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Fait de chez nous : Le boa et le vieux dozo

Publié le vendredi 29 avril 2011 à 01h28min

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Le vieux Dankoro est mort avec sa peau de boa malgré le soutien de ses confrères dozos. Personne n’a pu par son savoir sauver le vieux Dankoro qui était une référence dans la confrérie des dozos de la localité. N’est-ce pas cette confiance placée en lui qui l’a encouragé à tuer le boa sans avoir peur ? En tout cas, un autre dozo à sa place, n’aurait certainement pas levé son fusil sur ce boa qui n’était pas un serpent ordinaire vu la morphologie de sa tête. En effet, le boa avait une corne au milieu de sa tête. Sur cette corne, il y avait un nid d’oiseau. Ces deux signes rendaient ce boa extraordinaire. Aussi, il ne sortait pas les jours, mais uniquement les nuits très tard.

Surpris par Dankoro lors de ses tournées nocturnes, le boa comme un être humain a supplié le vieux dozo. « Ne me tues pas. Comme tu es un grand dozo, je t’offre en échange de ma vie un savoir qui te servira toute ta vie ». En vieux maître expérimenté de la brousse, Dankoro a accepté la proposition faite par le boa. Un verset à multiples pouvoirs est ainsi récité par le boa et sur le champ, Dankoro l’a appris. Si le boa avait tenu sa promesse, Dankoro lui, n’a pas tenu son engagement. Ainsi, à peine le verset en question assimilé, il pointe son fusil sur le boa qui s’est mis à le supplier de nouveau.

Malgré tout, il va jusqu’au bout de sa volonté qui était de tuer le boa. Après son acte, il emporte le serpent au village pour partager sa viande avec d’autres dozos. Si pour lui il venait d’accomplir un acte de bravoure, c’était méconnaître le pouvoir et le caractère sacré du boa. Toute la nuit, Dankoro n’a pas pu fermer l’œil. Tout son corps lui faisait mal. Et à chaque fois qu’il tentait de fermer les yeux, il se retrouvait devant le boa entrain de se battre contre lui. La même nuit, tout le corps de Dankoro a commencé à se couvrir d’écailles comme celui du boa. Tout ce qu’il savait faire en matière de « wack », il l’a fait pour se sauver mais en vain. Il fait appel à d’autres dozos qui sont venus tenter de le sauver. Eux tous ont mis en œuvre leur savoir faire, mais personne n’a pu changer la situation.

La peau de Dankoro est donc restée à l’image de celle d’un boa jusqu’à sa mort. Si au début il se gênait de sortir de chez lui avec sa nouvelle peau, à la longue, il partait dans tous les villages et à un moment donné, tous les villageois se sont habitués à cette image et personne ne le craignait. Selon des personnes bien informées du milieu dozo, Dankoro n’avait pas d’autre choix que de tuer le boa. Car s’il le laissait en vie, le boa allait retirer le verset qu’il lui avait offert en échange contre sa vie. Pour un dozo de la trempe de Dankoro, nous pensons qu’il était mieux de laisser le boa. Car de deux maux, il est toujours conseillé de choisir le moindre mal.

Souro DAO (daosouro@yahoo)

L’Express du Faso.fr

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