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Marie Edwige Aimée Sou, secrétaire générale de l’Association des professionnels du voyage et du tourisme du Burkina Faso (APVT-B) : « Les Tours Opérateurs ont pratiquement tous suspendu d’envoyer les touristes au Nord-Mali »

Publié le mercredi 8 août 2012 à 05h37min

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L’occupation du Nord-Mali par les islamistes d’Ansar-Dine a réduit le nombre des destinations touristiques des Tours opérateurs burkinabè. Craignant pour la sécurité des touristes, les agences du tourisme burkinabè ont même, pour la plupart annulé cette destination. Dans cette interview qu’elle nous a accordée ce mercredi 1er août 2012, Marie Edwige Aimée Sou, secrétaire générale de l’Association des professionnels du voyage et du tourisme du Burkina Faso (APVT-B), parle des activités touristiques au Burkina Faso par ces temps difficiles.

Lefaso.net : Comment se porte le tourisme au Burkina ?

Marie Edwige Aimée Sou : Dans l’ensemble il se porte bien mais il faut noter qu’il y a pleins de défis à relever à savoir convaincre l’Etat par des plaidoyers sur le poids de la fiscalité, le coût du visas, la gravité de l’insécurité et le besoin constat de son accompagnement pour le développement durable du tourisme moteur de la croissance socioéconomique du BF.

Vous affirmiez dans une interview que « les effets de l’insécurité sont durement ressentis sur vos activités ». La situation s’est-elle améliorée sur le terrain ?

Affirmatif ! Cela s’est entre temps amélioré mais hélas tout s’est empiré depuis le 22mars 2012 avec les problèmes au Mali.
Hors mis le tourisme d’affaire souvent développé et soutenu grâce aux séminaires, ateliers, manifestations et événementiels qu’abritent notre pays, le reste de formes du tourisme est frappé par les effets de l’insécurité.

Quelles sont actuellement les destinations favorites des touristes lorsqu’on sait que les villes du Nord-Mali ont de nouveaux maîtres à savoir les islamistes d’Ansar Dine ?

Les Tours Opérateurs ont pratiquement tous suspendu d’envoyer les touristes dans cette zone spécialement mais aussi dans toute l’Afrique de l’Ouest. Toutefois les circuits combinés de découverte du Bénin, du Togo ou du Ghana associent le Burkina Faso en juste 2 à 3 nuitées maximum. Cela ne nous est pas favorable mais on fait avec.
Quelles sont les difficultés auxquelles est confronté le tourisme ?
Le tourisme Burkinabé est à mon avis confronté à plusieurs problèmes dont l’insuffisance de financement entravant d’une part sa promotion sur le plan national, sous régionale et internationale et d’autre part sa valorisation pouvant créer des emplois, générer des devises, éviter l’exode rurale etc. l’une des difficultés du tourisme burkinabè est la faible accessibilité du secteur privé aux institutions financières, l’insuffisance d’organisation pour une synergie d’actions (l’exemple du SITHO) pour réussir le développement du tourisme au Burkina Faso.

Le poids de la fiscalité, même s’il ya des promesses de facilités faites par le Gouvernement suites aux rencontres secteur Public/secteur Privé institutionnalisées, l’insuffisance de la promotion de notre destination touristique aux niveaux régional, africain et international, l’insuffisance de professionnels dans le secteur tant public que privé et l’insécurité grandissante, le coût exorbitant du transport aérien et celui du visa, freinant les visiteurs potentiels constituent également des difficultés pour notre tourisme.

Quelles sont aujourd’hui les forces du tourisme burkinabè ?

Le Burkina Faso offre à ses populations et à ses visiteurs des attraits touristiques multiples et diversifiés. Le secteur privé constitue le moteur du développement de l’activité touristique. L’image d’un pays hospitalier dont les populations vivent dans la paix et la sécurité, une volonté politique de plus en plus affirmée de promouvoir le secteur des services, notamment le tourisme, une offre touristique originelle constituée de nombreux sites naturels, culturels et historiques relativement bien préservés et en phase avec la demande touristique internationale actuelle contribuent au rayonnement du tourisme au Burkina.

