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Lutte contre la corruption : Testicus Zorro, Moïse de l’intégrité

Publié le vendredi 8 février 2008 à 11h06min

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Tertius Zongo

La ville de Ouahigouya a abrité, la semaine dernière, un séminaire sur la lutte contre la corruption. Un séminaire de plus, est-on tenté de dire. Sauf que, cette fois, le Premier ministre himself a présidé l’ouverture ! L’infatigable Testicus Zorro était encore aux premières loges, comme il le fait chaque fois que son gouvernement organise quelque chose censé avoir un impact sur la vie des Burkinabè.

Après avoir porté sur les fonts baptismaux la grosse machine de contrôle, voire de moralisation des affaires de l’État, et avant même la nomination du premier responsable qui aura rang de ministre, le PM veut donner un sens à sa détermination de sortir le pays des Hommes intègres du corridor de Sodome et Gomorrhe. Les Burkinabè, dans leur ensemble, feraient œuvre utile, en sortant de leur pessimisme, pour accompagner les efforts de ce Moïse de la IVe République afin qu’il ne cède pas au découragement et encore laisser prospérer cette espèce d’Égypte antique du Burkina des affaires.

Le meilleur service que l’on puisse rendre à Te$ticu$ Zorro, c’est donc de lui éviter d’être attristé et de dire au Blaiso : « Pourquoi affliges-tu ton serviteur, et pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux et que tu aies mis sur moi la charge de tout ce peuple... incrédule ? » Le vrai challenge dans la lutte contre la corruption, c’est le changement de mentalité et la promotion de la probité. Ce n’est un secret désormais pour personne que, dans la faune politique et administrative, ne pas faire des affaires ou ne pas savoir se « débrouiller » est perçu comme une incapacité. Pour parler terre à terre, il faut être « bête » pour ne pas savoir profiter d’une situation. Pire, un responsable peut être taxé « d’inefficacité » parce qu’il ne sait pas faire profiter à sa hiérarchie d’avantages illicites en juste retour d’ascenseur.

Les valses au niveau des postes de responsabilité tiennent moins du souci de placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut que de celui de propulser des « rabatteurs » de cadeaux, de contributions ou autres soutiens multiples et multiformes aux faiseurs de rois. Naturellement, quand on est nommé à un poste dont on n’a pas la qualification requise, cela pue le favoritisme, qui engendre forcément le larbinisme.

Le Burkina n’étant plus le champ du père de personne, les décortiqueurs d’arachides publiques ne résistent plus à la tentation d’en croquer et d’envoyer des tines aux contremaîtres. On versera quand même un peu dans le grenier, pour se donner bonne conscience et justifier des performances. L’administration publique a donc une grande part de responsabilité dans la généralisation de la corruption, et c’est dans l’administration qu’il faut la combattre.

La faim et la pauvreté ne justifient pas tout. Il faut aux Burkinabè un supplément d’âme pour résister aux chants des sirènes de l’enrichissement illicite et de faire de leur pays le « pays d’Uts ». Ils redeviendront alors des « Job », c’est-à-dire des hommes intègres et droits, craignant Dieu et se détournant du mal. Les responsables religieux devraient, de ce fait, s’impliquer dans la campagne de sensibilisation pour rappeler aux brebis galeuses qu’une autre vie est possible et que, comme le proclame un cantique des Psaumes : « Heureux tout homme qui craint l’Éternel, qui marche dans ses voies ». Il jouit alors du travail de ses mains.

Rien ne sert d’aller à Lourdes ou à Yagma et se livrer à des détournements de biens publics ; ou d’aller à la Mecque et pratiquer des surfacturations.

Journal du jeudi

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