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Centre national de référence IST et VIH : Plus de 2 milliards de perdus

Publié le jeudi 3 septembre 2009 à 02h39min

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La pluie diluvienne du mardi 1er septembre 2009 n’a pas épargné la lutte contre le Sida. Le Centre national de référence IST et VIH (CNR), ancien centre de traitement ambulatoire de Ouagadougou a pris l’eau jusqu’à la tête.

Le Centre national de référence IST et VIH (CNR), structure par excellence de prise en charge biomédicale et alimentaire des personnes infectées et affectées par le VIH-Sida au Burkina Faso, n’a pas été épargné par la furie des eaux du 1er septembre 2009. Situé juste côté est de l’hôpital Yalgado- Ouédraogo, il a été frappé de plein fouet par le débordement des eaux du barrage n°3 de Ouagadougou. Le 2 septembre 2009, c’est un CNR complètement méconnaissable que nous avons trouvé en train de colmater les brèches pour sauver ce qui pouvait l’être. Le premier responsable de cette structure, le Pr Lassana Sangaré note avec un pincement au cœur que tout le matériel a été inondé. "Nous avons tous nos équipements qui ont été inondés. Même ceux qui étaient placés en hauteur ont été touchés. Il s’agit des équipements de mesure de la charge virale, de numération des CD4, de la formule sanguine. Tout ce que nous avons comme équipements pour le suivi biologique des personnes vivant avec le VIH a été inondé", a noté avec amertume, le chef du CNR Lassana Sangaré. Des dégâts estimés, selon lui, à plus de 2 milliards de F CFA.

En effet, au-delà du matériel, le CNR a reçu récemment des réactifs pour le suivi biologique des personnes infectées par le VIH-Sida (PVVIH).
Pour le moment, le CNR compte dans sa file active près de 6 000 PVVIH auxquelles viendront s’ajouter d’ici à la fin 2009, 1500 autres, faisant un cumul de 7 500 PVVIH qui seront prises en charge biomédicalement et alimentairement. A la question de savoir si cette catastrophe ne va-t-elle pas affecter la santé des PVVIH, Pr Sangaré répond sans ambages. "Dans l’immédiat oui. Je pense qu’il faudra qu’on puisse les redéployer sur d’autres laboratoires. Cela va être très difficile parce que nous disposons ici d’un matériel complet pour leur suivi. Mais avec l’aide des autres laboratoires des CHU et CMA et autres structures, nous pourrons les redéployer pour les suivre en attendant que nous puissions récupérer notre matériel", a indiqué Lassana Sangaré. Actuellement, le responsable du CNR évite de se prononcer avec exactitude sur la date de la reprise effective des activités de sa structure. D’ores et déjà, certaines structures de maintenance des appareils biomédicaux s’affairent à donner un souffle aux appareils de ce centre.

C’est le cas de T.M Diffusion et la société Biofaso. Le responsable de TM Diffusion Joseph Sidibé représente un certain nombre de laboratoires au Burkina Faso dont les équipements ont été inondés au CNR. "Nous allons faire l’expertise de ces équipements pour voir si nous pourrons les remettre en marche après avoir effectué les travaux de maintenance", a souligné M. Sidibé. Dans le cas contraire, le verdict sera aussi porté à la connaissance du CNR. Il garde cependant l’espoir de pouvoir sauver le maximum de matériels. "Présentement, nous sommes dans l’inconnue parce que toutes les machines ont été inondées et même déplacées par la violence de l’eau. Mais nous gardons l’espoir de pouvoir sauver des équipements", a confié M. Sidibé. Son camarade de la société Biofaso, Ibrahim Bamogo, affirme que c’est compte tenu de l’ampleur du désastre que sa structure a décidé de sauver le matériel qui peut l’être. "Notre souci est de faire fonctionner les équipements le plus vite possible eu égard à la vulnérabilité des personnes bénéficiaires", a laissé entendre Ibrahim Bamgo.

Dans tous les cas, Pr Lassana Sangaré demande aux PVVIH de contacter les médecins qui les suivent afin que les efforts puissent être coordonnés et qu’elles sachent à la porte de quelle structure frapper pour leur redeploiement. "A priori, c’est difficile d’adresser un message précis et définitif parce que, au jour le jour, les patients font leur suivi. Hier, aujourd’hui et demain, des patients doivent être là pour leur bilan. Pour l’instant, nous ne pouvons pas les recevoir. Si les médecins qui font les prescriptions peuvent orienter les patients vers d’autres structures en attendant que nous puissions être fonctionnels de nouveau, ça sera bien", a reconnu Sangaré. Au demeurant, il rassure que le Dr Wamarou Traoré, coordonnateur du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme a pris le pouls des dégâts et a promis apporter un soutien adéquat. "Il est vrai que c’est difficile, mais nous allons donner le meilleur de nous-mêmes et voir ce qui est possible de faire pour ne pas laisser les PVVIH dans la désolation", a conclu Sangaré.

Charles OUEDRAOGO

Sidwaya

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