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UNIVERSITE DE KOUDOUGOU : "Les problèmes restent en l’état"

Publié le vendredi 18 septembre 2009 à 04h02min

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Dans cette déclaration, la coordination provinciale des syndicats du Boulkiemdé fait le point de la situation à l’université de Koudougou. Pour elle, aucun problème à la base de la crise, n’a été réglé.

Camarades militantes, camarades militants, depuis le mois de mai 2009, l’université de Koudougou est empêtrée dans une crise sans précédent. Cette crise a atteint son paroxysme en fin juillet - début août avec la suspension des cours et l’occupation du campus par les forces de l’ordre, la fermeture des cités et restaurants universitaires, l’arrêt du paiement des allocations sociales, jetant les étudiants en pâture. Cette nouvelle crise à l’université de Koudougou illustre à souhait, si besoin en était encore, la déconfiture totale de l’ensemble du système éducatif national depuis l’application des Programmes d’ajustement structurel (P AS) dans les années 1990. En effet, les signaux sont forts. quant au choix manifeste des autorités de la IVe république de sacrifier la formation de la jeunesse sur l’autel des intérêts des impérialistes de tout acabit (FMI, Banque mondiale, etc.)

A l’université de Koudougou, aux traditionnelles insuffisances criardes d’infrastructures et de prestations sociales se sont ajoutés une pénurie de feuilles de compositions (notamment les intercalaires), le manque de fiches de travaux dirigés, le refus obstiné de certaines autorités universitaires de remettre les copies et les corrigés des devoirs, etc. Ainsi, les étudiants se voyaient contraints de rendre des devoirs inachevés, quand ceux-ci ne sont pas reportés sine die. De plus, la non- remise des copies et des corrigés des devoirs ne leur permettait pas de s’inspirer de leurs erreurs pour s’améliorer. Face à ces conditions de vie et d’études précaires, les étudiants n’ont de choix que de s’organiser au sein de l’Association nationale des étudiants Burkinabè (ANEB) pour porter leur revendication à l’autorité compétente. Devant les tergiversations et le dilatoire des autorités administratives, les étudiants engagèrent une lutte pour se faire entendre.

Dès lors, le président de l’université exhibera les délibérations iniques et anticonstitutionnelles du Conseil de formation et de la vie universitaire (CFVU) du 2 décembre 2008. Ce CFVU, précipitamment convoqué en réponse à la lutte de l’ANEB en novembre et décembre 2008, décidera que "tout examen ou cours boycotté en cas de grève est considéré comme exécuté et sanctionné par la note zéro et la partie du cours boycotté pouvant faire l’objet d’évaluation". Cette délibération, au-delà de remettre fondamentalement en cause le droit de grève, traduit la ferme volonté des autorités de la IVe république d’embrigader les universités dont le premier fait a été l’instauration d’un Service de sécurité des universités aussi inutile que coûteuse. Le Pr Gérard Bila Segda, véritable exécutant zélé du régime, a encore fait preuve du peu d’égard qu’il a pour les franchises universitaires. Comme en novembre 2008, il n’a pas hésité à faire intervenir les forces de l’ordre sur le campus. Deux étudiants ont été arrêtés le 13 août et détenus pendant plus de 72 heures par la gendarmerie. Cette dernière usera de diversion pour que ces étudiants ne bénéficient pas de l’assistance de leurs camarades et du MBDHP.

Après avoir pris la décision de suspendre les activités académiques et les œuvres sociales le 30 juillet, les autorités universitaires, le président en tête, vont investir la presse pour porter l’ estocade. Avec l’appui de certaines autorités administratives, religieuses et coutumières, elles vont s’atteler à décrédibiliser les revendications des étudiants tout en occultant leur propre responsabilité. Des associations telles que la FESCO, le FNEU et le CSC se réclamant d’émanation estudiantine ont vu le jour et ont tout de suite pris fait et cause pour la présidence de l’université. Ils invitent l’ANEB à présenter des excuses au président. Mais dans quel pays sommes-nous où revendiquer ses droits est un crime ?

Mettant à profit l’occupation du campus par les forces de l’ordre, certaines directions d’UFR ont convoqué des jurys pour délibérer tout en affectant des zéro aux étudiants pour les devoirs non faits pendant les périodes de grève. A titre d’exemple, les étudiants d’une option de l’UFR/SEG 3e année se sont retrouvés avec quatre zéro. La session de septembre, programmée dès la réouverture de l’université le 7 septembre n’a pu être préparée conséquemment par les étudiants du fait de la fermeture des cités et restaurants universitaires et du non-paiement des allocations sociales (bourses, aide,...). On ne devrait donc pas s’étonner si les résultats étaient catastrophiques. Mais le président de l’université, lui, aura atteint son objectif. Les renvois massifs qui en résulteront lui permettront d’adapter les effectifs aux infrastructures disponibles.

Camarades travailleuses, travailleurs, nous ne pouvons nous taire devant ces décisions criminelles qui assombrissent l’avenir de la jeunesse. Certes, les étudiants réunis en Assemblée générale le 5 septembre, après une analyse approfondie de la situation, ont décidé de suspendre la grève. Mais les problèmes restent en l’état. Aucune solution concrète n’a été proposée. La situation est donc susceptible de se dégrader à tout moment à l’université de Koudougou. C’est pourquoi, la Coordination provinciale des syndicats du Boulkiemdé :
- soutient la juste et légitime lutte des étudiants ;
- condamne la répression systématique des étudiants, les violations répétées des franchises universitaires et les tentatives de remise en cause du droit de grève ;
- appelle les autorités universitaires à se pencher sérieusement sur les revendications des étudiants et à leur trouver des réponses appropriées ;
- convie l’ensemble des travailleuses et travailleurs à faire preuve de solidarité envers les étudiants ;
- invite les étudiants à s’organiser davantage pour conduire leur lutte avec clairvoyance et esprit de suite.

Vive la Coordination provinciale des syndicats du Boulkiemdé !
Vive l’unité d’action entre travailleurs, élèves et étudiants !
Koudougou, le 13 septembre 2009 : On signé Pour les centrales syndicales

CGT-B Yacouba Ouédraogo
FO/UNSL Justin K. Zongo
CNTB Mahamady Ouédraogo
ONSL Gilbert Nabi
CSB Hamadou So
Pour les syndicats autonomes
SNEA-B Marcel Lingani
SYNATEL Rodrigue W. Kabré
SYNATEB Madi Bonkoungou
SYNTAS Benoît Kontogom

Le Pays

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