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Parlement panafricain : Des symboles et des espoirs

Publié le mardi 21 septembre 2004 à 07h37min

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Le 17 septembre 2004 sera marqué d’une pierre blanche dans les annales politiques du continent africain. L’ouverture de la première session du parlement panafricain, 41 ans après l’avènement de l’OUA, fait accélérer d’un cran la dynamique d’intégration. Depuis deux ans qu’elle s’est muée en UA, l’ex-OUA a connu un nouveau départ avec, à la tête de la Commission, un homme convaincu de l’idéal panafricain, Alpha Omar Konaré.

L’installation du parlement, malgré des moyens insuffisants et des pouvoirs quasi-inexistants, traduit donc la volonté de la nouvelle organisation continentale d’asseoir dans un délai raisonnable ses institutions politiques.

En quelques années, l’UA a fait montre d’un engagement auquel l’OUA ne nous avait pas habitués. Le parlement qui vient d’être porté sur les fonts baptismaux, suscite donc beaucoup d’espoir. Il est désormais permis de croire à une intégration des peuples, incarnée par les députés.

Certes, les chefs d’Etat ont une légitimité populaire mais le mode de fonctionnement des sommets n’a pas permis, jusqu’à présent, d’impliquer directement les populations à la marche du continent. On en veut pour preuve les nombreux obstacles à la libre circulation des biens et des personnes qu’aucun dirigeant n’a pu supprimer. On en veut aussi pour illustration les différends qui minent le continent et entravent son développement.

Tous les mécanismes créés par les chefs d’Etat n’ont pu éviter le désastre économique et social dans lequel un grand nombre de pays est plongé.

Mais que peut faire un parlement sans ressources propres et sans réels pouvoirs, dût-il être marqué du sceau de la légitimé populaire ? Assurément, ce conclave des élus est surtout chargé, pour le moment en tous cas, de symboles. L’Afrique du Sud, par son histoire tourmentée et sa cohésion socio-politique retrouvée, est l’incarnation de l’Afrique de demain. Elle était donc bien indiquée pour abriter le parlement. Le choix d’une femme, Gertrude Mongella, une militante de la cause panafricaine aux côtés de Julius Nyerere, est aussi symbolique.

C’est la preuve que désormais, l’élite africaine n’est pas seulement réservée à la gent masculine. Elle doit refléter le destin partagé de tous les fils du continent, sans exclusive aucune. Des symboles, il y en a donc à profusion. Reste que les parlementaires doivent dépasser cet aspect idyllique de leur rôle , pour ancrer véritablement leur action dans le sens des aspirations des populations.
Celles-ci se résument en davantage de démocratie, de justice, d’Etat de droit, de liberté et de bien-être social. Or, sans autorité politique et morale forte, le parlement n’est qu’une coquille vide, juste bonne à meubler le dispositif institutionnel de l’UA.

Le parlement doit, à brève échéance, se donner les moyens financiers et juridiques nécessaires pour jouer son rôle de contre-pouvoir face à l’exécutif, à l’instar des systèmes politiques en vigueur dans les Etats démocratiques. Mieux, il a l’impérieux devoir de servir de modèle à tous les parlements nationaux élus sur la base de scrutins irréprochables. Cette première cuvée d’élus africains aura toutefois du mal à faire passer ce message si l’on considère qu’elle a été simplement désignée parmi les députés nationaux.

Le prochain défi du parlement panafricain consiste donc à élire directement ses députés, à l’instar du modèle européen. Car les désignations, telles qu’elles ont été opérées, furent controversées. Le groupe parlementaire majoritaire a dicté sa loi et permis la désignation de qui il veut. Ce mode de choix pourrait entacher le nouveau linge propre que le parlement vient de revêtir.

Le Pays

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