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DEPLACES DU BARRAGE DE TOECE AU PASSORE : 16 ans après, toujours pas de dédommagements

Publié le lundi 25 octobre 2010 à 03h16min

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Ouono, à 18 km de Yako dans la commune de Gomponsom, est un des villages qui est situé sur les berges du barrage de Toécé réalisé par Oumarou Kanazoé (OK). Si les effets induits de ce gigantesque ouvrage qui fait le bonheur des populations riveraines sont palpables, il reste un pan entier à régler : le cas des déplacés de Ouono pour cause des travaux de construction du barrage. Seize ans après, ils attendent toujours d’être dédommagés et lancent un cri du cœur au gouvernement afin que leur sort connaisse un traitement plus adéquat.

Lorsque "Le Pays" a été approché par un des ressortissants pour porter le message de ses concitoyens à l’opinion et au gouvernement, nous nous sommes déporté immédiatement dans le village de Ouono et précisément dans le quartier de Tangzougou le dimanche 17 octobre 2010. A notre arrivée dans la concession du vieux Tipousga Kalaga à 12h 30 mn, certains des membres de sa grande famille devisaient tranquillement à l’ombre d’un raisinier. En un quart d’heure, le temps des salutations d’usage, nous voici en face de six autres patriarches venus des concessions voisines, l’air visiblement enthousiaste de pouvoir enfin porter à l’opinion et au gouvernement ce message qu’ils détiennent par devers eux depuis 16 ans. En effet, c’est depuis ce temps qu’ils ont été priés de quitter leur lieu d’habitations ancestrales pour que soit construite la digue de ce qu’il est initialement convenu d’appeler barrage Oumarou Kanazoé, ce richissime fils du Burkina natif du Passoré.

En son temps, raconte le vieux Tipousga, il avait été procédé au recensement des maisons par des responsables prétendant parler au nom de OK en compagnie toujours des représentants de l’administration déconcentrée et de certains coutumiers. « Notre seule requête était que l’on nous construise des forages pour nous rapprocher de l’eau potable », se rappelle-t-il. « Nos interlocuteurs nous avaient donné un mois et, pour nous rassurer davantage, promesse avait été faite de nous apporter de l’aide sans autre précision à la hauteur de la difficulté du déplacement », poursuit-t-il. Depuis lors, plus rien. Le forage promis pour un mois n’a été réalisé qu’en 2010 par l’Association Rad néré des Amis de Ernée à Gomponsom (ARAEG), soit 15 ans après. Un an après la délocalisation, chaque chef de famille, à l’image de tout le village et non des déplacés seulement, a bénéficié de deux à trois sacs de mil. "C’est toute l’aide promise que nous avons reçue", se lamente le vieux Issa.

Selon les sept chefs de famille qui se disent chacun à la tête d’au moins 30 personnes, leur nouveau quartier est situé à 2 km de l’ancien qu’ils ont abandonné avec toutes les difficultés possibles. D’abord, la construction de nouveaux logements, d’ailleurs précaires, a été un calvaire pour tous au regard de l’éloignement du point d’eau. Ensuite, le transport des agrégats et de l’eau n’a pas été du tout facile. A cela s’ajoute la perte de certains patrimoines traditionnels (fétiches et espaces préparés que l’on ne peut bouger). Des hangars pour commencer suite à la pression à laquelle ils ont été soumis aux maisons en tôles aujourd’hui en passant par celles en toit de bois, les déplacés ne sont toujours pas à l’abri de la furie des eaux avec ces pluies abondantes. En témoignent, selon eux, les maisons écroulées dont les restes sont toujours visibles. Cependant, « nous ne remettons pas en cause les bienfaits du barrage.

Bien que nous assistions impuissants au spectacle de va-et-vient des hommes et leurs camions transportant leur engrais et la riche production réalisée, nous sommes convaincus de l’apport de l’ouvrage. Seulement, nous demandons un dédommagement comme cela se fait dans d’autres localités du Burkina », a résumé Boniface Dianda, porte-parole des déplacés, qui affirme également que « le village de Toécé n’existe que par la cour du chef ; toutes les autres étant dispersées entre les villages de Dourou et de Nioniongo ». A l’unanimité, les 7 responsables des familles lancent un cri du cœur au gouvernement pour une résolution de leur problème, les politiciens de tous bords s’étant contentés jusque-là de promesses surtout lors des campagnes électorales. Pour le patriarche Issa, « nul doute que les autorités réagiront à leur cri de détresse ».

Abdoulaye DIANDA (Collaborateur)

Le Pays

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