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Union des partis sankaristes : Le FFS est mort…Vive le FFS !

Publié le lundi 5 mai 2008 à 12h03min

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Nestor Bassière et Norbert Tiendrébéogo

Pour le député Nestor Bassière, le Front des forces sociales (FFS), parti dont il assurait jusque-là la présidence, n’existe plus. Ainsi en a décidé les participants à ce congrès extraordinaire du FFS qui s’est tenu hier dimanche à la Maison des retraités Antoine-Nanga. Pour la dissolution de ce regroupement politique et sa fusion dans l’Union des partis sankaristes (UPS), ils se sont fondés sur un vote dont les résultats suivants sont des plus éloquents à leurs yeux : 0 contre, 1 abstention et 81 voix qui étaient pour.

Mais le fondateur du FFS, Norbert Tiendrébéogo, ne l’entend pas de cette oreille. Il dénie aux organisateurs de la rencontre la qualité pour convoquer un congrès extraordinaire et persiste et signe : le FFS demeure.

« Ce jour 4 mai est un jour ambivalent pour nous. Ambivalent en ce sens que d’une part, nous devons, si vous congressistes l’accordiez, voir la fin d’un parti, le FFS. Cela nous chagrine un peu au regard du travail que nous avons abattu ensemble, chacun autant que nous sommes, à quelque niveau que ce soit, afin que le FFS se maintienne dans l’échiquier politique national…La réponse adéquate est et restera l’unité, n’en déplaise à quelques anticonformistes qui, justement, ont profité des premiers fruits de cette unité pour se hisser à des niveaux qu’ils n’avaient et n’auraient sans doute jamais atteints…Eh bien ! Aujourd’hui le congrès est là, vous êtes là pour vous prononcer sur l’opportunité de cette fusion, qui verrait du coup la dissolution du FFS si tel est l’assentiment, parce que le FFS, le parti, vous appartient. Il ne saurait appartenir à un individu qui y assoirait les prémisses ou les bases d’une royauté mal à propos ». C’étaient là des extraits de la déclaration préliminaire prononcée par Nestor Bassière, président du Front des forces sociales (FFS) et député sous la bannière UPS. Bien sûr des propos qui ne faisaient pas dans l’ambiguïté, ni dans l’objectif de la rencontre, encore moins sur la personne à qui s’adressaient ces piques.

Cette déclaration aussitôt lue, les invités au congrès extraordinaire du FFS organisé par le Secrétariat exécutif national (dixit Bassière et Cie), dont la majorité était composée des membres du bureau de l’Union des partis sankaristes (UPS) ont quitté la salle pour permettre aux participants de décider de la fusion ou non du parti qui avait battu la campagne sous leur bannière pendant les législatives. Cette union a permis d’engranger deux députés que sont Norbert Tiendrébéogo et Nestor Bassière. Cependant, depuis le renouvellement du bureau de cette union qui a porté à la présidence Joseph Ouédraogo, la tendance Norbert Tiendrébéogo a coupé les ponts et leurs relations ne sont plus au beau fixe. Elles sont même orageuses et le divorce a été consommé depuis longtemps.

Néanmoins, à écouter les organisateurs de la rencontre, une convocation par voie d’huissier lui a été envoyée pour participer à ce congrès extraordinaire. Et dans la même logique, étaient présents aux travaux, des représentants d’un cabinet d’huissier qui ont assisté aux votes. De temps en temps, des fuites émanant de la salle, il ressortait que les participants, dans une très large majorité, étaient en train de signer le certificat de décès de leur parti, le FFS. Conséquence, il n’y avait pas grand suspense lorsqu’à la fin des travaux à huis clos, les invités et les participants ont été priés d’entrer en salle pour la cérémonie de clôture. Et c’est un Bassière visiblement soulagé qui a fait dans l’improvisation, après avoir prévenu qu’il n’a pas préparé de discours. Raison invoquée : « En venant, je ne savais pas ce qui allait se passer ». La fusion du FFS dans l’UPS, et du même coup sa dissolution, ont été votées à 81 voix pour, 1 abstention et 0 contre. Et le député Nestor Bassière de conclure : « Ceux qui pensent qu’un parti se résume à un individu savent aujourd’hui qu’ils ont tort. Dès demain matin, nous déposons les conclusions de nos travaux au ministère concerné. A partir de maintenant, plus personne ne peut parler au nom du FFS ».

