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UNIVERSITE DE KOUDOUGOU : Dans la fièvre de la session de rattrapage

Publié le jeudi 8 octobre 2009 à 06h25min

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Le spectre d’une année blanche a plané sur l’université de Koudougou cette année à cause de nombreux mouvements de grève. Un mois après la reprise des cours, nous y avons fait un tour pour toucher du doigt les réalités que vivent les apprenants et voir dans quel état d’esprit ils préparent la rentrée académique 2009-2010.

Bien que ce soit le week-end, la cité Fasotex qui abrite les étudiants de l’université de Koudougou, n’avait pas son ambiance habituelle. Ses occupants étaient préoccupés à préparer leurs sessions. De la cité Fasotex à la cité Dasis en passant par le Théâtre populaire de Koudougou, tous les groupuscules avaient le même objectif, à savoir réussir leurs sessions. Pour Soungalo Barro, étudiant en 2e année à l’UFR sciences économiques et de gestion (SEG) et ses camarades, les résultats des délibérations tombent au compte-gouttes. Il faut donc s’exercer surtout en mathématiques et en comptabilité pour mieux affronter une éventuelle session de rattrapage qui aura lieu du 22 au 28 octobre 2009. Soungalo Barro a cependant déploré le nombre de jours (14) accordés aux apprenants pour la préparation de la 2e session. Selon lui, cette période devrait s’étaler sur un mois, conformément aux textes. Mais qu’à cela ne tienne, chacun des étudiants étant conscient de l’enjeu, inutile de tergiverser, la seule solution est d’étudier. Outre cet aspect, les étudiants font face à un menu de repas non variés, a confié Soungalo Barro.

Selon Ismaël Gniou, étudiant en 2e année à l’UFR SEG, la reprise des cours a été difficile pour les apprenants car les conditions promises par l’administration universitaire n’ont pas été effectives. "On ne sait plus où donner de la tête. Les activités académiques ne sont pas encore terminées alors que la rentrée académique 2009-2010 va bientôt s’annoncer", a déclaré Gniou. A son avis, les conditions ne sont pas réunies au niveau de la cité Fasotex si bien que certains ont préféré la quitter. "Il y a des saletés partout ainsi que des serpents. La cité Burkina est toujours fermée car au niveau de celle-ci, les WC sont bouchés. On attend de voir quand l’année académique 2009-2010 va commencer. Si elle ne débute pas tôt, on risque de connaître les mêmes difficultés que celles qui ont émaillé cette année académique. J’invite les autorités universitaires à améliorer les conditions de vie et d’études des étudiants", a martelé l’étudiant Gniou.

L’année académique 2008-2009 n’est pas encore achevée mais les apprenants disent éprouver déjà des difficultés dans la préparation de la nouvelle année. Pour sa part, Pauline Sawadogo, étudiante en 1re année à l’UFR SEG, a soutenu que sa promotion est celle qui a le plus récolté les zéros, suite aux devoirs boycottés pour fait de grève. Comme son prédécesseur, elle a aussi confié que les conditions de vie sont précaires au niveau de la cité Fasotex. La seule cité ouverte pour ceux qui n’avaient pas terminé l’année. Elle a également fait remarquer que le problème de restauration se posait car il n’y a qu’un seul restaurant fonctionnel à savoir Dasis. ‘’Nous sommes allés le vendredi 2 octobre dernier pour chercher le repas mais il était déjà fini. Si cette situation ne s’améliore pas, ce serait difficile pour nous d’étudier convenablement", a fait savoir l’étudiante Sawadogo pour qui, il est difficile de parler de la nouvelle année dans la mesure où la précédente n’est pas encore achevée. C’est un sentiment d’incertitude qui anime bon nombre d’étudiants quant à la question relative à la rentrée académique 2009-2010. Cela est plus où moins compréhensible car il faut franchir avec succès la session avant d’être situé. S’il y a un sentiment qui est partagé par tous, c’est bien la question liée aux conditions de vie et d’études.

De l’avis de Marie Thérèse Zerbo, étudiante en 1re année à l’UFR SEG, toutes les conditions ne sont pas réunies pour permettre aux apprenants d’étudier dans de bonnes conditions. Toutefois, les étudiants sont déterminés à achever leur année académique. Avec 4 zéros, l’étudiante Marie Zerbo est plus préoccupée par une éventuelle session de rattrapage que par la rentrée académique 2009-2010. Elle se prépare activement à composer la session avec succès même si les 14 jours qui leur sont accordés à cet effet sont peu à ses yeux. Elle dit compter par ailleurs sur la grâce de Dieu mais aussi sur ses propres efforts pour y arriver. L’étudiante Zerbo a invité les responsables du CENOU à améliorer l’état des chambres dans les cités pour permettre aux étudiants d’avoir un cadre de vie plus confortable. Elle a aussi exhorté les autorités universitaires à prendre des dispositions nécessaires pour éviter la tempête qui a fortement secoué le temple du savoir au cours de l’année académique 2008-2009, car une telle situation n’arrange ni les étudiants ni leurs parents et encore moins les responsables qu’ils sont. "La reprise des cours a été pénible car il n’y avait pas de RU (restaurant universitaire) pour qu’on puisse se restaurer.

Chacun se débrouillait pour manger afin de préparer les 3 devoirs qui nous restaient", déclare Alimata Konaté, étudiante en 1re année SEG. Pour elle, les problèmes quotidiens en cité sont, entre autres, le manque d’eau, le faible éclairage de la cité, le manque d’hygiène, etc. Selon ses affirmations, elle a même été une fois agressée la nuit. "On ne peut pas tout avoir mais au moins le minimum", soutient-elle. Nazindi Zongo, étudiant en 1re année de Géographie, a déploré les conditions dans lesquelles ils ont repris les cours : "On ne s’attendait pas à de telles conditions. Dès la reprise, à chaque fois qu’on finissait un cours, le lendemain on avait une évaluation. Situation à laquelle on ne s’attendait pas." Pour lui, avec un tel rythme, il sera difficile pour les apprenants de tenir le coup. Selon ses dires, la 1re délibération au niveau de sa filière est prévue pour le 23 novembre, la seconde, le 6 janvier 2010 et 4 jours après, la reprise des cours au titre de l’année académique 2009-2010.

Entre sérénité et angoisse

Selon l’étudiant Zongo, les impétrants préparent la nouvelle année avec une sérénité mêlée d’angoisse due au fait qu’ils n’ont pas eu de vacances et ne sont pas sûrs de pouvoir étudier dans de bonnes conditions. Sans trop condamner les autorités universitaires, l’étudiant Zongo les a invitées à prendre les dispositions nécessaires pour que l’année s’achève dans de bonnes conditions afin que les étudiants puissent entamer la nouvelle avec plus de sérénité. Avec les nombreux mouvements de grève qu’il y a eus, nombreux sont les étudiants qui préparent la rentrée académique 2009-2010 avec angoiss à leurs retrouvailles.vaient obtenu de bons résultats aux examens avant la suspension des activités académiques, ils sont toujours habités par la peur de voir la nouvelle année émaillée de troubles. C’est d’ailleurs le cas de Harouna Sondé, étudiant en année de licence en économie agricole et environnement. Pour ce dernier, la date officielle de la rentrée académique 2009-2010, pour ce qui concerne sa filière, n’est pas encore connue. Mais comme ses autres camarades, il dit l’attendre avec impatience pour commencer les cours. L’étudiant Sondé invite les autorités universitaires à revoir les conditions d’application des textes, si possible les réviser car on ne peut pas être sur le campus sans mener de luttes pour l’amélioration des conditions de vie et d’études. L’étudiant Amidou Yao en année de maîtrise en économie et sciences de gestion (ESG) et porte-parole du comité de sortie de crise, dit le contraire. Pour lui, tout se déroule normalement depuis la reprise des cours en ce sens que les délibérations se font régulièrement. A titre d’exemple, la délibération finale en ESG1 a eu lieu le vendredi 2 octobre 2009 avec un nombre important d’admis (105) sur environ 150 étudiants. Il en est de même au niveau de l’UFR SEG 1 où on a également délibéré, le samedi 3 octobre 2009, a-t-il confié. Le nombre d’admis à ce niveau est certes faible, 17 sur près de 1 200 étudiants. Mais au regard des moyennes de ceux qui vont en session, il y a des fortes chances que le nombre total des admis soit satisfaisant, a fait savoir l’étudiant Yao. Il a relevé que c’est le nombre de jours accordés aux apprenants pour préparer leurs sessions qui suscitent des inquiétudes au sein de ces derniers. Mais étant donné la situation de la crise, chaque étudiant conscient devrait pouvoir tirer son épingle du jeu, a-t-il souligné. De son côté, le président de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), Dibié Bado, prépare la rentrée académique 2009-2010 avec plus de sérénité car il n’est pas préoccupé par une session de rattrapage comme certains de ses camarades. Etudiant en année de licence en Lettres modernes, il trouve que les choses se passent assez bien depuis la reprise des cours car le FONER qui avait été suspendu a été perçu par les bénéficiaires. Une cité et un restaurant ont été également rouverts. Mais par rapport aux promesses faites par l’administration, elles n’ont pas été toutes tenues car les fiches de composition et les intercalaires qui étaient les principaux points revendicatifs ont fait défaut lors de la composition de la 2e session en SEG, a t-il affirmé. "Avec les délibérations faites dans les différentes filières, on peut dire qu’on a repris mais sans affirmer que tout va bien", a soutenu le président de l’ANEB. C’est avec un petit pincement au cœur qu’il dit apprécier les résultats des différentes délibérations car son souhait était de voir ses camarades se retrouver en classes supérieures. Dibié Bado souhaite que les autorités universitaires gèrent avec plus de sérénité les questions relatives aux conditions sociales afin de permettre aux apprenants d’étudier dans de bonnes conditions.

Par Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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