LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Sommet du G8 Gleen Eagles : Les dés sont pipés

Publié le vendredi 8 juillet 2005 à 08h26min

PARTAGER :                          

Les huit pays les plus industrialisés de la planète se réunissent depuis hier à Gleen Eagles, en Ecosse autour d’un agenda copieux et prometteur pour les pays en développement. Quelles que soient les conclusions du Sommet, la donne ne pourrait cependant pas charger si la mondialisation n’était pas « revue et corrigée ».

Annulation de la dette de tous les pays émergents, doublement du voulume de l’aide publique au développement, lutte contre la pollution atmosphérique... jamais le « conclave » des grands de la planète n’a été aussi prometteur pour les pays les plus pauvres.

Il faut dire que depuis un lustre, l’accroissement du volume de l’Aide publique au développement (APD) était dans l’air du temps, avec la définition des objectifs du millénaire pour le développement, prévus pour être atteints en 2015. Si jusqu’à présent, il n’est pas effectif, c’est que les grands argentiers du monde ne s’entendent pas sur le « comment faire » pour que l’aide ne continue plus à nourrir l’aide, perpétuant ainsi le cycle de la dépendance.

Alors que les Français parlent de taxation du secteur du transport aérien international, d’autres comme les Anglo-saxons, en sont toujours à parler de « mécanismes innovants », sans entrer dans le détail.

Des atermoiements qui traduisent un manque de volonté à prendre le problème à bras-le-corps si tant est que chacun des huit pays qui composent le G8, est capable de faire cet effort de doublement du volume de l’aide sans préjudice grave pour son économie.

L’exemple des pays scandinaves qui ont depuis longtemps franchi le rubicon est là pour le prouver. Atermoiement au niveau de l’aide, hésitation aussi concernant l’annulation de la dette avec cette « mesure-croupion » qui a consisté à annuler la dette multilatérale de dix-huit pays pauvres, sur les 178 que compte la planète.

Un coup d’épée dans l’eau pour les bénéficiaires dont les économies sont par ailleurs, asphyxiées par les politiques économiques de leurs bienfaiteurs (?). Et, c’est à ce niveau que l’honnêteté commande de dire que tout cela n’est pas loin de ressembler à un jeu de dupes dont la finalité est de maintenir en vie les « damnés » de la terre qu’une exploitation multiséculaire, exacerbée ces derniers temps avec le néo-libéralisme, est en passe de « tuer ».

La mondialisation en question

A ce sujet, les options politiques prises par l’administration Bush, principalement le « remodelage » du Proche-Orient et la politique du dollar faible, ont eu des répercussions insoupçonnées sur les économies des pays émergents.

La déstabilisation de l’Irak, deuxième producteur mondial du pétrole, a contribué à rendre volatile le cours de l’or noir. De quarante dollars il y a à peine un an, le baril se négocie de nos jours à 60 dollars voire plus à Wall Street ou à la Bourse de Londres.

La déliquescence de l’Etat irakien n’explique pas à elle seule cette volatilité, la non-résolution du problème palestinien y étant pour beaucoup.

La paix globale dans la région passe en effet par la paix en Judée et Samarie.

Et, comme la « démonétisation » prônée par l’administration Bush touche des alliés traditionnels comme l’Arabie Saoudite, le Koweït, les Émirats Arabes Unis (trois grands producteurs d’or noir), les remous sociopolitiques dans ces pays, influent sur le cours du brut.

Alors, le « petit » consommateur burkinabè, ne cesse de vouer aux gémonies les dirigeants de son pays, chaque fois qu’il « fait le plein de sa bécane » alors que les responsables de sa misère sont ailleurs. L’économie s’étant globalisée, les problèmes, eux aussi, le sont désormais. A preuve, la politique du dollar faible de l’administration américaine, n’a pas uniquement été préjudiciable à l’Europe, l’Afrique étant aussi une de ses victimes collatérales. Les matières premières du continent étant cotées en dollar, on imagine le manque à gagner pour le secteur cotonnier burkianbè ou minier de la RD Congo et de l’Afrique du Sud. Des matières premières déjà sous-évaluées et dont la vente a servi bien souvent à entretenir une oligarchie politico-financière.

Le combat est ailleurs

On le voit, le marché (financier et boursier) est donc roi, et les peuples qui ne peuvent pas accéder à ce marché avec des produits compétitifs seront toujours des laissés-pour-compte.

C’est ce que soulignait le président Compaoré lors de sa récente visite d’Etat à Madagascar en indiquant qu’il « n’y a pas d’avenir pour les peuples qui ne vendent pas ou qui ne peuvent pas vendre » C’est dire que pour sortir de leur misère, les Africains doivent commercer d’égal à égal avec ces autres.

Une vue de l’esprit de nos jours, avec des économies de subsistance, extraverties et sous-perfusion. Plus que des réformes capitalistes et bourgeoises qui ne feront que perpétuer les rapports de domination, il faut de l’innovation pour ne pas parler de révolution. Car nous vivons bel et bien le temps des révolutions avec ces sociétés hybrides, ses familles éclatées et sans perspectives.

Il y a donc lieu de repenser le développement de l’Afrique en refusant les schémas dominants qui parlent de neutralité de nos Etats, alors que ceux-ci n’ont pas épuisé leur rôle historique de « développeurs ». L’option libérale avec la financiarisation de l’économie de plus en plus mal ressentie par les populations va à terme, transformer le continent en « chaudron social ».

Alors que le Royaume Uni de Grande Bretagne baignait dans l’euphorie après l’octroi à Londres des Jeux olympiques 2012 et la tenue à Glen Eagles en Ecosse du Sommet du G8, des attentats sur l’ensemble du système de métro londonien (survenus hier dans la matinée) sont venus doucher l’enthousiasme ambiant et rappeler que la nébuleuse Al Quaïda est toujours une menace réelle.

La raison première de ces attaques aveugles (des dizaines de morts, et des centaines de blessés) réside dans la désignation de la ville comme organisatrice des J.O 2012. Un choix qui avait eu le don de doper la quote de popularité de Tony Blair (un peu plus de 55% de ses compatriotes avait une opinion favorable du PM) laquelle était au plus bas avec les récents développements de la campagne d’Irak.

Avec les J.O et le formidable chantier économique qu’ils vont entraîner, Blair pouvait souffler, d’autant que le bon état de l’économie britannique était jusque-là, son seul atout. Le groupe secret de djihad d’Al Quaïda en Europe, auteur présumé de ces attentats a donc voulu couper court à cette « résurrection » populaire de Blair en maintenant les Anglais en état de psychose.

Boubacar SY
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique