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Investiture de Blaise Compaoré : La fin d’un faux suspense

Publié le lundi 20 juin 2005 à 07h18min

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"Oui, le doute n’est plus permis. Que ceux qui avaient la faiblesse de croire que Blaise Compaoré aurait l’élégance de se retirer se le tiennent pour dit. Car on le voit venir et il finira par arriver pour être, sauf tremblement de terre, candidat à sa propre succession à la présidentielle de 2005".

C’est par ces mots que s’achevait notre éditorial du lundi 9 août 2004, au lendemain de l’entretien radiotélévisé qu’il avait accordé le 5 août à l’occasion du 44e anniversaire de la proclamation de l’indépendance.

On le voyait donc venir, et il a effectivement fini par arriver le samedi 18 juin 2005, à la maison du Peuple où le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tenait congrès, soutenu par une vingtaine de partis convives membres de la mouvance présidentielle. Des assises extraordinaires pour investir celui dont l’absence emplissait la salle avec en toile de fond, une orchestration et une mise en scène à l’américaine.

C’est la fin d’un faux suspense entretenu par l’intéressé même, à coups de petites phrases, de non-dits, de demi-confidences. Un suspense qu’en fait Salif Diallo, qui passe pour avoir l’oreille du chef, avait déjà tué dans une interview parue dans L’Observateur paalga n° 6052 du 5 janvier 2004.

En effet, quand bien même ils n’en avaient pas encore discuté au sein du parti, "Je pense, nous avait-il alors confié, qu’au regard de la situation actuelle, le président Compaoré sera notre candidat même si ce n’est pas formellement arrêté". Son patron avait beau le déjuger par la suite, prétendant, comme ce fut le cas ce fameux 5 août, que ces propos n’engageaient que son auteur, personne n’était dupe et les silences du chef de l’Etat sur sa candidature étaient plus que jamais bruyants de paroles. Comme lorsqu’il dit qu’après 17 ans passés à la tête du pays, il n’était pas encore fatigué alors que la fonction est réputée usante.

Comme lorsqu’il vit sa candidature "comme devant être le résultat d’une certaine démarche, qui doit consister à écouter toutes ces personnes qui bougent". Et Dieu seul sait si ces personnes ont bougé par le biais notamment de ces marches de soutien à la candidature de Blaise Compaoré qui soulèvent la poussière depuis des mois avec cette concurrence féroce entre les barrons du parti, les D.G. de grosses sociétés étatiques ou privées, les chefaillons de provinces sur fond de dilapidation organisée des deniers publics.

Comme lorsqu’il affirma qu’en allant en campagne "Il faut que je sache que j’ai devant moi des hommes et des femmes au Burkina qui jugent que nous avons atteint des résultats et qu’il nous faut encore aller de l’avant". Puis, comme pour couper court à la polémique sur la rétroactivité ou non de l’article 37 de la Constitution et les "empêchements absolus" d’ordre politique, juridique, économique et même éthique brandis par ses adversaires apôtres du "tekré", il laissa entendre, dans un entretien fleuve publiée par Jeune Afrique l’Intelligent dans son édition du 15 au 21 novembre 2004, que la Constitution remaniée lui autorisait deux nouveaux mandats, de cinq ans ceux-là.

Par petites touches successives donc, l’enfant terrible de Ziniaré est entré en scène, en y mettant la forme. Nous ne sommes plus en 1991 quand depuis Komki-Ipala, il avait urbi et orbi fait acte de candidature à une présidentielle en solitaire. Le Blaise de 2005, à la différence de ceux qui se sont auto-proclamés candidats au détour d’un entretien, d’une conférence de presse ou au milieu d’un meeting enfiévré quand ce n’est pas dans une simple déclaration publiée par la presse, a voulu, si on ose dire, faire les choses proprement. Il a ainsi laissé le soin à son parti de l’investir, il est vrai d’autant plus aisément qu’aucun éléphant de la majorité n’est assez fou pur lui disputer sa place. Ce qui n’est pas toujours le cas dans l’opposition.

Le non-événement de samedi dernier aura cependant eu un mérite : celui de clarifier les choses, car le prétendant de la formation majoritaire n’est plus virtuel. Et l’opposition, qu’elle soit vraie ou fausse, radicale ou "gâteau", en l’occurrence sa dizaine de candidats déjà déclarés, sait ce qu’il lui reste à faire, maintenant qu’elle peut mettre un nom et un visage sur son vis-à-vis. La question se pose toutefois de savoir si ceux qui rêvent d’alternance vont continuer de vitupérer du haut des tribunes ou à longueur d’écrits dans les journaux pour contester cette candidature et exiger qu’elle ne soit pas, in fine, retenue par le Conseil constitutionnel, ou si elle va se résoudre à peaufiner sa stratégie et à fourbir ses armes pour livrer bataille.

Une chose est sûre, s’il revient en théorie aux grands juges d’apposer leur blanc-seing sur les différentes prétentions, on se doute bien que si, malgré les différentes récriminations, le CDP a choisi de lancer son étalon dans la course, c’est parce qu’il sait pertinemment qu’il passera cette épreuve de l’éligibilité.

Observateur Paalga

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