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Journée mondiale contre le paludisme : L’espoir d’un vaccin

Publié le mardi 27 avril 2010 à 01h46min

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Le docteur Tsiri Agbenzega

Le vaccin-candidat RIS,S contre le paludisme est en phase de développement depuis plus de 20 ans dont une décennie consacrée aux recherches cliniques en Afrique. A l’occasion de la Journée mondiale contre le paludisme, le docteur Tsiri Agbenzega, directeur de l’Unité de recherche sur le paludisme de l’hôpital de Komgo-Anokye au Ghana et coprésident du Comité de partenariat des essais cliniques RIS,S, fait un tour d’horizon sur ce candidat-vaccin et exprime le vœu que ce vaccin puisse être une réalité.

La Journée mondiale contre le paludisme 2010 marque une étape historique dans la lutte contre la maladie pour la communauté internationale.

L’année dernière, nous avons lancé un essai d’efficacité de phase III du vaccin-candidat contre le paludisme le plus évolué au monde dans 11 centres de recherche situés dans sept pays africains. Pour un vaccin-candidat, la phase III constitue la dernière grande étape avant de présenter la demande d’homologation aux agences du médicament.

Le paludisme fait en effet, d’innombrables victimes en Afrique. Au Burkina Faso, comme dans de nombreux pays africains, le paludisme est l’un des maladies les plus meurtrières pour les enfants âgés de moins de cinq ans. Par sécurité, nous devons utiliser tous les moyens disponibles, y compris les moustiquaires, les sprays à effet rémanent et les médicaments, pour lutter contre la maladie. Le vaccin complètera l’arsenal existant et pourra sauver des centaines de milliers de vies.

Lorsque j’ai commencé mes travaux de recherche sur le paludisme il y a 15 ans, je n’avais jamais cru en arriver à ce stade aujourd’hui. Mes collègues et moi n’avions jamais pensé pouvoir jouer un rôle dans le développement d’un vaccin contre le paludisme ou aller si loin.

À l’époque, aucun vaccin-candidat ne s’avérait efficace dans la protection contre le paludisme. Les centres de recherche africains ne collaboraient pas à la conduite de grands essais de vaccins. En outre, rares étaient les partenariats internationaux pour la recherche du vaccin contre le paludisme.

Tout cela a changé, car nous n’avons pas perdu espoir. Aujourd’hui, ce qui était auparavant inimaginable, est en passe de devenir une réalité et le vaccin contre le paludisme est à notre portée. Le vaccin-candidat RTS,S est en phase de développement depuis plus de 20 ans, dont une décennie consacrée aux recherches cliniques en Afrique.

Les résultats des essais ont montré à maintes reprises, que le vaccin-candidat présentait une innocuité prometteuse et pourrait réduire de moitié, le risque de contracter le paludisme chez les enfants. Dans les essais cliniques, le vaccin-candidat a demontré qu’il est utilisable avec d’autres vaccins systématiquement administrés aux nourrissons comme ceux contre la rougeole, le tétanos, la diphtérie et la poliomyélite.

Aujourd’hui, des essais sont en cours au Burkina Faso, au Gabon, au Ghana, au Kenya, au Malawi, au Mozambique et en Tanzanie. Ce candidat est le premier vaccin spécialement conçu pour l’Afrique qui vise à protéger les enfants de la maladie. Jusqu’à présent, plus de 8 500 enfants et nourrissons, sur les 16 000 prévus, ont déjà été recrutés pour ces essais.

Je suis récemment devenu co-président de Clinical Trials Partnership Committee, un comité de partenariat regroupant les principaux instituts de recherche africains, qui gère les essais cliniques menés dans sept pays, en concertation avec les laboratoires GlaxoSmithKline et l’Initiative Vaccin contre le paludisme de PATH. Pour être sélectionnés pour ces essais, les centres de recherche devaient avoir une expérience des essais cliniques d’envergure mondiale qui répondent aux normes internationales de sécurité et d’éthique.

Mon institut, ainsi que les autres établissements affectés à cet essai, ont accru leur capacité d’accueil en construisant de nouveaux locaux, en installant des équipements de laboratoire sophistiqués et en formant leur personnel à l’utilisation des technologies les plus récentes. À présent, nos instituts de recherche se sont renforcés et nous attirons de jeunes talents brillants dans la recherche. Nous avons également conclu d’autres partenariats dont le rôle est essentiel.

Nos sites de recherche travaillent main dans la main avec les familles, les responsables locaux et les éducateurs pour veiller à ce que les essais soient menés avec la sécurité et l’éthique voulues, grâce au soutien total et à la compréhension de tous les acteurs. Depuis le début des essais, j’ai été impressionné par le dévouement des familles qui partagent notre engagement et joignent leurs efforts aux nôtres pour vaincre cet ennemi mortel.

Après son homologation, nous devrons poursuivre cette collaboration intersectorielle et transfrontalière pour veiller à ce que le vaccin parvienne à ceux qui en ont le plus besoin aussi vite que possible. Bien qu’il faille attendre l’analyse des données des essais et la décision finale des agences du médicament, je demande instamment à nos dirigeants, de répondre dès à présent, aux avancées de la recherche en instaurant des progrès similaires en santé publique et en manifestant la volonté politique nécessaire pour distribuer largement le tout premier vaccin antipaludique.

Nous pouvons promettre que le vaccin antipaludique deviendra une réalité si nous conservons le dynamisme de ces essais de phase III et commençons à prévoir l’avenir.

Dr Tsiri AGBENYEGANA

Sidwaya

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