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Il était une fois un 1er septembre : D’un grand mal peut naître un grand bien

Publié le mercredi 1er septembre 2010 à 01h26min

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Aujourd’hui 1er septembre 2010, il y a un an, jour pour jour, que Ouagadougou se réveillait sous un véritable déluge. Il ne manquait plus que l’arche de Noé, titrions-nous justement notre « Regard sur actualité » sur cette catastrophe (cf. L’Observateur Paalga du mercredi 02 septembre 2009). 279,3mm d’eau en une seule journée !

Les historiens du temps disent qu’il faut remonter jusqu’au 31 août 1914, où Bobo-Dioulasso avait reçu 246 mm d’eau, pour voir de telles hallebardes s’abattre en 24 heures sur une seule ville au pays des hommes intègres. C’est dire l’ampleur du phénomène et les dégâts causés par la furia des eaux.

Avec, entre autres, une dizaine de morts, 150 000 sinistrés, des dizaines d’édifices publics et d’ouvrages d’art endommagés, des maisons effondrées, les conséquences d’un surplace de nuages (la cause des fortes précipitations enregistrées) ont presque tout emporté sur leur passage. Force est de reconnaître et de saluer, à cet effet, le travail remarquable de l’armée et des corps paramilitaires, qui ont permis de limiter les dégâts. Que dire de l’élan de solidarité, dans un premier temps, entre les citoyens eux-mêmes à travers une entraide et, ensuite, à l’échelle nationale avec les contributions et les réponses à l’appel du Président du Faso, Blaise Compaoré, sinon qu’il aura prouvé, si besoin en était encore, que l’union fait la force ?

Un an après, les stigmates sont encore visibles à maints endroits de la ville et même dans les esprits à en croire la psychose engendrée par les précipitations d’hier mardi matin, vues par plus d’un Ouagalais comme les prémisses d’un nouveau déluge, qui plus est en plein anniversaire. Il faut dire qu’un pays comme le Burkina Faso n’était pas préparé à subir une telle catastrophe.

Et de fait, le déluge aura ramené en surface de nombreux problèmes plus ou moins connus mais sur lesquels on fermait les yeux : l’hôpital Yalgado-Ouédraogo, situé dans le lit d’un barrage et qui n’a eu jusque-là qu’un mur en béton armé pour le protéger de nouvelles crues ; les zones inondables, où des établissements publics ont pourtant été construits et où des citoyens se sont installés et ont même acquis des PUH et des titres fonciers, mettant à nu des lotissements hâtifs sans viabilisation préalable ; le manque de système de drainage des eaux pluviales digne de ce nom ; le Parc Bangr Wéogo dont le plan d’aménagement a besoin d’être diligenté compte tenu de sa situation de point de convergence de 70% des eaux de ruissellement de la capitale ; le manque de dispositif pérenne et efficace d’intervention en matière de gestion des catastrophes (les limites opérationnelles objectives du CONASUR ont ainsi été démontrées).

Inconscience, laxisme, impéritie… dans le comportement et la construction des infrastructures. C’est ce cocktail détonnant qui a produit les résultats que l’on sait. Mais, à quelque chose malheur est bon ; en d’autres termes, il y a toujours quelque avantage à tirer de nos malheurs, dont le grand mal du 1er septembre 2009. Le sinistre aura eu au moins l’avantage de révéler des failles dont les autorités semblent avoir pris la pleine mesure. En témoignent, entre autres, la mise en œuvre du plan général d’organisation des secours (plan ORSEC) avec des unités par région pour intervenir d’urgence, et le déguerpissement des zones inondables en cours.

La douche froide du déluge aura donc eu le mérite de nettoyer certaines malpropretés de notre gouvernance. Comme quoi, mieux vaut tard que jamais, surtout quand on sait justement que gouverner, c’est prévoir. Et quelquefois, il faut un grand malheur pour ouvrir les yeux aux gens et leur faire prendre enfin certaines décisions. Un an après, alors que tous les problèmes consécutifs à cette pluie diluvienne ne sont pas encore résolus, parmi lesquels le recasement des sinistrés et le dédommagement de certaines victimes, c’est peut-être ces leçons qu’il faut retenir. Un homme prévenu en vaut deux.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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