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Médias : Des attachés de presse peu communicants

Publié le mercredi 21 mai 2008 à 10h32min

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Au Congo Brazzaville, les attachés de presse sont accusés de ne pas faire leur job. Mal formés, ils communiquent peu sur les actions de leur administration, mais continuent souvent à travailler dans des médias d’État où ils diffusent la bonne parole gouvernementale. Ils entretiennent ainsi la confusion entre communication et information.

Avoir des plans de communication efficaces pour rendre plus visibles les actions de leurs départements respectifs. Voilà en substance le message envoyé, le 7 avril dernier, par la fille du chef de l’État congolais, Claudia Lemboumba Sassou N’guesso, conseillère à la communication et aux relations publiques de son père, aux attachés de presse des ministères et autres grands services et sociétés étatiques (Délégation générale des grands travaux, Société nationale des pétroles du Congo, etc.). Principal reproche adressé à ces employés, leur manque de combativité et d’ardeur à faire connaître l’action gouvernementale. Il en résulte une mauvaise information des journalistes et des citoyens. Dans les ministères, on les perçoit généralement comme de simples "porte-documents". La plupart du temps, ils sont en effet plus concernés par la personne du ministre que par l’action menée par son administration. "Les responsables des cabinets leur confient des tâches parfois ridicules (chercher les enfants du ministre à l’école, déposer sa femme à son travail, NdIr) qui ne correspondent pas à leurs missions. Ils travaillent par ailleurs sur des dossiers qui ne les concernent pas", explique un ancien attaché de presse.

Confusion des rôles

Les ambiguïtés sont nombreuses autour de ce métier. A commencer par la confusion entre communication et information. Bon nombre d’attachés de presse sont journalistes dans des médias d’État, dans lesquels ils relaient abondamment la bonne parole de leurs ministres... L’instabilité gouvernementale les incite à ne pas quitter leurs rédactions. "C’est un risque que personne n’ose prendre. Dans un pays où les gouvernements changent trop souvent, tu as de fortes chances de te retrouver au chômage si ton ministre n’est pas reconduit au prochain remaniement", explique l’un d’eux, journaliste à la chaîne nationale. Les instances de régulation et d’autorégulation des médias, le Conseil supérieur de la liberté de communication (CSLC) et l’Observatoire congolais des médias (OCM) ont du mal à les considérer comme des journalistes à part entière. Et pour cause, la Charte des professionnels de l’information et de la communication, issue des États généraux de l’information et de la communication, tenus à Brazzaville en 1992, stipule qu’un journaliste doit refuser tout avantage matériel de la part d’une personnalité. Ce qui est loin d’être leur cas... Véhiculés pour certains et toujours tirés à quatre épingles, les attachés de presse suscitent la jalousie de leurs collègues journalistes. En dehors des salaires officiels de l’État qu’ils perçoivent au même titre que les autres journalistes fonctionnaires (80 000 à 120 000 F CFA, 120 à 180 euros/mois environ), ils bénéficient de nombreuses indemnités et autres privilèges.

Peu formés, inexpérimentés

Résultat : leurs postes très convoités notamment par des journalistes peu formés et inexpérimentés. Ainsi, à l’entrée des nouveaux ministres dans un gouvernement, les candidats se bousculent au portillon pour solliciter une place. En vain. La plupart de ceux qui deviennent attachés de presse sont de la famille des ministres...
Bernard Mackiza, coordonnateur de l’OCM, appelle à clarifier le rôle des attachés de presse et met l’accent sur leur déficit de formation : Quand la commission de la carte de presse sera mise en place, nous y verrons plus clair sur cette catégorie de professionnels. Parmi eux, certains ont fait des études de journalisme, d’autres ont étudié les relations publiques. Les attachés de presse ont, eux-mêmes, exprimé le besoin crucial d’être mieux formés auprès de la conseillère du chef de l’État congolais. Jusqu’à présent, aucune formation officielle ciblée ne leur est proposée à l’université. Et chacun se débrouille à sa manière.

Paul DURAND (Syfia International)

Sidwaya

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