DIRIGEANTS AFRICAINS : Une souveraineté à géométrie variable
Nombreuses sont les voix qui s’élèvent sur le continent africain pour dénoncer les interventions militaires étrangères qui ont cours dans certains pays. Si le principe de non-ingérence dans les affaires d’un Etat souverain sur lequel se fondent ces différentes condamnations est reconnu et défendu par tous, il n’en demeure pas moins que ces récriminations semblent faire fi du contexte dans lequel se font ces appuis armés. Pis, certains refus brillent par leur contraste avec le comportement réel de leurs auteurs. Les cas toujours d’actualité des conflits libyen et ivoirien sont édifiants.
Les chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) ont, de façon unanime, condamné l’opération "Aube de l’Odyssée" en Libye. Ils ont, ainsi, certes, observé la vertu de la solidarité si chère au continent. Mais là où le bât blesse, c’est le silence complice qu’ils ont observé quand les soldats de Mouammar Kadhafi tiraient à l’arme lourde sur la population libyenne aux mains nues. L’UA a également fait montre de timidité dans ses prises de mesures contre l’usurpation du pouvoir par Laurent Gbagbo, président sortant de la Côte d’Ivoire.
Si bien qu’il a fallu encore un soutien extérieur, en l’occurrence celui de la France et de l’Organisation des Nations unies, pour obtenir la reddition de l’essentiel des forces militaires pro-Gbagbo et mettre fin aux tirs aveugles contre les civils. Croyant épingler les dirigeants africains qui ont eu le courage de saluer cette action salutaire de la Licorne et de l’ONUCI, Jean-Marie Doré, ex-Premier ministre guinéen, s’est fait prendre dans son propre piège en évoquant l’esprit des pères fondateurs de l’Union. En arguant que de grandes figures africaines comme Kwame N’krumah, Amed Sékou Touré, Gamal Abdel Nasser et Julius Kambarage Nyerere n’auraient pas accepté ces formes d’immixtion dans les affaires africaines, l’ancien chef de gouvernement de la Guinée Conakry semble loyalement ignorer que ces mêmes icônes citées en exemple doivent leur renommée au fait qu’elles ne se sont jamais comportées comme Gbagbo ou Kadhafi.
Et quand M. Doré préfère toujours une solution africaine à ces problèmes, il fait sans doute la politique de l’autruche en feignant de ne pas se rappeler l’insuccès des nombreuses missions pacifiques entreprises. Les opposants à la participation des Occidentaux pour la libération des peuples africains en proie à la barbarie de leurs dirigeants auraient été pris avec plus de sérieux s’ils se comportaient eux-mêmes comme de dignes héritiers de leurs devanciers. Ils auraient dû ainsi faire en sorte que l’indépendance au nom de laquelle ils réclament le respect du droit de leurs pays à décider de leur propre sort soit une réalité. Et cette promptitude à rejeter l’interventionnisme des grandes puissances doit être accompagnée de propositions plus efficaces que celles ayant déjà échoué.
Car les Occidentaux ne se seraient pas invités dans leurs démêlés si les présidents africains étaient arrivés, au lieu de se préoccuper à étoffer leurs patrimoines familiaux, à assurer à leurs nations respectives une souveraineté alimentaire, sanitaire, éducative et économique. Les pays développés auraient eu moins de raisons de superviser des élections en Afrique ou d’imposer leur Plan d’ajustement structurel aux pays en développement si les têtes couronnées du continent noir étaient animées de la même dignité que ceux qui se sont sacrifiés pour libérer le berceau de l’humanité de l’oppression coloniale.
Toute autre attitude consistant à être toujours prêt à s’humilier devant les puissances mondiales pour demander l’aide et ensuite crier à l’envahisseur quand ces dernières voudront se rassurer de la conformité de l’utilisation de ces moyens avec leurs intérêts est indigne et hypocrite. Cette souveraineté à géométrie variable, dont veulent se servir cette race de chefs d’Etat pour conserver le pouvoir auquel ils sont accrochés comme des chauve-souris à une branche, ne sera jamais effective parce qu’utopique.
Juste PATOIN
Le Pays
Vos commentaires
1. Le 7 avril 2011 à 03:42, par Mat En réponse à : DIRIGEANTS AFRICAINS : Une souveraineté à géométrie variable
Mon frère, faut-il continuer de dénoncer ces Africains sont inconséquents. A chaque crise, ils reviennent avec la litanie souveraineté, colonialisme, ingérence. J’ai écouté Doré et étais ce matin hors de moi. Je voudrais qu’il contacte les Guinéens d’Abobo Sud, PK 18... qui ont reçu les obus sur leurs têtes ce qu’ils pensent de sa sortie et l’intervention militaire qui les a délivré. Il vit dans une autre galaxie. Quand prendre t-on en compte l’intérêt supérieur des populations comme crédo de gouvernement. Doré devrait s’interroger sur la violence que son compatriote et le Nigérien ont fait sur eux-mêmes en reconnaissant la victoire de leurs adversaires. Je les admire et on devrait tous milité pour qu’ils obtiennent le Prix Nobel. Aujourd’hui, lui, peut faire du sophisme... bon, arrêtons pour ne pas tomber dans l’injure.
