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AFFAIRE GUY-ANDRE KIEFFER : Le bout du tunnel toujours aussi loin !

Publié le lundi 10 août 2009 à 01h46min

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Que de rebondissements dans l’affaire Guy-André Kieffer, journaliste franco-canadien, spécialiste des matières premières et des affaires économiques, disparu depuis le 16 avril 2004 en Côte d’Ivoire.

Le dernier en date est relatif à l’inculpation de deux Français par le procureur de la République ivoirienne, Raymond Tchimou. Jean-Yves Garnault, conseiller du président Laurent Gbagbo, et l’homme d’affaires Jean-Michel Aron-Bruneutière, toujours en liberté, sont accusés de "complicité d’arrestation arbitraire, d’enlèvement et de séquestration". Le magistrat ivoirien ne compte pas se contenter de ces deux expatriés français, puisqu’il est déjà à Paris dans l’intention d’entendre d’autres Français membres du cabinet Commodities corporate consulting (CCC), qu’il estime responsables de la disparition de leur ex-employé.

Ce nouveau développement du dossier Kieffer permettra-t-il de connaître le ou les vrais coupables ? Rien n’est moins sûr, dans la mesure où ces accusations surviennent après les révélations d’Alain Gossé, vrai ou faux major de l’armée ivoirienne, qui aurait aperçu le journaliste dans les sous-sols de la présidence, juste après son enlèvement. Tout se passe comme si les déclarations des juges ivoirien et français s’engendraient mutuellement, et toute allégation d’une partie mérite donc une réplique opposée de l’autre. L’on a toujours en mémoire que c’est en juillet 2008, après que le juge d’instruction français, Patrick Ramael, eut manifesté son désir d’auditionner Simone Gbagbo, première dame de la Côte d’Ivoire, que son collègue de la lagune Ebrié a entamé la piste française.

Autant d’actions et de réactions qui complexifient cette affaire, et embarrassent les ayants cause et autres défenseurs des droits humains et de la liberté d’expression. Plus on avance dans le temps, moins on y voit clair. Le bout du tunnel semble s’éloigner à jamais, et difficile s’avère la réponse à la question de savoir à quand la vérité. La relance de la piste française est-elle une cinglante riposte aux récents propos du président Sarkozy mettant en doute la sincérité de son homologue ivoirien dans la tenue de l’élection présidentielle dans son pays ? Est-ce une stratégie visant à faire diversion étant donné l’implication présumée de la première dame dans l’enlèvement, ou une manoeuvre visant à tirer quelque dividende politique de la situation au cas où la présidentielle aura lieu ? La famille Kieffer a-t-elle tort quand elle qualifie l’action de la justice ivoirienne de "contre-feu allumé par les autorités d’Abidjan", exprimant ainsi son scepticisme quant au bien-fondé de ces dernières inculpations ? Quand on apprend par ailleurs que depuis le 16 juillet 2009, Charles Robert Lago, l’un des témoins de l’affaire, se serait évadé en trompant la vigilance des gardes de la maison d’arrêt de Yopougon, il y a de quoi céder à la tentation du doute, par pragmatisme.

Par Honoré OUEDRAOGO

Le Pays

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