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Côte d’Ivoire : Abidjan a peur, Ouaga attend

Publié le mercredi 10 novembre 2004 à 07h32min

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Le volcan ivoirien s’est donc mis en éruption. Et la lave a coulé sur les Forces nouvelles à Bouaké et à Korhogo. La coulée chaude et meurtrière aurait pu faire davantage de ravages, plus loin et plus longtemps dans les rangs des ex-rebelles, si elle n’avait, au passage emporté 9 militaires français et un travailleur humanitaire américain. Il n’en fallait pas plus pour que Jacques Chirac élève le ton.

Conséquences, 2 avions Sukhoï et 5 hélicoptères appartenant à la nouvelle flotte guerrière de Koudou Laurent Gbagbo sont détruits par la troupe des 4 000 militaires français opérant en Côte d’Ivoire sous mandat onusien. Jusqu’où iront Gbagbo et ses "patriotes" engagés dans une logique de xénophobie et de guerre dans laquelle plus aucune nationalité n’est épargnée ?

La situation reste vive et très tendue en Côte d’Ivoire et pendant que les Forces Nouvelles, depuis leur fief de Bouaké somment le président ivoirien de quitter le pouvoir. Ce dernier s’est retranché dans son palais de Cocody autour duquel les patriotes que lui et son épouse ont instrumentalisés forment une barrière humaine pour disent-ils, protéger le fils de Mama.

Si les 14 000 ressortissants français vivant sur les bords de la Lagune Ebrié sont paniqués malgré la protection que leur assurent les forces militaires françaises renforcées, quel peut être alors le sort des autres nationalités constamment prises à partie dans ces genres de débordements à l’ivoirienne ? A Abidjan, on a peur mais à Ouaga, on est encore plus effrayé. C’est ainsi qu’on pourrait qualifier le climat qui prévaut de nos jours dans les deux capitales ivoirienne et burkinabè.

Certes, les Maliens, les Togolais, les Béninois, les Guinéens, les Sénégalais et autres ne sont pas exemptés d’exactions. Seulement, constituant la plus forte communauté africaine étrangère en Côte d’Ivoire, et victimes de préjugés politiciens, les Burkinabè sont les cibles privilégiées de la furia ivoirienne.
L’histoire récente et tumultueuse entre les deux pays est assez éloquente du fait que ce ne sont pas uniquement les Français qui sont conspués, agressés, délestés de leurs biens et jetés sur les routes du come-back forcé.

Pour l’instant, selon des sources proches du gouvernement burkinabè, les "Paweto" (Burkinabè vivant en côte d’Ivoire), ne sont pas inquiétés, mais les autorités , sans s’attendre au pire, ont remis à neuf tous les mécanismes ayant déjà servi dans pareils cas. Ouagadougou, à travers l’oeil vigilant de l’ambassade du Burkina en Côte d’Ivoire, suivrait de très près les évolutions de la situation quitte à intervenir au cas où.

Une sorte de cellule de crise a réuni dans la matinée du lundi 8 novembre, les différents ministres autour de Paramanga Ernest Yonli le chef du gouvernement. En attendant, les hommes intègres croisent les doigts et les dirigeants se refusent à toute déclaration qui pourrait jeter de l’huile sur le brasier allumé par Koudou Laurent Gbagbo et entretenu avec ardeur par le "Général de la rue", Blé Goudé, ses lieutenants et hommes de rangs.

Pourvu que le mercure retombe à Abidjan et que l’on retrouve les sentiers des négociations qui pourraient conduire à une accalmie, et au cas échéant à la paix. Et ça, seul Gbagbo doit porter cette responsabilité, s’il ne veut pas continuer à gouverner sur des cadavres

Par Morin YAMONGBE
Le Pays

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