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Gestion équitable des recettes publicitaires : Le CSC va engager la réflexion

Publié le mercredi 27 février 2008 à 10h18min

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Le Conseil supérieur de la communication était à Dori du 22 au 23 février derniers à l’occasion d’un atelier sur les nouveaux enjeux de la régulation. Cet atelier qui entre dans le cadre du renforcement des capacités du collège des conseillers et des cadres de l’institution a permis d’aboutir à des recommandations afin d’ adapter la régulation au service d’un développement harmonieux des médias.

Pendant deux jours les conseillers et les cadres du CSC ont eu droit à des communications de haut niveau sur la concurrence dans le secteur audiovisuel national, la politique du gouvernement en matière de communication à l’heure des défis de l’information. Les séminaristes ont eu droit à une présentation sur le concept de l’éducation aux médias ainsi que sur le plan d’attribution des fréquences numériques.

Les thèmes ont fait l’objet de débats forts animés surtout celui sur les médias audiovisuels et la concurrence. Le cas de la radio et de la télévision privées a été présenté respectivement par Charlemagne Abissi, président de l’UNALFA (Union nationale de l’audiovisuel du Faso) et Rémi Dandjinou, directeur général adjoint de Canal 3. Ces deux communicateurs ont présenté l’étroitesse du marché publicitaire comme un frein au développement des médias privés. Sur ce marché, leur prédateur sont "les médias publics qui sont en situation de monopole pour la diffusion de la "pub" et des annonces de l’Etat et de ses institutions. Ils ont souhaité une relecture du Code de la publicité et l’instauration de quotas sur le marché publicitaire afin de loger tous les médias audiovisuels à la même enseigne. Pour Charlemagne Abissi, le privé fait également du service public et il n’est pas "équitable" que les médias publics fonctionnant avec des fonds publics, aient le monopole sur la publicité. Les deux communicateurs ont souhaité que l’on clarifie le statut de ces médias publics qui ont un statut "hybride".

Les deux responsables de chaîne privée ont toutefois reconnu qu’ils avaient des efforts à faire dans la gestion et dans l’investissement afin d’attirer les investisseurs et de faire face à la concurrence des télés et radios étrangères en termes de contenus. Il s’agit, selon Rémi Dandjinou, d’améliorer les conditions de travail des agents et surtout le rayonnement des chaînes privées pour élargir leur audience. A ce sujet, les conseillers du CSC ont pris trois recommandations. L’atelier a recommandé une réflexion sur les fréquences relais ; sur la gestion équitable des recettes publicitaires ; et une étude sur les audiences afin de clarifier la place de chaque média.

L’atelier a également recommandé le lancement d’une concertation sur l’éducation aux médias. Au regard des mutations technologiques en cours, notamment la convergence des médias, les participants ont estimé, à la lumière de la communication faite par Émile P. Bazyomo, enseignant en science de l’information, sur le concept de l’éducation aux médias. Ce concept part du postulat que dans le contexte actuel, la censure extérieure n’est plus productive et qu’il faut éduquer le citoyen à comprendre et à décoder les messages médiatiques et à opérer soi-même une sorte d’autocensure. Cette concertation associera les ministère en charge des enseignements, des psychologues, etc.

L’ atelier de Dori a insisté sur la mise en place d’un cadre de concertation entre le ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication (MCTC) parce qu’officiant dans le même domaine. Le directeur de cabinet du Ministère en charge de la communication, Stanislas Médah, a présenté la politique du gouvernement face aux nouveaux défis de l’information. Il a annoncé la mise en place de structures qui vont accompagner cette mise en oeuvre : la Direction du Développement des médias qui va renforcer les capacités, le financement des entreprises de presse ; le Système d’information gouvernemental pour informer et créer de la lisibilité et de la visibilité sur les actions du gouvernement.

Constant Simporé, ( directeur du centre des émissions) a éclairé la lanterne des conseillers sur le plan de gestion des fréquences numériques, les critères d’attribution. De son exposé, il est ressorti la rareté de la ressource et la nécessité de la gérer opportunément.

L’atelier a salué l’initiative de cette formation, et a recommandé au CSC de continuer sa politique de renforcement des capacités des conseillers et des cadres. A noter que le secrétaire exécutif du CAPES (Centre d’analyses des politiques économiques et sociales), Dr Emile Dialla, a entretenu les conseillers sur le concept de renforcement des capacités.