2. Le 7 avril 2011 à 09:43, par daniel En réponse à : DIRIGEANTS AFRICAINS : Une souveraineté à géométrie variable
Bonne analyse : la souverainté ou l’ingérence commence par l’acceptation des aides en cas d’inondation ou d’appui financier à l’organisation des élections etc.
3. Le 7 avril 2011 à 10:00 En réponse à : DIRIGEANTS AFRICAINS : Une souveraineté à géométrie variable
j’apprecie bien votre analyse. Ce genre d’article a au moins de merite de mener une reflexion personnelle.
je me permettrai de ne pas etre d’accord avec vous quant a certains arguments. M Dore a raison (meme si votre argument a son encontre semble juste), mais la difference (et a la decharge de M Dore) c’est que ces presidents qui ont voulu se faire un tant soit peu independants, n’ont pas pu rester longtemps ou ont du subir des attaques de toutes sortes et ont du survivre par la repression. Le tout dernier qui n’a pas voulu tomber dans ce travers de la repression a ete sauvagement assassiné par ses propres freres (thomas sankara). Et cela n’était qu’un epilogue pour ce qui se passe en cote d’ivoire actuellement. C’est pour dire que ces dirigeants africains ne sont pas reellement libres. Une preuve symptomatique : la position de l’union africaine sur la Cote d’ivoire. Pourquoi l’UA n’a pas suivi les recommandations de thabo Mbeki etc pour chercher bien d’autres panels, de ceci cela ... et tout ce qu’on veut...sans reellement prendre en compte les objections et demandes de gbagbo ? L’UA dispose d’un organisme de resolution de conflits, pourquoi ne l’a t-on pas utilisé et selon les mecanismes africains en vigueur ? ce probleme ne releve pas de L’ECOMOG, mais de l’UA, alors pourquoi le remettre a l’ecomog ? pourquoi l’UA n’a pas eu la possibilité (ou le courage) de se saisir pleinement de cette question politique etc ? parce que les chefs d’etats ne sont pas libres ou plutot n’ont pas eu le courage d’affirmer leur souverainete comme l’auraient fait ces chefs d’etats dont parle M Dore. L’UA s’est soumise aux pressions de l’union europeenne qui les finance (sur action de la france et usa qui ont justement des visées pas du tout rejouissantes sur l’avenir de l’afrique) Or justement les 2 elements cles pour l’avenir de l’afrique, ce sont la cote d’ivoire et... la guinee (il n’y a pas de hasard quand a l’évolution de ces 2 pays). Malheureusement la presse africaine a occulté les implications et enjeux importatnts de cette crise pour jouer le plan des occidentaux de la diabolisation de gbagbo, comme cela aavait bien marché contre Dadis. Sur quelles bases sarkhosy peut-il donner un ultimatum a un president d’un pays souverain (ou en tout cas sensé l’etre avec ses institution, etc) pour quitter ses fonctions (meme s’il considere qu’il a volé les elections) ? Bush a volé les elections face a al gore ? Qu’a t-il dit ? quel pays a osé lever le petit doigt ou faire le moindre petit commentaire ? qu’a t-il dit par rapport à l’ukraine etc ? de quel droit un ministre des affaires etrangeres (m Juppé) peut-il EXIGER qu’un president d’un pays independant et souverain (fut il mal elu selon lui) de signer un papier disant que c’est son concurrent qui a gagné. Si ouattara a gagné il n’y a pas besoin de tout cela !!! tout simplement parce que les chefs d’etats africains ne sont pas libres contrairement a ceux qui tentaient d’affirmer un minimum de souverainete pour leur pays et dont parle M Doré. C’est la nuance. Quand on ecoute bien M Gbagbo le probleme des elections ne sont pas des problemmes, ils auraient etre resolus en une ou deux reunions entre africains si on avait voulu s’ecouter. Et pourquoi on ne s’est pas ecoutes ? A cause d’interets exterieurs a ceux des populations africaines. Et c’est la que l’on reconnait le dirigeant qui aime son peuple, son continent et est surtout RESPONSABLE.
