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L’Afrique en 2008 : Le challenge de la gouvernance politique

Publié le vendredi 4 janvier 2008 à 09h32min

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Lorsque les derniers effets des alcools vont se dissiper, beaucoup d’Africains vont s’apercevoir qu’en fait, leurs dirigeants ne leur ont rien dit de concret dans le domaine de l’amélioration de leurs conditions de vie, comme en matière de développement dans leurs messages de Nouvel An 2008. Les préoccupations des peuples sont superbement ignorées face à leur détermination à demeurer au pouvoir.

Cette lubie des chefs d’État africains est apparue dans sa plus vilaine nudité au Kenya où l’élection présidentielle du 27 décembre a été suivie d’un déchaînement de haine tribale jamais vue dans un pays qui était cité en exemple pour sa stabilité politique et le pacifisme de ses habitants ; et au Cameroun où, dans son message à ses compatriotes, le président Paul Bya a annoncé que la Constitution serait aménagée pour lui permettre de briguer un autre mandat, lui qui se trouve à la tête du Cameroun depuis plus de vingt-cinq ans. C’est vraiment une honte pour cette Afrique en ce début du 21e siècle. Qu’il est bien loin, l’esprit de la Baule ! Simplement jeté aux orties. Tous les ingrédients pour l’éclatement de la violence, à l’instar de ce que les populations du Kenya vivent actuellement, semblent réunis au Cameroun.

La plaie la plus laide dont souffrent aujourd’hui les États africains a pour dénomination : malgouvernance politique. Une bonne gouvernance politique et une alternance politique s’accompagnent toujours d’une bonne gouvernance économique. Le Mali de l’après Moussa Traoré en est une illustration éclatante. Les présidences à vie et les transitions politiques dynastiques, actuellement à la mode en Afrique, sont l’autre plaie qui ronge l’Afrique. S’y ajoute le refus de la différence au nom duquel de nombreux journalistes croupissent en ce début d’année dans les geôles du président Tandja du Niger, mais aussi d’ailleurs.

Outre que leurs dirigeants ne laissent entrevoir aucune perspective heureuse pour 2008, dans de nombreux coins de notre continent, la transition entre l’année 2007 et 2008 s’est accomplie dans le sang. En Mauritanie, quatre touristes français ont été assassinés la veille de la fête de Noël. En Algérie, au Soudan et au Burundi, le sang a coulé. Les victimes sont des expatriés, des membres d’ONG travaillant dans l’humanitaire. C’est le cas des femmes victimes d’un attentat au Burundi. S’agit-il de crimes crapuleux dont des personnes isolées sont les auteurs, ou faut-il tout mettre sur le compte de la nébuleuse Al Qaïda qui a juré de s’attaquer à l’Occident et à ses intérêts sur ce continent ?

Mais heureusement que tout n’est pas noir en Afrique en ce début de l’an 2008. Difficilement, avec de temps à autre des accès de violences, la paix s’installe, et nous souhaitons qu’elle soit irréversible en Côte d’Ivoire. Au Togo, même sans gouvernement d’ouverture à l’issue des élections législatives, le climat social et politique se normalise. Avec ces élections, le Togo est sorti de son isolement. C’est un bon signe que des pays africains membres des ACP résistent et exigent plus de clarté avant d’apposer leur signature sur les nouveaux Accords de partenariat économique qui les lient depuis leurs indépendances à l’Union européenne. L’UE s’est agrandie de deux nouveaux membres le 1er janvier, elle qui donne l’impression qu’elle travaille à diviser les pays pauvres, majoritairement africains. Actuellement, 15 pays utilisent une seule et même monnaie, l’euro. C’est une preuve que le reste du monde avance dans l’union, alors que L’Union africaine peine à trouver ses marques.

Mais l’espoir est permis. Ce qui se passe actuellement au Kenya est certes déplorable, voire condamnable. Mais ces événements montrent, comme on l’a vu à Madagascar il y a quelques années, une prise de conscience grandissante des populations africaines déterminées à faire elles-mêmes leur propre histoire. Ils indiquent également que les peuples refusent qu’on leur impose des dictateurs, des présidents inamovibles, et des hommes providentiels. Les peuples africains veulent imposer à leurs dirigeants qui sont allergiques à toute évolution, le challenge de la gouvernance politique. Ce mouvement est irréversible. Il sonne le glas des dictatures et des hommes irremplaçables, et montre surtout que le continent noir, qui se trouve être le plus pauvre de la planète, peut, s’il le veut, se mettre sur la bonne voie.

"Le Fou"

Le Pays

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