comprendre que certains ténors de l’opposition burkinabè qui n’avaient de cesse de traiter les hommes de justice de tous les noms d’animaux soient là aujourd’hui à applaudir une décision de justice. Philippe Ouédraogo pour ne pas le nommer est bien heureux de constater que le récépissé de Soumane Touré a été annulé.

Faut-il en déduire que lui Philippe Ouédraogo est maintenant au service du régime pour obtenir cette faveur ? Il n’en est rien ; la réalité est que la justice a toujours dit le droit. Elle essaye de travailler en donnant le meilleur d’elle-même. Elle a certes ses faiblesses, mais elle n’est pas la pire des justices. Conscient de la nécessité d’accompagner la justice dans la quête de l’excellence, le ministre de tutelle mûrit la réflexion en vue de lui donner de meilleures conditions de travail. N’est-ce pas que l’annonce d’une nouvelle grille indemnitaire contribuera à l’édification d’une justice véritable et partant d’une démocratie au service du développement ?

Larba YARO
L’Hebdo

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