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Sommet de l’Union africaine : A quand l’Afrique ?

Publié le vendredi 9 juillet 2004 à 07h47min

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L’agenda politique du IIIe Sommet ordinaire de l’Union africaine (UA) était chargé avec les crises ivoirienne, soudanaise et le conflit des Grands Lacs comme points focaux. Cela a quelque peu occulté la présentation du plan stratégique 2003-2007 du président de la Commission de l’UA, Alpha Oumar Konaré. Après le "sort" réservé à cet ambitieux plan par nos chefs d’Etat, force est de s’interroger avec le professeur Joseph Ki-Zerbo, sur le devenir de l’Afrique.

Avant la tenue de ce sommet-charnière, le président Alpha Oumar Konaré qui est bien au fait des arcanes de l’UA pour avoir été l’un de ses bâtisseurs, avait diagnostiqué les maux qui, selon lui, empêchait la mise sur orbite de l’Union. Il s’agit des lourdeurs administratives mais surtout du manque de financements pour réaliser les objectifs du NEPAD. Et l’ex-président malien, en africaniste convaincu, en avait appelé à la "fibre africaine" des chefs d’Etat pour que le continent s’assume enfin. "Celui qui dort sur la natte d’autrui est en insécurité permanente", avait-il ajouté, fustigeant ainsi à mots couverts, le financement du NEPAD, essentiellement basé sur des fonds extérieurs.

Et Konaré avait indiqué la voie en soulignant que la cession d’une "portion congrue" du produit intérieur brut de chacun des Etats-membres, pouvait constituer l’amorce d’un renversement des tendances. Il faut croire que son plaidoyer est tombé dans les oreilles de sourds, la question du financement de l’UA ayant été renvoyée aux calendes grecques après un débat qui a volé au ras des pâquerettes.

Toujours les "maladies infantiles"

En effet, les pays capables de jouer aux "bailleurs de fonds" ont développé un argumentaire que seules la décence et la foi en l’idéal africaniste nous interdisent de qualifier. Il y est pêle-mêle question de "refus de servir de vaches à lait" pour les autres, de la gestion des fonds, de leur contrôle.... bref des manœuvres dilatoires pour noyer le poisson. Une position qui ne tient pas compte du fait qu’un îlot de prospérité dans un océan de misère est condamné à être englouti par les flots. C’est ce que les Européens ont compris en acceptant de s’ouvrir aux pays jadis membres du bloc soviétique. Des pays pauvres dont le développement est aux antipodes des locomotives européennes (France, Allemagne, Grande-Bretagne) mais qui jouiront à l’instar des autres pays, de l’espace européen, des bienfaits de celui-ci.

De cette manière, ils "n’exporteront" plus leur misère dans ces grands pays, évitant à ceux-ci les problèmes insolubles de l’insécurité urbaine, du chômage, de la sécurité sociale défaillante...

L’intégration n’est donc pas un "cadeau", mais un impératif de survie, même si en retour, elle procure un marché plus vaste aux grandes firmes françaises, allemandes, britanniques.

Une donnée que les "barons" du Sud n’ont pas intégré, ou sur laquelle ils ont plutôt "fermé les yeux". Du coup, on peut s’interroger sur la viabilité du Conseil de paix et de sécurité (CPS) qui devait engranger 200 des 600 millions de dollars demandés par Konaré, pour s’atteler à la résolution des guerres susmentionnées.

Plus généralement, c’est la Commission de l’UA elle-même qui se trouve "corsetée", obligée qu’elle sera de toujours tendre la "sébile" pour se donner l’impression d’exister.

Konaré sera comme ses devanciers secrétaires généraux de la défunte OUA "à la botte et à la solde" de ses patrons, alors qu’il aurait du à défaut d’être leur alter-ego, leur bonne conscience.

Du reste, la présence de Kofi Annan à Addis-Abeba est un signe qu’aux moments cruciaux, l’Afrique sera toujours "chaperonnée". Le centre de décisions politique et économique se trouvant ailleurs, le bout du tunnel est encore loin. Car, "nul ne peut se développer en étant la périphérie d’un centre". Une vieille rengaine remise au goût du jour par les conclusions de ce IIIe sommet.

Boubacar SY
Sidwaya

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