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Sommet de la FAO à Rome : “Encore une de ces farces" d’après Wade

Publié le vendredi 6 juin 2008 à 11h53min

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Depuis quelques jours, les projecteurs de l’Actualité sont braqués sur Rome, capitale de l’Italie où sont réunies des sommités du monde agricole, politique et économique à l’occasion du sommet de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation. Une rencontre que le président sénégalais, Me AAbdoulaye Wade a vite qualifiée de « farce ». Mais que peut attendre l’Afrique de ce sommet ? Des redites ou vraiment l’action ? Elle qui est malmenée par la crise alimentaire.

Les dirigeants du monde sont à Rome depuis quelques jours pour tenter de trouver une réponse à la crise alimentaire mondiale. Entre 2007, les prix de ces denrées ont subi une envolée incroyable allant de plus 20 à 70%. Blé, maïs, riz, lait, pâtes… les denrées alimentaires de première nécessité ont connu une hausse spectaculaire des prix, ces derniers mois. Spéculation, désorganisation des filières de production, envolée des cours du pétrole, les raisons sont multiples et on a abouti à une situation alimentaire critique. Des émeutes de la faim, souvent violentes, ont ainsi éclaté au Sénégal, au Burkina, Côte d’Ivoire, Cameroun …, en Haïti, au Pakistan pour ne citer que ceux-là. Face à l’ampleur de la crise, certains parlent de « tsunami silencieux » de la faim.

Car des dizaines de millions de personnes sont menacées de manquer de quoi se nourrir. Les émeutes de la faim, la FAO, les avaient déjà annoncées en milieu d’année 2007. Mais, aucun pays ne l’avait pris au sérieux jusqu’à ce l’irréparable se produise. En effet, son directeur général, le Sénégalais Jacques Diouf avait averti au sujet de l’envolée des prix des denrées et de ses conséquences ajoutant que la part de l’aide à l’agriculture a diminué de 50%. Et Jacques Diouf, de dire que le problème de l’agriculture est un problème politique. En raison du fait que les priorités des Etats ne vont pas à l’agriculture.

Au même moment, les dépenses dans l’armement s’élevaient à plus de 1200 milliards de dollars en 2007. Tandis que la FAO consacre plus de 70% de ses ressources financières à l’administration. Il faudrait seulement quelques centaines milliards de dollars à l’Afrique pour accroître les performances agricoles. C’est pour cela que Wade furieux a dit qu’elle était inutile plaidant pour sa suppression. Le monde est vraiment paradoxal, peut-on constaté si tant est que le droit à l’alimentation notamment pour les pauvres ne constitue point une priorité pour les pays développés. On comprend alors pourquoi irrité, le président sénégalais, Abdoulaye Wade s’en est violemment pris aux agences onusiennes et aux institutions de bretton Woods qui viennent imposer leurs visions, estimant que l’Afrique dispose de cadres compétents pour son développement. Dans la même veine, il a appelé les occidentaux à arrêter cette « farce ». « Je m’attendais à ce qu’on demande aux Africains ce qu’ils proposent face à la crise alimentaire. Non, au lieu de cela, ce sont les grands discours », a critiqué Me Wade dont le pays a lancé une grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance. Au total, plus de 860 millions de personnes sont menacée par la faim. Malgré tout, des lueurs d’espoirs pointent à l’horizon.


Communiqué de presse

Le PAM affecte 1,2 milliard de dollars en assistance
alimentaire d’urgence dans 62 pays

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé le 4 juin 2008, qu’il allait affecter 1,2 milliard de dollars en assistance alimentaire d’urgence pour aider des millions de personnes dans 62 pays qui ont été le plus durement frappés par la crise alimentaire.
"Si nous n’agissons pas rapidement, au lieu d’avoir un milliard de personnes au bas de l’échelle, il y en aura deux milliards, et ce pratiquement, du jour au lendemain car leur pouvoir d’achat se verra divisé en deux, du fait de la multiplication par deux du prix du carburant et de la nourriture » a averti Josette Sheeran, la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM).

Josette Sheeran a ainsi annoncé que le PAM allait tripler le nombre de personnes qui reçoivent des vivres en Haïti, doubler leur nombre en Afghanistan et fournir plus d’aide alimentaire en Somalie, en Ethiopie et au Kenya.
Le Liberia, le Cambodge, le Burkina Faso, le Mozambique, le Yémen, le Sénégal, le Burundi, la République Centrafricaine et la Sierra Leone figurent également sur la liste des pays qui bénéficieront de l’aide du PAM. 
Au cours de ces opérations, le PAM ciblera également les communautés frappées par des catastrophes climatiques et les écoliers défavorisés qui sont souvent les premiers à souffrir de la faim.

La Directrice exécutive a par ailleurs, relevé que la communauté internationale avait fait d’importants progrès au cours des quatre dernières décennies pour réduire la faim dans le monde, le pourcentage de personnes affamées ayant chuté de 37% à 17% en 2002.
Elle a cependant averti que les prix records de la nourriture et du carburant risquent de défaire tous ces acquis et d’augmenter la misère humaine.
« Ce défi est un défi collectif à l’échelle mondiale. Il ne concerne pas uniquement un ou deux pays, mais est ressenti par tous les Elats et toutes les institutions du monde", a-t-elle signalé.

Représentation du PAM au Burkina


Développer les infrastructures et la biodiversité

En fait, le sommet de Rome a décidé de lancer la révolution verte. Ce n’est pas en tant que telle une nouveauté. L’idée existait déjà. Trois agences onusiennes : la FAO, le FIDA et l’AGRA ont convenu de la mettre en œuvre en signant un protocole. L’idée de base de l’ancien patron de l’ONU, kofi Annan est d’aider les petits exploitants agricoles à se développer pour « qu’ils puissent nourrir plus de gens sur place ». Ce pari impose qu’on augmente la production agricole de 6% par an.

Il faudrait aussi doubler les prêts agricoles en les portant à 800 millions de dollars dès 2009. On sait qu’il existe deux moyens d’accroître la production : augmentation des surfaces et celle des rendements. La FAO estime qu’en Afrique, 210 millions d’hectares sont exploités alors que 1 milliard d’autres peut l’être dont 400 millions de très bonnes terres. Mais cela seul ne signifie pas pour la révolution verte, il faut tabler sur un usage accru des semences améliorées, des engrais, des fertilisants et des techniques d’irrigation plus performantes. Elle doit impliquer aussi des réformes dans la commercialisation, le marketing ou encore l’adoption de règles sanitaires. Une révolution verte a besoin d’un minimum d’infrastructures.

Chaque village doit posséder un camion pour transporter l’engrais et emporter sur les marchés les récoltes. Or, il se trouve que des nombreuses localités africaines brillent par leur isolement rendant impossibles l’achat et l’acheminement des éléments nécessaires à la production agricole ou à sa vente. « Nous voulons mettre en place une révolution verte qui reconnaisse la biodiversité, qui respecte et s’adapte aux différentes régions et aux différentes plantes et semences », a insisté Kofi Annan, président de l’Alliance pour la révolution verte en Afrique (AGRA).

S. Nadoun COULIBALY
coulinad@hotmail.com

Sidwaya

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