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Ibrahim Komi : Derrière la tenue militaire, un artiste plasticien

Publié le lundi 24 novembre 2008 à 12h00min

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Chose rare que celui de Ibrahim KOMI. Militaire en fonction il est aussi un artiste plasticien de renommée. Agée seulement de 27ans, il jouit déjà d’une popularité et d’une notoriété grandissante. Ce natif de Sala à trois kilomètres de Titao dans la province du Loroum au Nord du Burkina, passionné de l’art depuis sa tendre enfance ne demande que du soutien pour représenter valablement l’armée burkinabè dans le domaine de l’art plastique.

Lefaso.net : Comment arrivez-vous à concilier le métier d’artiste et celui de militaire en fonction quand on sait la rigidité et la rigueur qui entoure la profession de l’armée ?

Ibrahim KOMI : le talent est un don de Dieu, tout le monde le sait. On sait aussi qu’on ne peut pas empêcher quelqu’un de développer son talent. Bien vrai, je suis militaire en fonction mais derrière la tenue se cache le talent d’artiste que j’ai toujours voulu et chercher à développer à ma convenance. Heureusement la hiérarchie m’a bien compris et m’a permis de de le faire. Ce métier est une passion pour moi. D’ailleurs, il n’empiète pas sur mon travail de militaire. Le jour que je suis de service, j’oublie que je suis artiste. En fait, j’exploite mes heures creuses lorsque je ne suis pas de service. Mes jours de repos, je me consacre essentiellement à cette activité.

Lefaso.net : Depuis combien de temps évoluez-vous dans ce domaine de l’art ?

Ibrahim KOMI : J’exerce cette activité depuis maintenant deux ans. C’est donc une expérience de deux ans que vous voyez ainsi.

Lefaso.net : Pourquoi avez-vous choisi d’évoluer dans ce domaine ? Et comment y êtes-vous arrivé ?

Ibrahim KOMI : C’est une passion que j’ai développée en moi depuis l’enfance. Lorsqu’on partait au champ, je m’amusais beaucoup avec le sable et l’argile. Cela m’a permis d’apprendre très tôt. Avec l’âge, je fus obligé de laisser tomber à un moment donné. Mais après moult réflexion, je me suis finalement décidé à retourner à ma passion et à développer mon talent caché d’artiste. Je me suis donc lancé d’abord avec le plâtre. Je m’amusais tout doucement et très rapidement, le public a montré son intérêt pour ce que je faisais. Alors, je me suis lancé avec plus de sérieux et voilà ce que ça donne.

Lefaso.net : Quelles œuvres peut- on découvrir dans votre répertoire ?

Ibrahim KOMI : je fais essentiellement des représentations d’animaux. Présentement, j’ai fait plusieurs réalisations en ce qui concerne le monde des animaux. Seul l’éléphant est absent dans mon répertoire. Et cela aussi ne saurait tarder. J’aime beaucoup la nature et ce que je fais va dans le sens de la sensibilisation sur la protection de la faune. La vie est importante aussi bien chez les animaux que chez les humains. Il faut faire ressortir cette importance et sensibiliser la jeunesse afin qu’elle découvre davantage cette valeur car plusieurs espèces sont menacées de disparition. Et pourtant il faut les préserver. Si nous ne les protégeons pas, ils disparaîtront et notre progéniture n’aura pas la chance de les connaître. Cela représente une perte énorme pour notre patrimoine culturel.

Lefaso.net : Pourquoi rien que des représentations d’animaux dans votre répertoire ?

Ibrahim KOMI : Non, il n’y a pas que des animaux. Je représente aussi des braconniers. Cela dans le cadre de la sensibilisation de ces destructeurs de la faune, je dirai les ennemis de la nature. Mais je reconnais que je n’aime pas représenter des humains car cela est difficilement vendable. Je le fais seulement en cas de commande. Pourtant, pour les animaux il y a beaucoup d’amoureux de la nature comme moi qui n’hésiteraient pas à acheter un lion, une panthère, un singe par exemple. Les gens sont plus enclins à acheter ces genres d’animaux mais pas l’homme, c’est même parfois mal vu par la société.

Lefaso.net : Parlant justement de commandes, en avez- vous eues pendant le SIAO ?

Ibrahim KOMI : Je ne me plains pas du tout. Le SIAO a été une occasion exceptionnelle de me faire connaître. J’ai eu pas mal de contacts. J’ai aussi des commandes très intéressantes. Mais il y a un obstacle, celui du poids de mes œuvres. Elles sont très lourdes et donc difficiles à transporter pour de longues distances. Nous avons tout de même trouvé un palliatif qui est mon déplacement sur place pour réaliser les œuvres voulues par les acheteurs.

Lefaso.net : Ne dit-on pas que vos œuvres sont assez chers ?

Ibrahim KOMI : Non pas du tout. On ne peut pas dire cela car je vends chaque œuvre en fonction de sa valeur. Je crois que celui qui connaît la valeur de mes œuvres ne les trouvera pas chères. C’est vrai que n’importe qui ne peut pas les acheter dans le contexte burkinabè mais ce sont des œuvres qu’on ne trouve pas n’importe où, dans tous les cas pas dans la rue. Je dirai que ce sont des exclusivités.

Lefaso.net : le mot de la fin ?

Ibrahim KOMI : je demanderai à tous mes fans de continuer à aimer ce que je fais. C’est leur encouragement qui est le volume de mon évolution. Si Dieu nous donne longue vie, le meilleur est à venir dans ma production artistique. Je ne demande que du soutien pour rehausser l’image de l’armée et l’image du Burkina dans ce domaine.

Interview réalisée par Moussa DIALLO

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