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Assemblée nationale : Les insuffisances du Hadj 2009 expliquées aux députés

Publié le lundi 29 mars 2010 à 01h49min

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Le ministre Clément Sawadogo

Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément P. Sawadogo et celui des Transports, Gilbert Noël Ouédraogo étaient face aux députés le 26 mars 2010. Objectif, éclairer la lanterne de la représentation nationale sur l’organisation du pèlerinage à La Mecque.

Interpellés par une question orale du député Meng-Néré Fidèle Kientéga sur les conditions du déroulement du Hadj 2009 au niveau du Burkina Faso, le ministre en charge du culte, Clément Sawadogo et son collègue des Transports Gilbert Noël Ouédraogo se sont retrouvés face aux élus nationaux.

Devant eux, un auditoire clairsemé causé par 23 absences non justifiées et une quarantaine d’absences excusées. Les deux ministres concernés par la question du député Kientéga du groupe parlementaire Alternance-démocratie et justice (ADJ) avaient à expliquer le coût du Hadj jugé le plus élevé de la sous-région par l’auteur de la question, l’hébergement très éloigné des lieux de pèlerinage, l’absence d’encadrement et l’abandon des pèlerins à eux-mêmes. Le parcage des candidats au Hadj des jours durant sans information dans les aérogares a également été une préoccupation du député Fidèle Kientéga.

Elle n’est facile pour aucun pays

En réponse aux préoccupations de l’élu, le ministre Clément P. Sawadogo a indiqué que l’organisation n’était pas une chose facile. « Elle n’est facile pour aucun pays au monde », a fait savoir le ministre Clément Sawadogo. S’appuyant sur le cas français, il y a de cela deux ans où près de 20 000 pèlerins se sont plaints de l’organisation de leur Hadj ou de celui du Sénégal en 2007 où 500 pèlerins avaient été abandonnés à leur sort par une agence privée mais aidés à la dernière minute par l’Etat sénégalais, le ministre a indiqué que les difficultés de ce voyage vers les lieux saints de l’Islam sont réelles et partout ailleurs. « Le Burkina Faso ne détient pas la palme d’or dans les difficultés d’organisation du Hadj », a-t-il dit.

Le Hadj est un moment où au moins trois millions de personnes se retrouvent en un seul endroit pour prier, demander les grâces de Dieu. Au Burkina Faso, plusieurs expériences ont été tentées dans l’organisation du Hadj, a rappelé le ministre Sawadogo. De 1998 à 2006, l’Etat en collaboration avec les associations musulmanes a organisé le voyage vers La Mecque. Par la suite, a expliqué le ministre Clément Sawadogo, les musulmans se sont plaints.

En 2007, les musulmans eux-mêmes se sont occupés du Hadj à travers la Fédération des associations islamiques du Burkina Faso (FAIB). « En 2007, nous avons frôlé la catastrophe ». Le problème qui se pose c’est comment trouver une structure consensuelle pour l’organisation du Hadj. « Il y a trop de polémiques, trop de contestations dans l’organisation du Hadj », a regretté Clément Sawadogo.

Une libéralisation sous conditions

A partir de 2008, l’Etat a décidé par décret de libéraliser l’organisation du Hadj avec des conditions plus rigoureuse notamment l’obligation de disposer d’une caution bancaire pour au moins 300 pèlerins et d’une capacité d’affréter un avion inspecté par l’aviation civile burkinabè. Sept agences ont été sélectionnées sur proposition du Comité interministériel mis en place pour l’examen des candidatures soumises par les postulants à l’organisation.

« Cette expérience a également connu ses limites et certaines agences ayant organisé cette édition ont même été menacées de radiation par les autorités saoudiennes. Cependant, l’on a constaté une amélioration par rapport à l’édition de 2007 d’où la reconduction de l’expérience faite par les agences en 2009 », a justifié le ministre de l’Administration territoriale.

