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Suite et fin de l’EducTours 2010

Publié le samedi 2 octobre 2010 à 01h30min

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Une partir de l’équipe de l’Educ Tour posant au pied des pics de Sindou

Des pics de Sindou aux Ruines de Loropéni en passant par le baobab sacré de Toumousséni et le village des potières de Kawara, les deux derniers jours de l’EducTours 2010 ont mis en évidence les potentialités touristiques et culturelles de l’Ouest et du Sud-ouest burkinabè.

Le 28 septembre, troisième jour de l’Educ Tour 2010, l’équipe est partie tôt le matin pour Sindou, petite ville abritant les majestueux pics qui portent son nom, située au fin fond de la partie ouest du Burkina. L’équipe est accueillie par le guide des lieux, Tiémoko Ouattara, un homme courtois et très passionné par son métier. Il fait un rapide cours historique des lieux, donne des consignes de bonne conduite sur les lieux, après quoi, le peloton s’élance pour la montée des pics.

Epreuve, certes pas très difficile mais qui nécessite quand même une certaine solidarité entre les « alpinistes d’un jour » : les plus forts aident les moins forts à escalader les rochers et à éviter les faux pas que l’effort pourrait provoquer. Une bonne dizaine de minutes a suffit aux touristes pour parvenir au plateau des pics, situé à 402m d’altitude. C’est là que commence réellement la visite avec le cours archéo-historique du guide Tiémoko Ouattara.

Vue du baobab sacré de Toumousséni

« A 560 mètres d’altitude, les pics de Sindou sont le troisième site le plus haut du Burkina », explique t-il. Selon les études géologiques, ces pics sont le produit du retrait de la mer depuis le précambrien il y a 570 millions d’années. Le plateau des pics sur lequel se fait la visite est vaste de cinq kilomètres de long et un kilomètre de large. Plusieurs activités touristiques à en croire le guide peuvent y être organisées. « Ce plateau était d’abord habité par les Sénoufo Wara, venus de la région de Bandiagara et le site sert de lieu de culte pour la population qui y fait des sacrifices dédiés aux ancêtres » confie- t- il.

Polythéiste, il y a chez l’homme Sénoufo, la croyance selon laquelle la vie comporte trois dimensions : l’immédiateté, c’est-à-dire l’être humain en chair et en os, puis les ancêtres et enfin l’esprit, les seconds servants d’intermédiaires entre les humains et l’esprit. Aux ancêtres, on fait des sacrifices pour solliciter leur bienveillance, les remercier d’avoir exhausser les vœux, ou, et ça arrive, pour manifester un mécontentement !
Après les pics de Sindou le convoi a repris sa route pour Kawara, qui signifie en Sénoufo « Viens à moi, j’ai du poisson pour te nourrir », village réputé pour la dextérité de ses potières dans la fabrication des ustensiles en terre cuite.

Les Ruines de Loropéni

Ce sont des femmes en pleine activité de fabrication des canaris que les "eductouristes" ont trouvé sur place. Visite guidée avec toujours Tiémoko Ouattara, quelques prises de vues puis retour dans la ville de Sindou pour la pause. A l’arrivée, c’est un accueil des grands jours que la population a réservé à l’équipe : tambours, chants, musique, danse des masques etc., rien n’a été ménagé pour souhaiter la bienvenue à l’équipe de l’Educ Tour 2010. Les réjouissances ont continué durant tout le temps du déjeuner et du repos des visiteurs. C’est aux environs de 14h que l’équipe a repris la route, accompagnée jusqu’à la sortie par les chants et les pas de danse de la population de Sindou.

Avant de rentrer à Banfora, la dernière attraction touristique de la journée à visiter est celle du baobab sacré de Toumousséni. Nous sommes accueillis par le 31è et actuel gardien et héritier du baobab sacré, Noumbié Koné. Sans protocole, il commence à égrener le chapelet historique de leur joyau. Noumbié Koné franchit la porte du baobab et invite ses hôtes à le faire : « Entrez, ne vous inquiétez pas, il peut contenir jusqu’à 80 personnes ». Certains hésitent mais d’autres, courageusement rejoignent M. Koné dans la "chambre du baobab". C’est un intérieur aménagé et quotidiennement balayé par le gardien du baobab. On y trouve l’eau de bénédiction ou de purification, "l’antenne" du baobab et le fétiche.

Selon le gardien Koné, ce baobab qui a plus de 300 ans a protégé la population de Toumousséni contre l’armée de l’Almamy Samory Touré. Le baobab se serait ouvert pour laisser entrer tous les habitants du village avant de se refermer tandis que les abeilles assuraient la garde au dehors. La détermination des abeilles auraient eu raison de Samory Touré et ses soldats, contraints de battre en retraite et quitter le village sur la pointe des pieds. « Je suis le 31è gardien du baobab et après ma mort c’est le baobab lui-même qui choisira son homme. Nous sommes fiers de ce baobab », s’est réjoui le vieux Noumbié Koné.

Le dernier jour de l’Educ Tour, l’équipe est partie très tôt à six heures et demie de l’hôtel Cascades Palace pour les Ruines de Loropéni, seul site à visiter avant de continuer sur Ouaga. La route Banfora – Gaoua n’étant pas goudronnée, il a fallu trois heures de route pour arriver aux Ruines, premier site burkinabè à être classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Hauts de 6 mètres, les murs construits en pierres au XIè siècle, couvrent une superficie totale d’environ 11130 m², partagée en deux compartiments principaux à l’intérieur desquels se trouvent des sous- compartiments de forme rectangulaire. Le 26 juin 2009, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a décidé de reconnaître à l’unanimité la valeur universelle, l’authenticité et l’originalité des ruines de Loropéni.

Il faut suffisamment de temps au visiteur pour mieux apprécier la portée historico-culturelle, voire civilisationnelle des Ruines, ce qui a manqué à l’équipe, pressée de rejoindre Ouagadougou. Une pause technique à Gaoua, en pays Lobi, un peuple qui a donné du fil à retordre aux envahisseurs coloniaux ! Un confrère raconte : « Dans chaque maison, il y a une échelle et une ouverture sur le toit par laquelle le Lobi s’échappait pour rejoindre les collines qui ceinturent le village. De là, les villageois envoyaient les flèches empoisonnées contre les colons français venus les conquérir ».

La nuit commence à tomber. Le conducteur du car, un professionnel de la route, file droit sur Ouagadougou ! Les dieux de la mécanique vont nous abandonner pendant quelques heures, mais on finit par rejoindre la capitale. Le lendemain, c’est une équipe presqu’au complet qui assiste à la cérémonie officielle d’inauguration du Sitho 2010 par le ministre Filippe Savadogo

Koundjoro Gabriel Kambou et Joachim Vokouma

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