Issa K. Barry


Norbert Tiendrébéogo « Le FFS reste et demeure »

A l’issue du Congrès extraordinaire de dissolution du Front des forces sociales, nous avons échangé avec celui qui a fondé ce parti, le député Norbert Tiendrébéogo, qui donne son point de vue sur l’événement.

Un congrès extraordinaire s’est tenu ce matin (Ndlr : dimanche 4 mai) et a dissous le Front des forces sociales (FFS). Qu’en dites-vous ?

• Je pense qu’il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’une mascarade honteuse. Ceux qui en sont les auteurs ne savent pas ce que c’est que la honte, sinon ils n’allaient pas descendre aussi bas. Le FFS, comme tout parti politique, est régi par des textes. On ne convoque pas un congrès comme si on invitait ses copains au marché. Nous avons des instances qui sont là. Ce sont le Secrétariat exécutif, le BPN et le Conseil national qui sont autant de structures par lesquelles on passe pour convoquer un congrès extraordinaire.

Justement, ceux qui l’ont organisé disent avoir réuni le Secrétariat exécutif…

• Je regrette, mais nous n’avons jamais été ampliateurs d’une telle invitation.

Ils affirment pourtant vous avoir envoyé une convocation par voie d’huissier…

• Oui. Pour un congrès extraordinaire de fusion, nous a-t-on dit, alors que le FFS n’a jamais cherché à fusionner avec qui ce soit. Nous sommes donc bien étonnés. Pire, celui qui a procédé à cette convocation n’a aucune autorité pour le faire…

Mais c’est tout de même le président du parti !

• Bassière Nestor, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne dispose d’aucun pouvoir pour le faire, fût-il le président national. Nos textes sont clairs là-dessus. Un congrès extraordinaire est convoqué par les 2/3 des provinces dans lesquelles le parti est représenté ou alors sur décision du Conseil national.

De votre côté, il semble que la veille de cette rencontre, vous aviez organisé une rencontre du BPN…

• Oui. Il s’agissait d’une rencontre demandée par la majorité des membres du Secrétariat exécutif et nous avons compté la présence de presque toutes les provinces dans lesquelles nous sommes implantées…

Du côté de Bassière aussi, on revendique la même forte présence…

• Oh ! De toutes les façons, comme ils vont envoyer un procès-verbal au ministère de tutelle, on saura si ce sont des éléments de la rue qu’ils ont ramassés comme étant des responsables du FFS ou si ce sont vraiment des responsables du parti. Nous, nos participants sont de vrais responsables du FFS qui sont dans les listes déposées au MATD.

Vous refusez donc la dissolution du FFS ?

• Ce n’est pas que nous la refusions. C’est qu’il n’y a aucune dissolution du FFS ! Il n’y a que les membres du parti qui ont la possibilité de le faire. Ce n’est pas à des individus ramassés dans la rue de le faire. Le FFS demeure. Le FFS n’a jamais disparu, n’en déplaise aux petits apprentis sorciers. Nous sommes là. Nous sommes reconnu par le ministère de tutelle. Jusqu’à preuve du contraire, le MATD ne nous a jamais retiré le récépissé. Néanmoins, en juin, précisément le 28, nous allons prendre un autre récépissé pour prendre acte de la démission de Bassière et Cie.

Des informations qui nous parviennent disent que vous allez créer le Front des forces « socialistes » pour varier un peu le nom.

• Ce que vous dites n’a jamais été à l’ordre du jour de nos échanges.

On a l’impression que beaucoup de vos anciens compagnons du côté UPS vous en veulent. Ils vous reprocheraient une certaine ingratitude pour avoir utilisé l’UPS pour devenir député et de les avoir ensuite lâchés.

• Ecoutez ! Nous avions fait une coalition et sommes allés aux élections. Après les scrutins, chacun est libre de se retirer de ladite coalition ! La coalition a voulu se muer pour aller vers la fusion. Nous ne sommes pas allé jusqu’à la fin du processus. Je ne vois donc pas en quoi on va me traiter de renégat ou de calculateur. Nous ne sommes pas obligé d’aller jusqu’à la fin de la logique que les autres voulaient nous imposer !

Entretien réalisé par I.K.B.

L’Observateur

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