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Orpaillage : L’argent n’est pas tout

Publié le mardi 12 août 2008 à 11h52min

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Ainsi donc, 34 orpailleurs sont morts asphyxiés à Konkera dans la province du Noumbiel, parce qu’ils avaient entrepris une course effrénée à l’argent. Une course folle ainsi, si tant est que ce site aurifère était fermé depuis le 15 juin dernier, par décision gouvernementale, les autorités craignant des cas dramatiques comme celui qui vient de se produire à Konkéra. Il faut dire que l’histoire leur donne raison, plus d’un Burkinabè ayant déjà perdu la vie dans ces exploitations "sauvages" où les conditions de sécurité les plus minimales sont bafouées.

Trouaisons à l’emporte pièce, vieux cordages servant à descendre dans les puits, une impression de Far West du temps de la ruée vers l’or se dégage sur ces sites. D’autant plus qu’on y trouve tous les ingrédients pour créer un cocktail détonant, avec les drogues dures et douces qui y circulent, les armes de poing et les "mouni-mouni" (sorte de couteaux très minces qui vous coupe la peau comme du beurre) et last but not the least, les travailleurs du sexe qui font payer la passe au prix fort. Dans ce capharnaüm, un accident est vite arrivé, surtout lorsqu’un filon est découvert. Il nous est, du reste, revenu que c’est la découverte d’un "bon coin" qui a amené les victimes de Konkèra à tenter leur odyssée suicidaire.

Un cas malheureux qui nous amène à disserter plus largement sur les rapports que les hommes ont avec l’argent, celui-ci devenant de plus en plus le maître pour lequel les esclaves sont prêts à tout. Des fils qui précipitent le "départ" du père pour jouir de l’héritage, des épouses cassandres et des pères tartufes, nous vivons dans un monde hallucinant, où l’on se demande si la morale agonise toujours ou si elle a rendu son dernier soupir. Face à cette dépravation des mœurs, le découragement ne saurait être pour autant de mise car, le vieux fond culturel burkinabè a toujours des défenseurs et des gardiens vigilants. Un fond culturel qui privilégie le partage, la tolérance et le pardon et qui a empêché le pays des hommes intègres de basculer totalement dans "l’horreur". Pour autant, et, les signes inquiétants étant persistants, il y a lieu peut-être d’envisager des mesures draconiennes pour décourager les mauvaises pratiques. Dans cette optique, la réinstauration de l’instruction civique dans l’enseignement est une bonne chose tout comme cette volonté affichée du gouvernement de moraliser la vie publique. Il nous revient que depuis que COTECNA a été chahutée lors de l’an I du gouvernement Zongo, elle a mis un peu plus de cœur à l’ouvrage.

Conséquence, certains douaniers qui ne buvaient que de l’eau minérale à certains points frontaliers en sont aujourd’hui à l’eau de robinet comme le commun des mortels. Loin de nous l’idée que les douaniers sont corrompus, mais, ces nouvelles mœurs traduisent le fait qu’il y a de moins en moins de "business" dans la corporation. Aux uns et aux autres de comprendre que l’argent n’est pas tout dans la vie et qu’on ne peut pas tout faire avec lui. Je vois d’ici des personnes me traiter d’indécrottable naïf, mais ils auraient vécu dans l’univers souvent déprimant des riches qu’ils comprendraient cette assertion. Ressaisissons-nous, car, c’est ensemble que nous gagnerons ce combat de salubrité et de salut publics.

Boubakar SY (magnansy@yahoo.fr)

Sidwaya

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