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Bénin : Tous contre Yayi ?

Publié le mardi 26 octobre 2010 à 04h15min

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C’est plus que jamais le temps des regroupements et des coalitions politiques au Bénin. A quelques mois de la prochaine élection présidentielle, l’effervescence politique est à son comble, dans une ambiance plutôt tendue, entre la prolifération d’affaires de toutes sortes, dans lesquelles le pouvoir en place est mis au ban des accusés, et la volonté affichée d’une bonne partie de la classe politique et de l’opinion nationale de mettre un terme, dans les urnes, au changement incarné par l’actuel chef de l’Etat, Thomas Boni Yayi, depuis 2006.

Si les Sénégalais –du moins une partie de la classe politique- ont déjà annoncé leur volonté de… « changer le Sopi » (changer le changement) de Me Abdoulaye Wade, face à ce qu’ils appellent la « dévolution monarchique du pouvoir », en référence à la montée en puissance de son fils, Karim Wade, dans l’appareil d’Etat, les Béninois n’ont pas, eux aussi, de mots assez durs pour qualifier les… maux du changement. « Ça doit changer », « Ça va changer », scandaient les slogans de campagne du candidat Boni Yayi, en 2006. Un slogan qui a fait mouche, dans un contexte où l’aspiration au changement était on ne peut plus grande. Le désir de changement était si patent que l’homme qui semblait l’incarner le mieux, n’ayant pas été trop « mouillé » par les longues années de la politique politicienne daho-béninoise a logiquement été propulsé au Palais de la marina, par une foultitude d’organisations politiques et de la société civile.

Mais, apparemment, passé les premiers moments d’euphorie, le réveil a été difficile pour nombre de supporters du nouveau venu, un « intrus » qui s’est finalement défendu de bien « connaître la maison ». Ces derniers mois auront été bien éprouvant pour le locataire du Palais de la Marina à Cotonou, qui se démène dans plusieurs affaires, dont la plus retentissante reste celle dite « ICC Services ». Une brèche sociale dans laquelle s’engouffre avec bonheur l’opposition, qui va même jusqu’à demander la traduction du chef de l’Etat devant la Haute cour de justice. Et, dans les schémas envisagés pour réussir une alternance au sommet de l’Etat en 2011, des forces politiques jusque-là divisées, qui se sont même vigoureusement affrontées par le passé, se découvrent une mordante passion commune et se mette en ménage. Un mariage de « carpes et de lapins » pour « sauver le Bénin d’une dérive totalitariste » annoncée et mettre fin à un « régime liberticide », qui n’en finit pas de bâillonner les libertés et de mettre l’exemplaire démocratie béninoise en péril.

Et l’on peut se demander à juste raison comment Thomas Boni Yayi a pu ainsi se mettre (presque) tout le monde à dos, dilapidant son énorme potentiel de 75% de voix qui l’ont porté au pouvoir. Au point même que nombre de ses anciens « copains » cheminent déjà, au grand jour ou en sous-main, avec ceux qui ont juré sa perte. C’est dans cette ambiance délétère que Front pour la défense de la démocratie (FDD) vient de voir le jour, faisant le constat que « le Bénin va mal. La situation est catastrophique à tous points de vue. Le pays est au bord du gouffre ». Regroupant des organisations syndicales et de la société civile, ainsi que des partis politiques, ce front atteste que « tout change, c’est vrai, mais hélas, de mal en pis », et se pose comme le garant « d’une œuvre de salubrité publique et de salut national », en vue de « restaurer un Bénin debout, libre, fier, riche de sa diversité et ancré dans la démocratie, l’Etat de droit et le pluralisme politique ». Rien moins que ça !

Le Front pour la défense de la démocratie n’est pas seul dans cette dynamique, du moins si l’on considère la noblesse de la démarche. On annonce en effet, pour ce 26 octobre 2010, la naissance d’un nouveau mouvement dénommé « G50 », et qui rassemblerait… cinquante partis politiques, associations et mouvements politiques ainsi que des groupements de femmes, de jeunes et d’autres.

L’acte de naissance de ce « creuset new look » devrait intervenir au Stade Charles de Gaulle de Porto-Novo, la capitale politique béninoise, en présence, annonce-t-on, de 20 000 personnes. Se positionnant pour l’instant comme un mouvement « neutre et impartial pour servir de médiation éventuelle entre les dinosaures de la politique béninoise », le « G50 » ne part pas moins sur un double symbole : éclore à Porto-Novo, la ville où a été proclamée l’indépendance du pays, et un 26 octobre, qui rappelle le déclenchement de la révolution du 26 octobre 1972.

Au-delà des symboles et des missions de ces innombrables regroupements et positionnements politiques, qui s’entrechoquent, il faut espérer que la démocratie béninoise saura reconnaître ses vrais défenseurs et garants, pour rester un tison vertueux dans la marche du continent vers plus de progrès et de développement.

Serge mathias Tomondji

Fasozine

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