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Lutte africaine, danse et chants au Sourou : Un Festival signé Saran Sérémé

Publié le mercredi 28 avril 2010 à 02h49min

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La député Saran Sérémé

La député Saran Sérémé, grâce à son festival de lutte, veut créer les conditions pour l’émergence de la lutte qui gagne au Faso. Elle y croit dur comme fer. Pour elle, c’est même une affaire de passion. Autant dire une belle qui a trouvé sa place dans un monde de brutes.

Vous êtes promotrice d’un festival d’envergure internationale. Qu’est-ce qui vous motive depuis tant d’années ?

La lutte traditionnelle est le sport de prédilection du pays san et valeur culturelle par excellence. En tant que fait culturel et sportif, il est un puissant vecteur de brassage et d’échange inter et intra communautaire et est l’expression de la force et de la vitalité de nos populations, l’affirmation de notre identité en pays san et même dans l’espace africain. De ce fait, il est un élément fédérateur fondamental dans ce contexte de mondialisation où seuls les grands ensembles peuvent espérer, se faire entendre dans le concert des nations.

En outre, il est évident que le métissage culturel, qui découle de l’évolution de nos sociétés vers les fondements du modernisme, s’opère au détriment de certaines de nos valeurs dont l’effritement nous entraîne inéluctablement vers la perte de notre identité, la décadence sociale croissante, limitative des efforts déployés par nos plus hautes autorités pour l’atteinte du développement intégré par le biais de l’intégration des peuples.

C’est dans ce cadre, que nous avions promu et souhaitions pérenniser le Festival international de lutte africaine, danse et chants au Sourou (FESTILADC) qui est à sa 8e édition cette année. Il s’inscrit dans la dynamique d’action de sauvegarde de notre patrimoine, instrument de promotion d’éducation et de mobilisation sociale, de renforcement des échanges communautaires, de maintien de la paix, de cohésion et d’intégration des peuples, en vue d’apporter notre pierre à l’édification de l’immense chantier entamé.

Le sport vous semble-t-il incontournable dans le processus d’intégration ?

J’en suis convaincue. Le sport est un facteur essentiel d’échange, de cohésion et de promotion de la paix, et je me réjouis du fait que la CEDEAO l’ait compris, en instituant un Centre de développement de la jeunesse et du sport qui mène plusieurs activités sportives (lutte traditionnelle, football, jeux de mains, cyclisme…) et l’UEMOA qui a également institué un tournoi sportif sous régional. Si l’intégration économique des Etats est un fait, l’atteinte de l’intégration des peuples est un challenge à relever, notamment par la sauvegarde de patrimoines communs.

Toute action traditionnelle n’est pas forcément dégradante, ni rétrograde. Pour affronter les défis à elle exposés, la jeunesse doit apprendre à mieux connaître son passé, sauvegarder le meilleur, à fusionner son énergie, afin d’envisager l’avenir sereinement dans la paix et la cohésion dans les terroirs. Un peuple qui s’ignore se perd et ne peut espérer un avenir meilleur.

De la même manière que les Japonais et les Chinois… ont fait la promotion de leurs sports traditionnels tels que le viet vo, le judo, le tai kondo… nous devrions également faire la promotion de notre sport culturel qui prône les mêmes valeurs sans être obligés de tout imiter chez les autres. Apparemment, vous avez une grande passion pour la lutte…

Je ne m’engage dans une cause que par conviction et non par obligation. Quand on est convaincu, on est convaincant. En tout état de cause, en m’engageant à promouvoir la lutte, je m’engage à atteindre les objectifs assignés. Mais l’affaire est loin d’être personnelle. Si l’action se pérennise, c’est qu’elle est épousée par l’engagement d’un ensemble de personnes. Je ne fais qu’accompagner les politiques des plus hautes autorités, des institutions régionales et accomplir la volonté des populations.

Toute cette adhésion m’encourage énormément et me stimule à aller plus loin dans mes engagements pour la promotion de la lutte. J’aimerai faire venir les lutteurs Shumos, qui ont su valoriser leur art, afin d’échanger avec eux et faire connaître à nos populations le même art pratiqué à des milliers de km de chez nous, avec gloire et succès.

La lutte traditionnelle doit être lucrative pour ses pratiquants comme au Sénégal, Niger, Japon….Tout en félicitant nos autorités pour leur engagement à la promotion du sport, nous pouvions, au-delà de l’effort déjà consenti, permettre l’atteinte du mieux-être de nos populations par la pratique de ce sport culturel.

Le prochain festival est prévu pour le 08 mai. Peut-on avoir une idée de la couleur de cette 8e édition ?

J’ai la chance d’avoir comme partenaires officiels, le CDJS/CEDEAO et l’UEMOA qui ne ménagent aucun effort pour nous accompagner, mais également l’appui d’institutions étatiques telles que la Présidence du Faso, la primature, l’Assemblée nationale, le MSL, le MJE, MACC/PG, la RTB et privées comme le PCA/MABUCIG, EBOMAF, TELECEL, WATAM, SODIBO… qui nous soutiennent dans notre initiative et à qui je réitère ma profonde gratitude pour les appuis multiformes à nous octroyés. Mes félicitations et remerciements renouvelés à la Fédération burkinabè de lutte et à son président, monsieur Nicolas Paré qui m’aide à faire de cette activité une référence, au même titre que les grands rendez-vous de lutte du Sénégal et du Niger.

Cette 8e édition, nous la voulons élargie aux pays anglophones. Nous dépasserons ainsi la barrière des langues pour nous intégrer dans l’esprit communautaire. Nous souhaitons que nos sponsors s’invertissent davantage afin de nous permettre d’octroyer des prix plus conséquents aux lutteurs.

Vous faites partie de ceux qui soutiennent le Sourou Sport. Comment jugez-vous son parcours de la phase aller du championnat national de football ?

Sourou Sport a pu se maintenir en première division, je le note avec satisfaction. et affronte les plus grands clubs du Burkina par son esprit de combativité, malgré les faibles moyens disponibles. De l’avis des professionnels, il faut compter avec cette formation qui est en train de démontrer qu’elle mérite sa place dans l’élite du football.

Aussi voudrais-je féliciter et encourager tous ceux qui ne cessent de les soutenir matériellement, financièrement ou moralement, et lancer un appel aux filles et fils du Sourou, aux promoteurs, et aux mécènes à soutenir cette formation. Ils défendent nos couleurs et j’espère qu’avec de la persévérance et de la volonté, ils seront parmi les deux meilleures formations d’envergure du Burkina, détentrices de la Coupe.

Nous avions déjà fait déplacer Salif Keita Domingo (1er ballon d’or africain) à Tougan lors d’une de mes éditions de coupe de football, afin d’insuffler cette envie d’être parmi les meilleurs, par la combativité malgré l’adversité et les limites qui existent. Que la grâce du Seigneur nous permette de renforcer ces actions et que le sport s’installe dans nos habitudes.

Jérémie NIONy

Sidwaya

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