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Crise alimentaire mondiale : Que peut attendre l’Afrique du G8 ?

Publié le mardi 8 juillet 2008 à 11h28min

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Les huit pays les plus puissants économiquement de la planète, le club très fermé du G8, est en conclave au Japon. Le pays du soleil levant inspirera-t-il ces têtes couronnées et chefs de gouvernement dans l’orientation qu’ils comptent donner à la marche du monde ?

En tout cas, l’heure est grave. Le prix du baril de pétrole n’a jamais été aussi élevé, la politique du dollar menée par le président américain perturbe les échanges commerciaux entre le Sud et le reste du monde, et pour ne rien arranger, le monde entier est plongé dans une crise alimentaire dont le continent africain est la première victime. C’est le phénomène de la vie chère. Il va accentuer la pauvreté.

105 millions de personnes dont 20 en Afrique sont menacées de passer sous le seuil de la pauvreté du fait de l’inflation galopante. Ce sont les victimes prévisibles, selon le dernier rapport de la Banque mondiale qui met à l’indexe le développement du biocarburant comme principal responsable de la crise alimentaire.

Ce qui était une hypothèse est aujourd’hui confirmé en partie. Le biocarburant est de plus en plus en compétition avec l’alimentation. Les surfaces qui lui seront consacrées vont aller grandissant. Et le continent qui avait fait l’option de nourrir sa population à travers des surplus venus d’ailleurs, parce que cela revenait moins cher, devra revoir sa stratégie de sécurité alimentaire.

En la matière, les politiques agricoles sont à revoir afin de créer les conditions d’une production alimentaire suffisante, diversifiée et complémentaire sur le continent ou dans les sous- régions.

Ce devra être la priorité des priorités dans tout programme de développement à moyen et long termes.

Car la crise énergétique oblige à de nouvelles solutions dont le biocarburant qui va changer dans les années à venir la configuration de l’agriculture mondiale. Pendant ce temps, les pays développés anticipent sur la question des énergies non renouvelables. Quant à l’Afrique, elle ne peut s’engager dans cette voie avant d’avoir résolu la question du ventre.

Il faut espérer que cette crise sonne le glas d’une certaine forme d’assistanat alimentaire et soit le déclic d’une prise de conscience de la responsabilité des dirigeants africains dans leurs choix politiques et économiques afin de donner un second souffle au continent. Toujours est-il qu’une partie de la population, notamment, les agriculteurs, peut tirer partie de la hausse du prix des denrées alimentaires. Le potentiel existe, de l’avis des experts, pour une autosuffisance en céréales, tels le riz et le maïs. Reste à adopter les politiques en combinant étroitement circuits de production et de commercialisation.

Bien sûr, la tentation est grande de se lancer dans la culture de biocarburants, tel le Jatropha, pour répondre ainsi à l’appel des devises étrangères afin d’équilibrer les balances de paiement des Etats. Mais, comme pour le coton, si l’on ne prend pas le soin de maîtriser la filière, les mêmes difficultés risquent de se poser encore. Cela dit, que peut le G8 pour aider le continent à sortir de cette galère ? La première journée du sommet a été consacrée à l’Afrique, comme s’il s’agissait d’évacuer rapidement ce dossier.

Comme en 2005, la lutte contre la pauvreté, l’atteinte des objectifs du millénaire figurent au menu. Et à ce propos, l’échec est patent. Les OMD sont loin d’être atteints par les pays africains et la pauvreté est toujours rampante. Le G8 avait promis de financer l’aide public au développement. Parmi les Etats membres, seul le Japon aurait tenu parole en respectant sa quote-part.

Au-delà des discours et des engagements que le sommet viendrait à prendre pour "aider" l’Afrique, il ne faut pas se faire des illusions. Chacun des 8 pays travaille à se maintenir dans le groupe, à protéger son économie et à créer les conditions de son expansion.

L’Union européenne a promis un milliard d’euros pour soutenir le secteur agricole dans les pays en développement, consciente certainement que les engagements du G8 pris à Greeneagles en 2005 ne seront pas tenus. Une bonne partie des cartes reste cependant entre les mains des décideurs politiques africains. C’est à eux de choisir leur destin. Leurs représentants, comme d’habitude, vont “vendre” la pauvreté et la misère pour obtenir la charité internationale. C’est un cercle vicieux qu’il convient de briser, tôt ou tard. Mais en attendant, il s’agit de tirer leçon de la crise alimentaire mondiale et de redéfinir la place et le rôle du continent dans ses relations avec le reste du monde.

"Le Pays

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