En plus de cela, nous avons une offre touristique dérivée constituée de réceptifs de plus en plus nombreux et de structures de prestations de services dans toutes les branches (organisateurs de voyages, unités d’hébergement, de restauration, de guidage, etc.) et aussi une offre cynégétique structurée et organisée par le ministère en charge de l’environnement qui constitue un atout considérable et un avantage comparatif qui sont des avantages pour le secteur touristique dans notre pays.

Les nombreuses manifestations culturelles qui valorisent la diversité des identités et expressions culturelles, l’organisation et l’accueil de multiples rencontres et congrès internationaux qui contribuent à développer le tourisme d’affaires, la position géographique au cœur de l’Afrique de l’Ouest offrant un accès facile à six (6) pays limitrophes, l’organisation régulière du Salon International du Tourisme et de l’Hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) institué en 2004 qui est le plus grand rendez-vous des professionnels du tourisme de la sous-région permettent d’attirer l’attention des touristes sur le Burkina Faso.

Quelles relations existe-t-il entre les agences de tourisme et les guides ?

Les guides sont indispensables à l’exécution d’un circuit touristique car ils accompagnent, guident et commentent les sites ou curiosités touristiques programmés dans le circuit. Naturellement il existe une bonne collaboration entre nous.

Cependant, au Burkina Faso compte tenu de l’insuffisance de formation des guides et de leur statut peu règlementé, ils débordent et s’érigent en tant qu’agence de voyages sans licence d’exploitation. Ce qui nous fâchent et entravent nos relations.
Toutefois l’Administration du tourisme a promis de règlementer leur statut. Du reste des formations en vue de renforcer leurs capacités sont souvent menées par le Ministère en charge du tourisme.
Personnellement, je suis sensible à leur situation et milite à trouver des chemins de dialogue et de collaboration pour la professionnalisation du métier de guide.

Quelle est aujourd’hui l’offre hôtelière du Burkina Faso ?

L’offre hôtelière du Burkina Faso est assez importante, diverse, mais inégalement répartie sur le territoire. Ouagadougou se taille la belle part, suivi de Bobo-Dioulasso.

Comment garantissez-vous la sécurité des touristes sur les sites ?

La sécurité est en effet un élément important pour tous les acteurs du tourisme, au Burkina Faso, s’il existe la police des hôtels, celle sur les sites touristiques n’est pas encore instituée. Nous utilisons le bon sens, la bonne conduite excluant les heures tardives et les sites déconseillés pour quelconque raison.
Toutefois, des échanges sont menés pour aboutir à une police des sites.

Le tourisme est un secteur qui rapporte au Burkina. Que faut-il faire pour optimiser cette rentabilité ?

En effet, au regard de l’importance du secteur, le gouvernement l’a inscrit parmi les secteurs prioritaires de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD).
L’un des objectifs stratégiques de ce document de référence est de contribuer au développement d’une économie du tourisme par la mise en place de mécanismes de financement des initiatives touristiques, l’accompagnement des professionnels du secteur et l’appui à la création de produits touristiques compétitifs.

Aussi pour contribuer à l’atteinte de cet objectif stratégique, il serait recommandable au Gouvernement d’opter pour la création du Fonds de Développement Touristique prévu dans l’article 15 de la loi n°058-2003/AN du 22 octobre 2003 relative aux établissements de tourisme et à la promotion touristique au Burkina Faso. Aux termes de cette disposition législative, le Fonds de Développement Touristique aura pour missions principales de contribuer au désenclavement et à l’aménagement des sites touristiques, à la formation et à l’encadrement professionnel des acteurs et à la promotion de la destination touristique.

Les acteurs du secteur organisé en fédération comprenant les hôteliers, les restaurateurs, les agences de voyages, les loueurs de véhicule, les guides et concessionnaires de chasse doivent davantage s’impliquer dans la professionnalisation et la promotion du secteur.

Le Salon international du Tourisme et de l’Hôtellerie de Ouagadougou dont l’atelier bilan a eu lieu le 22 juin 2012, a besoin de son autonomisation et d’une gestion plus participative pour lui permettre d’attirer plus de Tours Opérateurs, d’acheteurs professionnels en vue de programmer et de vendre les produits et services touristiques dans leurs brochures.

Jacques Théodore Balima

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