SOME
Le 7 avril 2011 à 15:26, par Glory be to God En réponse à : DIRIGEANTS AFRICAINS : Une souveraineté à géométrie variable
Some merci bcp. Si seulement les gens pouvaient comprendre réellement ce qui se passe en Cote D’ivoire, ils ne diaboliseraient Gbagbo de la sorte.
Il y a eu bcp d’intoxication dans l’histoire de la CI mais Dieu ouvrira bientôt les yeux aux Africains.
Le 7 avril 2011 à 19:40, par wendbenedo En réponse à : DIRIGEANTS AFRICAINS : Une souveraineté à géométrie variable
Voyez vous même Mr Glory be to God que Gbabo n’a pas seulement que des ennemis au Burkina ! Mr Some que vous semblez apprecier la position est bien Burkinabè, pas Ivoirien !!!! Alors gardez vous de generaliser et c’est cette attitude qui a plongé la CI là où elle se trouve !!! Alors ouvez l’oeil et les meninges et ne regardez que l’intérêt de la CI !!!!
4. Le 7 avril 2011 à 13:07, par nike En réponse à : DIRIGEANTS AFRICAINS : Une souveraineté à géométrie variable
Oui un sujet qui n’a rien à voir avec la "politique" directe, c’est bien celle de la santé. Vous me direz que je suis hors sujet. C’est même certain mais je prends le risque de le dire : Nous allons en France pour soigner nos petits bobos et nos grands aussi ! On envoie des étudiants en Europe pour la formation mais l’Etat ne les achète pas du matériel adéquat à leur retour et on continue d’envoyer des malades qui auraient pu bénéficier de soins au pays à moindre frais ! « L’Afrique » une certaine Afrique reste, je suis désolée de le dire la vache laitière de certains pays émergeants qui font une fortune en matière de santé sur le dos de "pays pauvres" qui refusent encore de mettre l’argent là où il faut ! Je suis témoin des millions versés pour soigner un cancer dans un autre pays qui n’est pas d’Europe. L’Etat doit payer l’hospitalisation comme si on logeait le malade dans un hôtel cinq étoiles, et que dira-ton si c’était en Europe ! Le médecin étranger facture parfois…sans aucune possibilité de contrôle. Si seulement on pouvait faire des investissements là où il fallait ! Bravo à certains politiques qui ont le souci de la santé et de l’éducation de leurs peuples.
Pourquoi devrais-je voter pour un candidat qui a brandit les armes sur son peuple !!!Assez ! Nous voulons des pacifiques à la tête de nos états ! C’est nous qui donnons l’occasion à la France et aux autres d’intervenir chez nous. Les pauvres et simples citoyens comme moi, ne peuvent rien faire, mais nous pouvons peut-être dire ensemble, plus jamais la guerre ! Nous voulons la paix, une meilleure santé et une meilleure éducation pour nos enfants. Osons une auto critique plutôt que d’accuser les voisins .
5. Le 7 avril 2011 à 13:10, par nike En réponse à : DIRIGEANTS AFRICAINS : Une souveraineté à géométrie variable
Oui un sujet qui n’a rien à voir avec la "politique" directe, c’est bien celle de la santé. Vous me direz que je suis hors sujet. C’est même certain mais je prends le risque de le dire : Nous allons en France pour soigner nos petits bobos et nos grands aussi ! On envoie des étudiants en Europe pour la formation mais l’Etat ne les achète pas du matériel adéquat à leur retour et on continue d’envoyer des malades qui auraient pu bénéficier de soins au pays à moindre frais ! « L’Afrique » une certaine Afrique reste, je suis désolée de le dire la vache laitière de certains pays émergeants qui font une fortune en matière de santé sur le dos de "pays pauvres" qui refusent encore de mettre l’argent là où il faut ! Je suis témoin des millions versés pour soigner un cancer dans un autre pays qui n’est pas d’Europe. L’Etat doit payer l’hospitalisation comme si on logeait le malade dans un hôtel cinq étoiles, et que dira-ton si c’était en Europe ! Le médecin étranger facture parfois…sans aucune possibilité de contrôle. Si seulement on pouvait faire des investissements là où il fallait ! Bravo à certains politiques qui ont le souci de la santé et de l’éducation de leurs peuples.
Pourquoi devrais-je voter pour un candidat qui a brandit les armes sur son peuple !!!Assez ! Nous voulons des pacifiques à la tête de nos états ! C’est nous qui donnons l’occasion à la France et aux autres d’intervenir chez nous. Les pauvres et simples citoyens comme moi, ne peuvent rien faire, mais nous pouvons peut-être dire ensemble, plus jamais la guerre ! Nous voulons la paix, une meilleure santé et une meilleure éducation pour nos enfants. Osons une auto critique plutôt que d’accuser les voisins .