LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Appel des organisations professionnelles des médias contre les fortes amendes contenues dans les projets de lois sur les médias

Publié le jeudi 3 septembre 2015 à 17h38min

PARTAGER :                          
Appel des organisations professionnelles des médias contre les fortes amendes contenues dans les projets de lois sur les médias

Le vendredi 04 septembre le Conseil national de la Transition va examiner trois nouvelles lois portant sur la presse écrite, la presse audiovisuelle et la presse en ligne. Il s’agit de l’aboutissement d’un processus qui s’est voulu inclusif puisque le gouvernement à travers le ministère de la communication, porteur des projets de lois, avait associé les organisations professionnelles des médias à différents ateliers afin de prendre en compte leurs amendements. Cependant, Nos organisations sont au regret de constater qu’à 24h du passage des lois en plénière devant les députés du CNT, des points de désaccords subsistent.

Ces désaccords concernent principalement les peines d’amendes exorbitantes qui ont été instituées à hauteur de dix à quinze millions de Franc CFA. Cela voudrait dire que le gouvernement de transition n’a pas pris en compte les amendements et surtout les inquiétudes exprimées par les organisations professionnelles des médias qui dans leur ensemble ont relevé le caractère disproportionné de ces amendes.

Lors des auditions au CNT, les différentes organisations des médias avaient demandé de maintenir les amendes aux quantums déjà maintenus dans le code de l’information de 1993. Elles tiennent du reste à saluer la disponibilité des députés.

En dépit des avancées contenues dans ces nouvelles lois, les organisations professionnelles des médias constatent que prendre en compte ces amendes de dix à quinze millions ne reflètent pas la réalité économique des médias burkinabè et que de telles amendes entraineraient la fermeture pure et simple des médias.

Par conséquent, les professionnels des médias réunis une fois de plus en assemblée générale le jeudi 3 septembre 2015 au Centre national de presse Norbert Zongo ont décidé de prendre à témoins l’opinion nationale et internationale, les organisations nationales et internationales de défenses de la liberté d’expression et de la Presse, sur le grave recul que constitueraient ces lois si elles venaient à être adoptées avec de telles peines.
C
onsidérant que la dépénalisation des délits de presse ne saurait être compensée par de fortes amendes,

Considérant que l’honneur d’une personne diffamée par voie de presse ne saurait être lavé par une forte amende

Considérant que ces amendes sont injustifiées, inadéquates et rendent ces lois inopérantes,

Nous organisations professionnelles des médias lançons un appel :
- Au gouvernement de la Transition de revoir les amendes contenues dans ses projets de lois
- Aux députés du CNT de jouer un rôle historique dans l’ancrage de la démocratie et la liberté d’expression,
- Aux professionnels des médias à se mobiliser pour faire barrage à ces peines d’amendes suicidaires.

Nous invitions les professionnels des médias à se mobiliser pour assister massivement aux différentes plénières d’adoption de ces lois le 4 septembre 2015 à partir de 8h au CNT.

Ouagadougou, le 03 septembre 2015

Ont signé :
Pour le Centre national de presse Norbert ZONGO, Boureima OUEDRAOGO
Pour l’Association des journalistes du Burkina, Guézouma SANOGO
Pour la Société des éditeurs de presse privée, Lookman SAWADOGO
Pour le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture, Siriki DRAME
Pour l’Union nationale de l’audiovisuelle libre du Faso, Charlemagne ABISSI
Pour l’Association des professionnelles africaines de la communication, Hortense ZIDA
Pour l’Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne, Cyriaque PARE
Pour l’Association des télévisions privées du Burkina, Remis DANDJINOU
Pour l’Association des éditeurs et promoteurs de journaux en langues nationales, Evariste ZONGO
Pour l’Observatoire burkinabè des médias, Jean Baptiste ILBOUDO
Pour l’Association des radios et télévisions privées du Burkina Faso, Moustapha THIOMBIANO
Pour l’Association des médias communautaires, Eugène ILBOUDO

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 4 septembre 2015 à 13:36, par SAM En réponse à : Appel des organisations professionnelles des médias contre les fortes amendes contenues dans les projets de lois sur les médias

    De quoi on peur nos journalistes ?
    Certes, nul ne conteste le rôle éminemment majeur joué par la presse, avant, pendant et après l’insurrection. C’est peu de le dire, nos journalistes ont contribué et contribuent énormément à l’éveil des consciences des populations.
    Cependant, au regard de la levée de boucliers contre cette loi censée garantir la liberté de presse et d’expression, et contribuer à un ancrage de la démocratie dans notre pays, il y a lieu de dépassionner les débats et d’analyser froidement cette question d’amende sans préjugés ni parti pris.
    Il faudrait que les uns et les autres se convainquent que l’on ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire, et à qu’à trop tirer sur la corde, elle finit par se rompre. Comment comprendre cette attitude qui frise le ridicule ?
    La dépénalisation des délits de presse admise par le gouvernement ou conquise par la presse est à saluer à sa juste valeur. C’est le fruit de la lutte des professionnels de médias et des autres démocrates épris de justice et soucieux de faire du pluralisme d’opinions une réalité au pays des hommes intègres.
    Mais que l’on se comprenne, cela ne doit pas être interprété comme une prime à l’irresponsabilité. Le journaliste n’est pas celui qui doit écrire et publier tout et n’importe quoi. Les propos diffamatoires sciemment ou inconsciemment distillés sont à bannir dans la pratique journalistique. Du reste, quelqu’un a pu dire un jour que la presse a fait plus de victimes que les canons.
    Alors plus de journaliste dans les geôles ! Mais si ce journaliste qui n’est pas un super citoyen foule aux pieds les règles élémentaires de son métier, que l’amende tombe. C’est aussi simple que cela.
    Messieurs les journalistes, pourquoi commencer à s’inquiéter de la lourdeur des amendes ? Êtes- vous convaincus que vous serez épinglés ? Si tel est le cas, alors, commencez par réviser votre copie et vive le professionnalisme.

  • Le 4 septembre 2015 à 14:32, par Marcus En réponse à : Appel des organisations professionnelles des médias contre les fortes amendes contenues dans les projets de lois sur les médias

    Tout ce qui me désole dans cette situation, c’est de voir mes anciens professeurs de droit (Michel F SAWADOGO, Augustin LOADA, Salifou DEMBELE) et quelque autre juriste prendre part à ce jeu qui vise à museler la presse et porter atteinte à la liberté d’opinion.

    Les délits de presse je ne saurais les soutenir mais je soutiens en revanche que la presse s’est améliorée et qu’elle nous permis d’apprendre un certain nombre de choses sur le gouvernement de Blaise Compaoré ainsi que sur la transition au besoin. J’ai l’impression que c’est une vengeance que le gouvernement de transition est en train d’assouvir !

    Il y a des actions urgentes à entreprendre dans d’autres domaines ; une loi sur la presse ne me paraît guère être de l’ordre de l’urgent. Et comme le projet suscite la polémique, vous n’avez qu’à laisser le gouvernement démocratiquement élu prendre les mesures appropriées.

    Si quelqu’un me dit que les membres du Gouvernement de transition est en train de se protéger une fois viré, je ne pourrai pas dire non.

    Et c’est ainsi qu’au lieu de vivre une TRANSITION ou une Transition, le Burkina a le malheur encore de ne vivre qu’une transition ! Dommage !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique