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CONFLITS AGRICULTEURS-ELEVEURS : Des biens détruits dans la Kossi

Publié le mardi 6 décembre 2011 à 00h54min

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On croyait le phénomène des conflits récurrents entre agriculteurs et éleveurs jugulé à jamais pour la quiétude et la paix sociale. Que nenni !!! En effet, Kalé, un village situé à une cinquantaine de kilomètres au Nord-Est de Nouna dans la province de la Kossi, a vu des cohabitants de jadis devenir ennemis suite à un malentendu entre un éleveur et un agriculteur. Les affrontements ont occasionné un blessé du côté des agriculteurs et une concession entièrement brûlée du côté des éleveurs. La scène s’est déroulée dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 novembre 2011. Pour mieux comprendre la situation, nous nous sommes rendus sur les lieux le samedi 26 novembre 2011.

A notre arrivée à Kalé, c’est un village calme et apparemment paisible qui nous a accueillis aux environs de 16h30. Nous avons été conduits chez le conseiller municipal du village, du nom de Drissa Dao. Après les civilités d’usage, nous avons dit l’objet de notre présence dans le village. Après un petit moment de méditation, M. Dao nous a fait savoir que c’est un problème qui a opposé les jeunes agriculteurs aux éleveurs. "Le mercredi 23 novembre aux alentours de 20h, un éleveur est venu avec son troupeau de bœufs à côté d’un champ. Le propriétaire qui s’y trouvait lui a demandé d’aller loin de son champ car il se faisait tard.

L’éleveur a refusé et une bagarre s’en est suivie. L’éleveur a frappé l’agriculteur avec son gourdin. C’est ainsi que les jeunes se sont mobilisés pour aller brûler les maisons des éleveurs entre 22h et 22h30", nous a-t-il relaté. Avant d’ajouter que la gendarmerie de Nouna a pris l’affaire en main et a déjà entendu les protagonistes. A la question de savoir si, de par le passé, il y avait eu un antécédent entre agriculteurs et éleveurs, le Conseiller municipal Dao nous a répondu par la négative. Cette version du conseiller municipal a été, à quelques exceptions près, corroborée par Drissa Gara, le propriétaire du champ en question. Rencontré chez lui aux alentours de 18h, il a donné sa version en ces termes : « J’étais dans mon champ toute la journée du mercredi 23 novembre.

A la tombée de la nuit, j’ai dit à l’éleveur de quitter à côté de mon champ ; il a refusé. J’ai appelé mes amis qui sont venus causer avec moi jusqu’aux environs de 22h 30. J’ai encore dit à l’éleveur de quitter. Il a encore refusé et c’est là que la bagarre a commencé. Je ne peux pas préciser le nombre des éleveurs mais j’ai vu 3 lampes torches braquées sur moi et c’est un seul éleveur qui m’a donné un seul coup de gourdin et je me suis évanoui. On m’a transporté au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Sono. A mon retour, j’ai trouvé que les maisons des éleveurs avaient été brûlées. Nous avons été entendus par la gendarmerie de Nouna qui est sur l’affaire ».

Des versions divergentes

Hamidou Boly et son grand-frère Ousmane Boly réfutent cette version dans certains de ses passages. Rencontrés eux aussi à domicile, c’est avec désolation, amertume et la peur dans les yeux qu’ils nous ont livré leurs version et sentiments. Tout d’abord, ils nous ont fait savoir qu’ils résident à Kalé depuis maintenant 10 ans. En 10 ans de cohabitation, il n’y a jamais eu de palabre sérieuse entre les éleveurs et les agriculteurs. C’est une seule fois qu’il y a eu une mésentente liée à une question politique mais selon leurs dires, cet aspect avait été réglé depuis longtemps. Cette fois, c’est une question de bœufs et de champ. Hamidou Boly, le cadet, nous raconte sa version pendant que son aîné, Ousmane Boly nous montrait un carnet de santé de son enfant qui avait été reçu au Centre de santé et de promotion (CSPS) de Solimana.

« Les agriculteurs ont frappé une première fois notre enfant. Je suis allé informer le conseiller que nous considérons comme notre père à tous. Il n’a pas eu la réaction qui seyait car il n’a pas cherché à nous secourir et à nous protéger. A l’issue d’une rencontre, ils ont décidé de s’attaquer à tout éleveur qu’ils verraient à côté de leurs champs même s’il ne commet pas de dégâts. C ‘est ainsi que le mercredi 23 novembre aux alentours de 20h, les agriculteurs ont chassé nos enfants avec toutes sortes d’armes. Ils ont fui laisser leurs animaux. Mais les agriculteurs les ont pourchassés jusqu’à la maison et se sont mis à tout détruire et à tout brûler. Nous étions obligés de fuir devant leur nombre.

C’est ainsi qu’ils ont brûlé quatre cases aux murs en pisé et aux toits de chaume et une case entièrement faite en paille. Ils ont brûlé mon vélo, une carte grise d’une moto Sanili communément appelée SIMBA. Ils ont aussi brûlé tous nos vêtements, notre mil, nos ustensiles de cuisine … Franchement, nous sommes déboussolés et apeurés. Nous ne savons plus que faire ni à quel saint nous vouer. De grâce, dites aux décideurs de nous venir en aide et de nous protéger car nous ne nous sentons plus en sécurité et beaucoup de nos biens ont été détruits. L’affaire est suivie par la gendarmerie, mais vraiment nous sommes très inquiets. Nous demandons une aide et une protection de l’Etat … » C’est visiblement une famille très inquiète que nous avons trouvée sur ce qui lui reste de concession. En effet, ce sont des cases dont une, aux murs en pisé et au toit de chaume, et une autre faite entièrement en paille qui sont restées après le passage des flammes dans une grande famille de plusieurs ménages.

C’est avec peine que l’aîné de la famille, Ousmane Boly, nous a dit au revoir en ces termes : « Nous vous prions de publier vite pour qu’on sache que nous souffrons et qu’on nous vienne en aide et au secours. En attendant, nous sommes très inquiets mais nous nous confions à Dieu. » De Kalé, nous avons mis le cap sur Sono distant d’une dizaine de kilomètres. Et ce, dans le but de recueillir la version de l’agent vétérinaire qui, selon les dires, aurait établi un procès-verbal de constatation ou un rapport sur les événements. Arrivés à Sono aux environs de 19h et après une vingtaine de minutes d’attente sans voir l’agent vétérinaire en question et ne disposant pas de son contact, nous étions obligés de replier sur Nouna qui est à une cinquantaine de kilomètres de là. Si on ne déplore aucune perte en vie humaine à Kalé, il faut dire que la situation reste tout de même toujours très tendue et nécessite une réaction diligente des autorités compétentes pour éviter le pire.

Hama Hamidou DICKO (Correspondant)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 7 décembre 2011 à 09:41, par Koubil En réponse à : CONFLITS AGRICULTEURS-ELEVEURS : Des biens détruits dans la Kossi

    De grace que les autorités de ce pays prennent la question au sérieux pour eviter à cette communauté le pire dans les jours à vénir.D’année en année le phénomène ne fait que atteindre tout le pays. Aussi la pyromanie qui sert de moyen d’expression face tout probblème. que fait la justice pour orienter et diriger le justiciable vers son cannal

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