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Me Stanislas Bénéwendé Sankara : "2007, année Thomas Sankara"

Publié le lundi 31 décembre 2007 à 12h48min

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L’année 2007 tire à sa fin. L’heure des bilans a donc sonné. C’est dans cette perspective que nous avons rencontré pour vous Me Bénéwendé Stanislas Sankara, leader politique de l’opposition et président de l’Union pour la Renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS). Dans l’interview qui suit, il jette un regard critique sur la politique au Burkina et ailleurs, courant l’année 2007. Une année à laquelle il attache un nom de baptème : Thomas Sankara.

Le Pays : Pouvez-vous, en tant que leader politique, nous faire le bilan de la politique nationale en 2007 ?

Me Bénéwendé Stanislas Sankara : D’abord, permettez-moi de vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez en fin d’année afin de pouvoir faire avec vos lecteurs, le bilan politique de l’année 2007. A ce sujet, je dois dire que 2007 a été une année d’effervescence et d’intenses activités politiques. D’abord, ça a été une année électorale, puisque les élections législatives se sont déroulées au mois de mai et une nouvelle législature a été installée. Et bien avant, il y a eu les élections municipales. Mais le clou de tout ça aura été l’année Thomas Sankara. Le 15 octobre 2007, les Sankaristes au Burkina comme d’ailleurs, ont commémoré le 20e anniversaire de l’assassinat du président Thomas Sankara. Et cela a suscité au niveau des autorités gouvernementales, une réaction pas possible, qui a consisté à inventer la renaissance démocratique, qui a été suivie par la réhabilitation du 11 décembre.

Et vous avez vu que la commémoration de la fête de l’indépendance a été fêtée avec faste et aujourd’hui, il y a une perspective désormais tournée vers le 11 décembre. Et je crois que tout cela s’explique par la grande mobilisation dont a fait preuve le peuple burkinabè le 15 octobre, qui atteste que désormais, les gouvernants doivent se rendre à l’évidence que le peuple ne les aime pas. Aujourd’hui, le peuple burkinabè se mobilise de plus en plus autour de ses préoccupations essentielles, et autour de ses aspirations réelles et effectives, autour de comment régler ses problèmes réels et quotidiens, puisque le Burkina est confronté par la cherté de la vie, par la mal gouvernance, par l’impunité depuis le sommet, par la pauvreté. Le rapport du PNUD vient d’être publié, et il en ressort que le Burkina Faso est pratiquement le dernier pays le plus pauvre de la planète ! Il faut le dire et le souligner avec force. C’est vrai que le Burkina connaît une stabilité institutionnelle qu’on invoque à souhait pour dire qu’ici, il y a la paix. Mais, c’est une paix relative, une paix chancelante.

Parce que la démocratie ne rime pas avec un certain nombre de comportements et d’attitudes qui peuvent du jour au lendemain, remettre en cause cette paix. La preuve, c’est que vous avez vu des militaires à la retraite et des policiers manifester ; vous avez vu les échauffourées entre les étudiants à Koudougou et les forces de l’ordre. Vous voyez que de plus en plus, il y a des exécutions sommaires ! Chaque année, vos colonnes nous livrent des macabés qu’on couvre sur les rails et les voies publiques ! Aujourd’hui, le banditisme est une réalité et même des ministres ont été inquiétés sur des voies publiques ! Aujourd’hui, notre jeunesse, malgré les fora, malgré les chèques géants que les chefs de l’Etat signent pour ces jeunes-là, reste confrontée à une pure réalité : le manque d’emploi, le chômage. Et elle finit par se confier à l’alcool et à la drogue.

Aujourd’hui, dans les villages, c’est le "qui me pousse" qui est un plat de résistance ! Quel est donc cet avenir que nous voulons leur destiner ? C’est pourquoi, au-délà de ce bilan très mouvementé, qui a peut-être montré le dynamisme des Burkinabè dans l’action politique, il y a quand même lieu de tirer la sonnette d’alarme. Parce que quand on regarde les différentes élections qui se sont déroulées, avec un potentiel de plus de 6 millions d’habitants, s’il n’y a que 2 millions d’électeurs qui se sont intéressés à la vie politique, il y a forcément un problème. A l’orée du nouvel an de 2008, en tant que leader politique, Sankariste à l’UNIR/MS, notre souhait est que ce peuple se ressaisisse, ait confiance en lui-même, se débarrase de la fatalité et mette dans sa tête que seule la lutte paie. Et qu’ensemble, nous luttions pour que 2008 nous offre des perspectives meilleures.

Quel bilan pouvez-vous à présent tirer de la politique internationale en 2007 ?

C’est vrai que la situation qui vient d’être décrite au plan interne permet également de dire qu’au plan international, l’activité était aussi intense. Le Burkina s’est investi dans des conflits sous-régionaux, comme le règlement de la crise ivoirienne, le règlement de la crise au Togo. Il y a eu une tentative pour le Niger qui est restée pratiquement lettre morte. Mais on peut aussi souligner l’élection du Burkina Faso au Conseil de sécurité de l’ONU. Ce sont des faits majeurs qui ont impliqué notre vie politique au plan international. Il n’y a pas que ça, je pense que d’un point de vue international, il y a des activités politiques qui ont été menées qui intéressent également la communauté internationale. Il y a eu des élections qui ont été menées et qui nous inspirent. C’est difficile de les citer toutes, mais c’est le cas par exemple du Venezuela. Où on a vu que le peuble vénézuélien a refusé ce que l’on appelle l’article 37 au Burkina Faso. Le peuple vénézuélien a condamné la présidence à vie !

On a vu aussi qu’au niveau de la lutte contre le terrorisme international d’une façon générale, les grandes puissances aujourd’hui sont confrontées de plus en plus à des problèmes de gestion de ces crises. On aurait remarqué par exemple l’échec des Etats-unis en Irak. On a aussi remarqué que la politique française d’une façon générale avec son pré carré, avec l’avènement du président Sarkozi. On a aussi noté que la question des APE aujourd’huii divise l’Afrique et montre que l’unité africaine n’est pas pour demain !. Puisqu’on est fragilisé par des intérêts égoïstes des Etats.

Et on remarque de plus en plus que la communauté internationale dont les institutions n’arrivent pas véritablement à canaliser les aspirations fondamentales des peuples qui restent toujours en lutte pour un mieux-être, pour une quête de plus de sécurité, de plus de paix ; des peuples confrontés à la famine, à la maladie notamment du Sida et du paludisme en Afrique, où la mortalité est encore très élevée. Et enfin, aujourd’hui, je pense que ce qui manque à la communauté internationale, c’est cette quête véritable d’une démocratie, d’une liberté pour les peuples. Et je crois que l’année 2007 a été une année charnière, et comme je l’ai dit plus haut, qui dégage vraiment les perspectives pour 2008, Où il faut véritablement conserver les acquis pour 2008, et permettre que, dans un cadre où on parle de globalisation, que l’égalité entre le Nord et le Sud ne soit pas une égalité de façade ! Mais plutôt une égalité où l’Afrique en tant que continent de ressources ne soit pas seulement une vache à lait, mais qu’elle puisse avoir son mot à dire dans le concert des nations.

Donc les luttes de 2008 doivent aller vers cet objectif-là, qui est de faire en sorte que l’Afrique puisse prendre son destin en main. Je ne saurais terminer mon propos sur le plan international, sans souligner avec force, la mobilisation de la communauté internationale pour célébrer l’année Thomas Sankara. Ça n’a pas concerné seulement le Burkina, ça a concerné les Amériques, l’Europe, et tout le monde sur le continent africain.

Propos recueillis par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays

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