Pour l’édition de 2009, six (6) agences ont postulé pour l’organisation du Hadj mais la commission interministérielle de l’examen des dossiers de candidatures a jugé que seule, l’agence de voyages STMB TOURS a rempli les conditions exigées. C’est ainsi qu’en 2009, l’organisation a été confiée à STMB TOURS. Elle était l’unique agence qui remplissait les conditions, à en croire le ministre Sawadogo.

En ce qui concerne le coût du voyage à savoir 2 195 000 FCFA considéré comme étant le plus élevé de la sous-région, le ministre a souligné que des explications de l’agence, il est ressorti que les exigences de l’Etat saoudien sur les différentes cautions (logement, transport interurbain…) ont connu une hausse significative. Et l’agence pour faire face à ces nouvelles données ne pouvait pas revoir sa tarification.

« En Côte d’Ivoire, le coût du Hadj s’élève à 2 700 000 FCFA. Mais l’Etat ivoirien subventionne 1 200 000 FCFA par pèlerin. Au Mali, au Niger et au Sénégal, il n’atteint pas les 2 millions. Mais ces pays envoient plus de pèlerins d’où la possibilité pour eux d’avoir des coûts plus abordables.

Le Burkina Faso n’a eu en 2009 que 1525 pèlerins. Mon souhait c’est la baisse des coûts mais nous allons tirer des leçons et voir ce qui est faisable », a fait comprendre le ministre Clément Sawadogo. Quant à l’éloignement des sites d’hébergement des lieux de pèlerinage, le ministre Sawadogo a précisé qu’ils étaient à deux (2) kilomètres. Et pour parcourir cette distance l’agence a mis à la disposition des pèlerins six cars pour les différentes navettes. Les logements ont été homologués et ils étaient meilleurs par rapport aux années antérieures.

En ce qui concerne l’absence d’encadrement et de l’abandon des pèlerins à eux-mêmes, Clément Sawadogo a indiqué qu’il s’agit plutôt d’une insuffisance d’encadrement. Et le problème se pose à deux niveaux, à savoir que les candidats au pèlerinage doivent être suffisamment imprégnés des conditions dans lesquelles se déroule le Hadj et les personnes chargées de l’encadrement doivent se cantonner à leur rôle et éviter de se comporter comme des pèlerins au détriment de ceux dont ils ont la charge d’encadrer. « Tant que ces deux aspects ne seront pas maîtrisés, les pèlerins seront toujours laissés à eux-mêmes. Le recrutement des encadreurs doit se faire avec beaucoup de méticulosité », a déclaré Clément Sawadogo.

S’agissant du parcage des pèlerins des jours durant sans information dans les aérogares dans les conditions de promiscuité et d’hygiène difficiles, le ministre a déploré cette situation. Il a toutefois souligné que celle-ci s’explique par les contrôles draconiens aux postes de filtrage à l’aéroport de Jeddah (environ 15 mn par passager). Il y a aussi l’usage inhabituel des équipements sanitaires. « Beaucoup se trouvent confrontés à des équipements sanitaires dont l’usage ne leur est pas familier », a justifié le ministre Sawadogo. A cela s’ajoute l’entretien défectueux des sites d’hébergement.

En guise de conclusion, le ministre Sawadogo a apprécié positivement la prestation de l’agence STMB TOURS qui a su trouver « une compagnie fiable et un timing plus rigoureux des vols et une réservation de logements plus rapprochés et plus en normes ». Il connaît que des insuffisances ont existé dans l’organisation du Hadj 2009 et promet, tout comme son collègue des Transports Gilbert Noël Ouédraogo qui a eu pour tâche d’expliciter la planification des vols aériens, de travailler à améliorer les insuffisances constatées au cours de l’édition 2009.

Déjà, des concertations sont en cours avec l’ensemble des acteurs du Hadj et « un nouveau dispositif juridique pourrait en être issu avec en toile de fond un plus large consensus autour de l’organisation et une implication plus forte des associations islamiques dans le suivi et les contrôles des activités des agences qui seront sélectionnées ».

Les députés ont invité le gouvernement à intensifier sa communication autour du Hadj, à corriger les insuffisances et à mettre l’accent sur l’encadrement des pèlerins.

Enok KINDO

Sidwaya

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