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Présidentielle en Côte d’ivoire : Est-ce enfin la bonne date ?

Publié le mercredi 16 avril 2008 à 10h27min

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La nouvelle est tombée le 14 avril. L’élection présidentielle, qui va consacrer le retour à une vie constitutionnelle normale en Côte d’Ivoire, aura en définitive lieu le 30 novembre 2008. A deux mois du terme fixé par l’Accord politique de Ouagadougou, les acteurs et les observateurs ont fini par se rendre à l’évidence que la tenue de l’élection au mois de juin était plus hypothétique que jamais.

Ce report ne surprend donc personne ; il était attendu et même souhaité par certains pour donner plus de chance à la paix. Le 30 novembre, les Ivoiriens, si leurs dirigeants politiques, pour une fois, tiennent parole, auront le privilège de voter, un acte citoyen dont ils ont perdu l’habitude à force de tirs de kalachnikov et de palabres interminables sur un processus de paix qui, il faut le reconnaître, commençait à s’éterniser.

Les calculs politiciens ne sont certainement pas étrangers aux nombreux blocages observés jusqu’ici. Mais cette fois-ci, c’est la Commission électorale ivoirienne, au regard de l’évolution de la mise en œuvre de l’Accord de Ouagadougou, qui anticipe et reporte l’échéance, toute chose qui est dans ses prérogatives. Apparemment, le chronogramme semble bien maîtrisé du côté de cette institution dont on attend qu’elle en livre les détails afin d’amener les protagonistes à bien cadrer leurs activités, notamment la finalisation du processus d’identification, la publication des listes électorales, etc. Les choses semblent désormais entre les mains des techniciens, mais à condition que les moyens suivent. Cent milliards, telle est l’évaluation financière du système des Nations unies. Mais les bailleurs de fonds ne se bousculent pas au portillon ; la versatilité dont ont fait preuve les parties en conflit dans le respect de leurs engagements y est certainement pour quelque chose. Pourtant, ils devraient délier rapidement les cordons de la bourse au risque de provoquer encore de nouveaux reports. Cette période de "ni guerre ni paix" plombe l’économie de toute la région et maintient des millions d’Ivoiriens dans la précarité. Pourtant, l’Etat ivoirien a fait la preuve de son engagement à tenir le scrutin, en mettant 40 milliards de FCFA dans l’escarcelle. Pour un pays en crise, c’est un signal fort. Il appartient donc à la communauté des bailleurs de fonds de jouer leur partition afin que l’argument financier ne soit plus un prétexte pour renvoyer les élections aux calendes grecques. Le facilitateur l’a d’ailleurs si bien compris qu’il a demandé l’assistance de la CEA et de l’OCI (Organisation de la conférence islamique). Malgré ce qui lui arrive, le pays reste un formidable nid d’investissements productifs. Et la relance de son outil industriel ne va pas manquer de relancer l’économie de toute la sous-région.

La bonne nouvelle est venue des deux organismes chargés de coordonner le processus d’identification des électeurs et de confection des cartes d’électeurs : l’Institut national de statistiques (INS) et la société française SAGEM qui se sont combattus jusque-là ont vu leurs activités faire l’objet d’un décret présidentiel qui définit clairement leurs attributions et la forme de leur collaboration.

La presse ivoirienne semble pour l’instant avoir bien accueilli la nouvelle. C’est dire à quel point l’opinion était préparée à cette éventualité. En outre, le ballet diplomatique observé à Ouagadougou auprès du facilitateur Blaise Compaoré, avant l’annonce de la décision, a certainement participé à préparer les esprits. Reste la réaction des autres partis politiques. Quant au FPI, parti au pouvoir, et les Forces nouvelles, ils devront faire la preuve de leur bonne foi en facilitant les derniers réglages vers les élections.

Ce sont les principaux acteurs de la crise en Côte d’ivoire. A eux deux, ils tiennent la clé de la tenue ou non de l’élection présidentielle en novembre. Le désarmement, le redéploiement de l’Administration sur le territoire national, sont de leurs responsabilités.

Gbagbo y a intérêt s’il ne veut pas perdre le capital de confiance qu’il a su acquérir auprès d’une partie des Ivoiriens et même de certains pays .Paradoxalement, lui qui a souvent joué la montre pour gagner du temps, a désormais intérêt à aller rapidement aux élections. Car, les effets de la vie chère sur les populations ne vont pas tarder à faire l’objet de surenchères politiques et lui faire perdre peut-être son assurance actuelle. Beaucoup de choses dépendent de lui, même s’il a réussi à faire passer l’idée selon laquelle ce sont les Forces nouvelles qui font obstacle à l’application de l’Accord de Ouagadougou. Il est contraint d’aller rapidement aux élections pour « régulariser » sa situation à travers des élections libres et transparentes. Gbagbo a besoin de refermer la parenthèse, tout comme les Forces nouvelles qui, déjà, ont annoncé la suppression des prélèvements d’impôts dans leur zone. Le défi est désormais national, et tous les Ivoiriens seront des observateurs attentifs aux actes que chacun des protagonistes posera dans le sens de la facilitation de la tenue de l’élection présidentielle. Sous cet angle et d’une certaine façon, la campagne pour l’élection présidentielle a déjà commencé.

Le Pays

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