Des ouvriers munis de pelles à l’œuvre, d’autres encore poussent des brouettes chargées de terre, des vrombissements de buldozers déblayant le sol en aval de la digue du barrage n°3 sous le regard des techniciens de l’Agence d’exécution des travaux eau et équipement rural (AGETEER). Sur la digue fortement endommagée sur 200 m, l’AGETEER utilise la technique de colmatage et de sauvegarde des digues. Elle consiste à superposer des sacs remplis de sable sur la partie dégradée en vue de minimiser les risques et de renforcer l’ouvrage.

Cette technique a été mise au point par le génie militaire de l’Armée américaine pour faire face à la dégradation des ouvrages hydrauliques et autres infrastructures.

“Cette technique arme la digue contre le poids de l’eau”, a expliqué Martin Kaboré, directeur général de l’AGETEER. Au 2e jour des travaux, la situation semble favorable dans la mesure où le terrain s’est asséché légèrement, permettant l’utilisation des engins. De plus, le volume d’eau du barrage a été allégé, ce qui a diminué la pression sur la digue. “Nous avons donc mobilisé de gros engins pour pouvoir accélérer le rythme et rendre l’ouvrage fonctionnel lundi”, a indiqué le directeur général de l’AGETEER. Il poursuit : “La digue de protection du barrage n°3 a été sérieusement endommagé sur une longueur de 200 m sur sa partie Nord. On était arrivé à une situation où cette digue menaçait de céder, le moindre apport supplémentaire d’eau après la forte précipitation du 1er septembre aura été fatal pour cette digue”. C’est de là que vient l’urgence de la mission de l’AGETEER qui doit colmater des brèches.

Les travaux de terrassement consistent à apporter des matériaux pour constituer des remblais compactés sur les parties érodées. Car, la digue du barrage N°3 a bien failli céder. Elle a été dégradée à près de 90%, précise le directeur général de l’AGETEER, Joseph Martin Kaboré ajoutant “qu’on a frôlé la catastrophe” suite à la forte précipitation qui a drainé vers les trois barrages de la capitale, une quantité exceptionnelle d’eau. “Ce sont des précipitations qu’on n’a jamais enregistré dans la station météo de Ouagadoudou. C’est une crue exceptionnelle qui a noyée la digue du barrage n°3. Nous sommes donc en train de faire une opération pour parer au plus pressé. C’est une action urgente pour réparer, colmater rapidement les endroits fortement endommagés”, explique Karim Triandé, directeur technique de l’AGETEER.

L’hôtel Silmandé fermé par précaution

Sur le site, environ 300 ouvriers sont mobilisés depuis le jeudi et travaillent 24 heures sur 24 pour sauver la digue. L’AGETEER qui est épaulée par le génie militaire promet la fin des travaux ce lundi 7 septembre.

C’est pour constater l’état de dégradation et d’avancement des travaux de colmatage que le Premier ministre s’est rendu sur le chantier ce samedi en milieu de journée. Entre explications des techniciens et visite de la digue dégradée, Tertius Zongo a surtout salué la mobilisation des jeunes qui ont accepté de venir travailler à des heures indues. “Il nous a paru évident que, si rien n’est fait, les digues cédaient. On a pris des mesures préventives, l’hôtel Silmandé est fermé, on a évacué tous les clients. Les habitations riveraines ont été vidées. Depuis hier, ils ont travaillé toute la nuit et continueront ainsi pour que d’ici à lundi les choses soient en ordre”, a déclaré Tertius Zongo tout en se réjouissant du fait que la vigilance ait été maintenue. Le chef du gouvernement n’a pas manqué de saluer la réaction spontanée parce que, dit-il, “certains de ces jeunes, le maire est allé les chercher aux alentours de 22h ou 23 heures.

Des fournisseurs ont été réveillés tard la nuit pour apporter du sable, sans oublier les engins qui appartiennent à des entreprises locales (…). C’est vrai il y a des choses que nous regrettons mais sachons tirer leçon des bonnes expériences pour aller de l’avant”. C’est aussi l’avis du ministre Laurent Sédogo qui a salué la mobilisation des jeunes du quartier. Ils expliquent que les services techniques ont pris la mesure du danger et que les engins lourds prendront le relais pour accélérer les travaux : “la nuit, je suis passé ici vers 1 heure du matin, Eh bien, il y avait près de 300 jeunes sur le chantier, avec des sacs de sable”. De son côté, le maire Simon Compaoré a souhaité que cet enthousiasme puisse demeurer longtemps.

S. N. COULIBALY

Sidwaya