LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Côte d’Ivoire : La nécessaire transition

Publié le mercredi 6 avril 2005 à 07h44min

PARTAGER :                          

Réunis à Pretoria depuis le 3 avril dernier sous le magistère de Thabo Mbeki, les protagonistes de la crise ivoiro-ivoirienne essaient de trouver une solution au conflit politico-militaire qui divise le pays depuis le 19 septembre 2002.

Thabo Mbeki, le nouveau "faiseur de paix" en Côte d’Ivoire a prévenu : il n’est pas question de sortir de cette énième rencontre entre frères ennemis sans "un compromis politique accepté par tous". Et l’un de ses ministres a même renchéri en affirmant que s’il le fallait, il prendrait en "otage" Laurent K. Gbagbo et les autres. Un bel "optimisme" comme l’écrivait un de nos confrères que nous n’hésiterons pas, pour notre part, à qualifier "d’exquise d’hypocrisie" sur fond d’intérêts économiques.

Il n’est en effet plus un secret pour personne que la confiance est définitivement rompue entre les protagonistes actuels de la classe politique ivoirienne. Les mots et les maux (sans parler des non-dits) qu’ils se sont échangés sont à l’origine de cette rupture de confiance. Gbagbo voit dans les Forces nouvelles une "camarilla" de jeunes délinquants, instrumentalisés par les "ennemis de la Côte d’Ivoire" "pour détruire" ce beau pays. Dans le camp d’en face, Gbagbo est considéré comme un "antidémocrate primaire, adepte de la gestion patrimoniale et clanique du pouvoir d’Etat". Si la crise du 19 septembre 2002 a pu éclater, c’est bien parce que ce "déficit démocratique" avait parce que de "déficit démocratique" avait exacerbé les tensions et les rancœurs entre les protagonistes de la classe politique. Héritier d’un système démocratique "inachevé", Gbagbo s’y est lui aussi complu.

Conflits d’intérêts

Mieux ou pire, il s’est découvert un destin de "nationaliste" désireux de parachever l’indépendance d’un pays "néo-colonial" et ""vache à lait" de certaines puissances occidentales.

Première visée, la France dont nombre d’intérêts ont été remis en cause ( ou étaient en passe de l’être) en moins de deux ans de gestion du pouvoir par le FPI.

Une démarche "suicidaire" à l’heure de la mondialisation ultralibérale, où les "marchés tropicaux" sont devenus le seul débouché pour certaines puissances occidentales fortement concurrencées ailleurs par l’Oncle Sam.

Et c’est là que l’on touche aux "non-dits" d’une crise qui, derrière les "marionnettes" ivoiriennes, met aux prises des grands de la planète. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la trajectoire suivie dans le cadre de la médiation pour mettre fin à la crise. Circonscrite dans l’espace, franco-français, (Eyadéma, Wade, Bongo etc.), la médiation est devenue "internationale" avec Thabo Mbeki. Ce qui signifie clairement que Paris a échoué dans sa volonté de faire la paix dans son pré-carré, ce qui traduit une perte d’influence notoire.

Les conséquences sans doute de la chute du mur de Berlin qui a vu les alliés traditionnels devenir des concurrents à la course aux marchés porteurs.

Plus que tout autre pays, la Côte d’Ivoire est un "marché porteur" et la nouvelle donne dans la partie francophone du Golfe de Guinée ne pouvait que commencer par elle. On est mémoratif qu’au lendemain du déclenchement de la crise, quelques 200 marines avaient débarqué à Bouaké pour disaient-ils, "sécuriser" leurs ressortissants dans le pays. Paris avait aussitôt réagi en débarquant des éléments du 43e BIMA à Bouaké, stoppant du même coup, cette "offensive Yankee".

Un fait passé presque inaperçu mais néanmoins capital, la prolongation de la crise venant nous rappeler que Paris ne pouvait plus "régenter" seule la Côte d’Ivoire.

Balayer les marionnettes

C’est dire que Gbagbo tout comme les Forces nouvelles ne sont que des marionnettes qui profitent du système pour faire leur beurre sur le dos du peuple ivoirien Gbagbo, le "nationaliste" a ainsi vu son entourage s’enrichir à une vitesse exponentielle au point qu’Abidjan ne bruit plus que de rumeurs sur les réalisations immobilières et les placements financiers de ses proches parents et amis. Quant aux Forces nouvelles, elles se sont criminalisées avec les différentes "casses de la BCEAO intervenues dans le secteur de Bouaké et le racket systématique des populations. Aussi, elles ont prouvé leur incapacité à se muer en alternative politique crédible, avec les "chefs de guerre" qui constituent l’essentiel de leurs "cadres" (?) politiques.

Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ayant fait leurs preuves (l’un comme l’autre sont les "géniteurs" de l’ivoirité), il apparaît de plus en plus que la Côte d’Ivoire a besoin d’hommes neufs. C’est une solution qu’il faut envisager sérieusement car la Côte d’Ivoire et avec elle la sous-région ont trop souffert de cette crise. Les sirènes "dévaluationtionistes" qui résonnent dans certains milieux prouvant qu’il y a urgence à remettre de l’ordre dans la maison ivoire.

B. SY
Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique