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Affectation dans l’Enseignement secondaire : Le SYNTER sur le pied de guerre

Publié le mardi 6 octobre 2009 à 05h07min

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A peine l’année scolaire 2009-2010 est entamée que le Syndicat national des travailleurs de l’éducation et de la recherche SYNTER) annonce les couleurs. A travers la déclaration qu’on lira ci-après, Mamadou Barro et les siens s’élèvent contre les "affectations sanctions" dont seraient victimes leurs militants.

La rentrée 2009-2010 s’annonce avec son cortège de difficultés et d’angoisses pour les parents d’élèves, les élèves et étudiants, les enseignants, qui d’année en année, font les frais de la démission du gouvernement de la IVème république. Profitant de la période des vacances scolaires, le département des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique décide d’agresser le SYNTER une fois encore, sur le terrain des libertés syndicales.

- En effet, le Directeur Régional de l’enseignement secondaire de la Boucle du Mouhoun prenait le 6 Août, une décision d’affectation de cinq (5) camarades de notre structure de Boromo vers les différents CEG de la région. Interpellé par les structures SYNTER de la région, il a répondu, le plus sérieusement du monde, qu’il avait affecté ces agents dans les CEG où il n’y avait pas d’heures supplémentaires, car ils ne voulaient pas en faire.

Voilà un DR qui est convaincu que les heures supplémentaires sont une obligation pour les travailleurs et refuser de les faire est un crime. Comment un directeur régional peut-il tenir publiquement de tels propos indignes d’un responsable chargé d’appliquer les textes ? On croirait entendre un de ces patrons véreux qui emploient des travailleurs au noir, dans le mépris total de la législation du travail.

- Le Secrétaire Général du MESSRS, par note de service en date du 7 Septembre, vide le Lycée Provincial de Bogandé de la quasi-totalité de ses professeurs, 11 sur 13 titulaires. Interpellé par le Bureau National sur les raisons d’une telle situation, le ministre des enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique rétorquera que ces affectations répondaient à une volonté de son département de soustraire nos militants des menaces qui pèseraient sur eux (de la part de qui ?). Et qu’il fallait assainir l’établissement car il y aurait eu trop de crise ces dernières années.

- De sources bien informées, les militants de Boussé devraient subir le même sort que ces deux structures ci-dessus citées. Sans doute le passif, particulièrement scandaleux du responsable du Lycée provincial de Boussé ainsi que la tentative de répression avortée au mois de juillet contre les militants de cette localité, ont conduit à l’abandon du projet.

Ces actes et velléités de répression contre les structures et militants du SYNTER revêtent un caractère d’extrême gravité car ils sont la suite d’une chaîne répressive qui se construit depuis quelques mois et qui malgré les efforts et la patience de notre syndicat, semblent exprimer une escalade ainsi qu’une impatience du réseau anti-SYNTER, d’en découdre avec nos structures et nos militants. Un rappel de quelques faits :

- L’année scolaire 2007-2008 un militant du Lycée départemental de Gassan est affecté par la volonté du Directeur Régional, pour “avoir manqué de respect” à ce dernier, au cours d’une lutte.

- En 2008-2009, le secrétaire général du secteur SYNTER de Founzan est affecté à Samorogouan parce que son militantisme mettait en difficulté le chef d’établissement “alors qu’il refuse d’être lui-même nommé à ce poste”.

- A l’approche des examens du secondaire, session 2009 et suite à la lutte du SYNTER en Mai, des instructions ont été données aux différentes structures administratives du MESSRS de mettre à l’écart desdits examens les militants de notre organisation. Ce que le Bureau National a fermement condamné par lettre

- Au mois de juillet 2009, quatre (4) camarades dont trois membres du Bureau du secteur SYNTER de Boussé sont cités à comparaître devant le conseil de discipline du MESSRS avec comme motifs : “provocation de troubles et soutien à des manifestations”

Dans le dossier de l’affaire, un rapport de police dont l’informateur s’est révélé être le Proviseur du Lycée Provincial de Boussé. Celui-là même dont la gestion calamiteuse des frais de scolarité a été dénoncée par les camarades avec preuves à l’appui auprès du MESSRS. Aux dernières nouvelles le proviseur indélicat, n’a subi d’autre sanction qu’une affectation dans un établissement non loin de Ouagadougou toujours comme chef d’établissement.
- Etc.

1. Une première constance se dégage de toutes ces actions de répression administrative, c’est qu’elles sont posées pour venir au secours de chefs d’établissements dont la mauvaise gestion est décriée par le personnel et parfois par les élèves. Ces coupables de forfaitures sont, dans le pire des cas, mutés dans d’autres postes de responsabilités.

L’impunité leur est assurée. A titre d’exemple, sur près de quatre vingt dix (90) dossiers de conseil de discipline instruits par le MESSRS, en Juillet passé, pas un seul chef d’établissement n’a été cité. Pourtant, qui organise le trafic et la vente de places dans de nombreux établissements secondaires ? Qui loge dans les bâtiments administratifs tout en percevant les indemnités de logement ?

Qui vole dans les caisses les frais de scolarité ? Qui s’acoquine avec des bureaux d’associations de parents d’élèves pour dissiper les fruits des sacrifices des parents tout en aidant ces bureaux à exercer des mandats durant une décennie ou plus ?

Qui vole les fonds des jumelages avec les établissements ? Qui… ? La publication du livre blanc que les travailleurs écrivent, chaque année dans leurs luttes, permettra de mesurer l’ampleur des dégâts causés par la gestion prédatrice des chefs d’établissements.

2. La deuxième constance relevée dans cette répression c’est qu’elle vise ouvertement les structures et actions du SYNTER et intervient contre les processus de règlement des crises que les échanges entre le MESSRS et le Bureau National ont engagé sur tous ces dossiers, démontrant ainsi le peu de considération qu’ont les autorités pour les “partenaires sociaux”.

C’est cette volonté de répression aveugle qui explique que le ministère, pour le cas de Bogandé, ait séparé un couple en poste dans le même lycée, en affectant le mari dans la Boucle du Mouhoun et l’épouse au Centre Sud. Pourtant le MESSRS prétend protéger les affectés contre des menaces. L’opinion appréciera.

3. Le SYNTER considère ces faits comme des agressions et des violences exercées contre les libertés syndicales, les structures et les militants, pendant qu’au ministère même on parle abondamment “du combat contre la violence en milieu scolaire”.

Au total, il s’agit d’une offensive du réseau anti-SYNTER en œuvre dans le système éducatif et de la recherche composé de responsables politiques et administratifs au niveau central du département, de directeurs régionaux, de chefs d’établissements, de bureaux APE, etc.

Ce réseau ne s’embarrasse guère de scrupules pour se demander si les revendications et les actions du SYNTER sont justes et profitables pour le système éducatif, mais est seulement préoccupé de la défense en ligne des détenteurs de postes, en dépit de leur carence, de leurs intérêts de détourneurs des biens des établissements.

La confrontation entre les structures du SYNTER et les structures de ce réseau sont permanentes. Le département des enseignements secondaire supérieur et de la recherche scientifique, à défaut de sanctionner, comme ils le méritent ces malfaiteurs de l’éducation, se contentaient en général de concilier les deux camps “dans l’intérêt du système éducatif ”.

Mais depuis l’année 2008, la volonté du réseau d’en finir avec les structures de notre syndicat, avec l’appui des premiers responsables du département s’affirme nettement.

D’autres équipes administratives l’ont tenté dans le passé, avec comme seul résultat de mettre en danger leur propre système, car le SYNTER ripostera comme il convient à ces attaques anti-syndicales, si le MESSRS maintenaient ces mesures.

A cet effet, d’ores et déjà, pour la rentrée, le Bureau National dénonce fermement ces actes et lance un appel à la mobilisation de toutes les structures et militants, prend à témoin l’opinion nationale de cette volonté répressive consistant à protéger les prédateurs du système éducatif tout en tentant de détruire nos structures.

Il affirme ici la responsabilité du MESSRS qui a opté pour la voie dangereuse de détérioration du climat social dans le système éducatif et de la recherche, dans un contexte extrêmement difficile pour les burkinabé honnêtes y compris nos militants qui sont touchés ou affectés, d’une manière ou d’une autre, par les inondations du 1er Septembre.

Non aux affectations sanctions contre les militants SYNTER ! Non à la remise en cause des libertés syndicales dans l’éducation ! Pain et liberté pour le peuple ! Ouagadougou, le 30 Septembre 2009

Pour le Bureau National Mamadou BARRO Secrétaire Général

L’Observateur Paalga

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