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Présidentielle ivoirienne : Pourvu que ce ne soit pas une ligne d’horizon

Publié le mercredi 10 septembre 2008 à 11h05min

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La précampagne sur fond de chassés-croisés diplomatiques bat son plein en Côte d’Ivoire en dépit de l’incertitude qui plane sur la date du scrutin présidentielle prévue en principe pour le 30 novembre 2008.

Ainsi, les missi dominici du pouvoir, des Forces nouvelles et des autres formations politiques font, depuis quelques semaines, la navette entre Abidjan et la capitale burkinabè pour prendre des conseils avisés du Facilitateur et architecte de l’Accord politique de Ouaga, Blaise Compaoré.

Cas du séjour de Guillaume Soro, de Henri Konan Bedié et de Désiré Tagro le 7 septembre dernier à Ouagadougou. Ou encore les rencontres régulières entre les frères ennemis et le Représentant Spécial du Facilitateur, Boureima Badini, sur place.

Mais s’il y a une obsession qui taraude les caïmans politiques de la lagune Ebrié, c’est bien l’échéance du 30 novembre qui, pour le moment, « tient » comme on le laisse croire toujours de part et d’autre.

Les états-majors sonnent donc quotidiennement le boute-selle pour rassembler les partisans pour cette bataille finale. De ce fait, le leader du PDCI /RDA, Konan Bédié, adoubé le 26 avril 2008 à Soubré (400km au sud-ouest d’Abidjan) sillonne les contrées du pays pour dire que ce fut une erreur lorsque le 24 décembre 1999, le général Robert Guéi avait déclaré que « Henri K. Bédié n’est plus président de Côte-d’Ivoire ». Moralité :

il faut corriger cette grave faute et restituer au PDCI ce qu’il exerce avec dextérité pour le bonheur des Ivoiriens : le pouvoir suprême. Du pays zanzan au pays Akan en passant par les zones où rarement il s’était rendu, le « sphinx » de Daoukro paye de sa personne pour un fauteuil qu’il a obtenu sur un plateau d’argent ,mais mal géré.

Gnamien Konan, candidat indépendant déclaré, ex-DG des douanes, se contente pour le moment de la zone sud de la Côte d’Ivoire où se trouve son bastion. Dans ses discours où il tente de se démarquer de tous les autres candidats, l’intéressé tente de jouer les trouble-fêtes ou, pourquoi pas, les faiseurs de roi en cas de second tour. Idem pour Albert Mabri Toikeuse de l’Union pour la démocratie et la paix(UDPCI)du défunt Guei.

Quant à Allassane Dramane Ouattara (ADO), cette présidentielle a valeur de test pour lui et ses discours, comme ceux de ses lieutenants, le montrent. Jamais depuis qu’il a quitté le monde feutré et aseptisé de Washington pour descendre dans l’arène ivoirienne,il n’a été autant si près du but. En ce sens qu’écarté par deux iniques conjonctions de coordination, il n’a jamais pu participer à une présidentielle.

ADO a aussi une revanche à prendre, car quoique le temps ait fait son œuvre, il a toujours en travers de la gorge le fait d’avoir été coiffé au poteau par Bédié le 8 décembre 1993, au lendemain du décès d’Houphouet-Boigny. Sans oublié qu’il enrage d’avoir sorti ses ouailles en octobre 2000 favorisant l’accès de Gbagbo au pouvoir.

Le président-candidat Laurent Gbagbo, choisi le 30 août 2008 comme le champion du FPI, a tout pour rempiler : il est candidat à sa propre succession et en Afrique, le légitimisme en la matière paie. Il a les moyens et l’appareil d’Etat relayé par tous les partis satellites et associations qui font du bon boulot. Lui-même, véritable bête politique, met la main dans le cambouis. Ayant toujours une longueur d’avance sur ses adversaires, Gbagbo est parti pour succéder à ... Gbagbo.

Tous travaillent dans l’optique du 30 novembre, même si chacun sait aussi qu’il est possible que cette date soit encore repoussée pour février 2009. Manque de volonté chez certains protagonistes, épineuse question du démantèlement, retard des travaux de Sagem, problème de trésorerie, etc., le ciel de cette présidentielle est gros de nuages. Pourvu qu’elle ne soit pas une ligne d’horizon.

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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