Par Abdoulaye TAO


Le président du CSC sur les enjeux de la régulation

A la fin de l’atelier de Dori, le président du Conseil supérieur de la communication a livré ses impressions sur les travaux.

Nous sommes une institution qui doit se préparer à faire face à une régulation sur un terrain très mouvant, celui des technologies de l’information et la communication. Durant ces deux jours, nous avons fait le tour des médias audiovisuels privés dans notre pays aujourd’hui, l’avenir des médias privés dans un contexte de concurrence interne et externe avec ce que cela comporte d’exigences technologiques et d’exigences en matière de programme. Les conseillers ont pu prendre conscience des difficultés liées à la gestion de l’espace publicitaire. Sans publicité les médias vivent difficilement. C’est une préoccupation pour le Conseil de voir comment cette manne publicitaire peut profiter à l’ensemble des médias.

Les travaux ont permis de mesurer l’impact des médias et d’éduquer les jeunes à mieux décrypter ce qui se dit dans les médias, le contenu des médias.

Une des leçons également de Dori, c’est que le passage au numérique suscite des inquiétudes et beaucoup d’espoirs. Les conseillers ont pu s’imprégner des perspectives dans le domaine des développements technologiques. Nous avons également apprécié la communication présentée par le ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication qui nous a permis de nous imprégner des activités et des chantiers en cours au cours dans le département.


Moeurs : "Le véritable protecteur de l’enfant c’est l’enfant lui-même"

Emile Bazyomo a donné une communication sur l’éducation aux médias au Burkina Faso à l’occasion de l’atelier du Conseil supérieur de la communication sur les enjeux de la régulation. Il se prononce ici sur la question de la censure et sur les vidéos pornographiques qui ont circulé il y a quelques semaines dans la ville de Ouagadougou.

Je pense qu’on doit pouvoir continuer avec la régulation externe telle que pratiquée actuellement avec le CSC. Mais la régulation qui vaille c’est l’autorégulation. C’est en cela que l’éducation aux médias intervient. Il s’agit d’éduquer les jeunes esprits à pouvoir décider par eux- mêmes les productions médiatiques qu’ils reçoivent, de créer la distance nécessaire quand ils reçoivent ces messages, et surtout exercer un jugement critique des contenus qu’ils reçoivent. L’éducation aux médias permet de ne pas créer la confusion dans les esprits des jeunes citoyens.

L’éducation aux médias dans le contexte africain où l’on assiste à une explosion médiatique, n’est-ce pas une gageure ?

Il n’est jamais tard pour bien faire. Il est vrai que les enfants sont en contact permanent avec les productions médiatiques mais il faut commencer le travail parce que le déferlement médiatique fait que nous sommes en train d’être envahis culturellement. Ce n’est pas tard parce que nous continuons à éduquer nos enfants. L’éducation aux médias est un aspect du grand ensemble qu’est l’éducation

Des vidéos pornographiques qui circulent dans notre capitale sont-elles les travers de la mauvaise réception des messages médiatiques ?

C’est un des aspects du problème. J’ai mené une petite enquête auprès des jeunes et il se trouve que la deuxième vidéo pornographique aurait été faite en soutien à la première qui a eu lieu au LTO (Lycée technique de Ouagadougou). Et des comités de soutien ont même failli voir le jour. Ce qui est important ici est de pouvoir mener les débats avec les jeunes pour que l’on puisse réaliser la gravité de la question. Il est vrai que la vie sexuelle est débridée actuellement, mais ce qui est grave c’est l’utilisation que l’on veut en faire. On veut utiliser des canaux de communication de masse pour diffuser des scènes pornographiques.

Comment protéger alors les jeunes face à de nouveaux canaux de diffusion ?

Le véritable protecteur de l’enfant, c’est l’enfant lui-même. La censure c’est bien, mais elle n’est pas suffisante. Il faut amener le jeune à comprendre la menace pour s’en distancer. Sinon la censure externe est éphémère et improductive parce que ce que l’on va l’empêcher de voir à la maison, il le verra dehors. Une fois qu’il a bien compris pourquoi on ne veut pas qu’il y ait accès, il peut même sensibiliser ses amis. La censure pousse les gens à aller voir. Voyez comment la vidéo pornographique circulait sous cape. Elle serait pratiquement le best-seller de l’année si elle avait été vendue.

Le Pays

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